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Plus de 2 M$ pour la création d’une plateforme de production de vaccins contre l’influenza
L'équipe du professeur Gregory De Crescenzo obtient un appui de 2,1 millions de dollars de Médicament Québec et des entreprises Biodextris et Inspirvevax afin de renforcer l'autonomie vaccinale du Québec et du Canada. Cette subvention permettra la mise en place d’une plateforme de production vaccinale destinée à la fabrication de vaccins contre l’influenza.

Le professeur Gregory De Crescenzo (à gauche). (Photo : Thierry du Bois)
Chaque hiver amène son lot d’infections respiratoires et la possibilité qu’un variant d’influenza provoque une épidémie. Or, le Québec ne dispose actuellement pas des outils lui permettant de réagir rapidement face à l’émergence d’une nouvelle souche de ce virus.
La production des vaccins démarre dès le printemps qui précède la saison grippale au Québec. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) émet alors sa recommandation, ciblant une poignée de souches d'influenza susceptibles de se propager dans les mois qui suivent. Les prédictions de l’OMS ne s’avèrent toutefois pas toujours justes : pendant qu’on fabrique les vaccins, les virus, eux, continuent d’accumuler des mutations et d’évoluer. Et parfois, une nouvelle souche se répand plus rapidement de prévu, mettant la vie des plus vulnérables de notre société en danger.
Gregory De Crescenzo, professeur titulaire au Département de génie chimique à Polytechnique Montréal, espère corriger la situation. En collaboration avec Olivier Henry et Jing Guo, respectivement professeur titulaire et professeur adjoint au Département de génie chimique, ainsi que des scientifiques du Conseil national de recherches du Canada (CNRC), il prévoit mettre en place une plateforme de conception et de fabrication de vaccins qui allie rapidité de production et facilité de manutention.
Un vaccin intranasal, sans nécessiter d’oeufs
Les vaccins contre l’influenza fabriqués au Québec sont pour la plupart produits à partir d’oeufs de poule. La production s’étend sur au moins six mois si on prend en compte les étapes de production, de contrôle de la qualité et de distribution.
Une des alternatives à cette production repose sur l'utilisation de cellules de mammifères en cultures dites « stables » dans lesquelles on a inséré un gène du virus ciblé. Le hic, c’est que cette méthode s’avère également longue de plusieurs mois parce qu’elle requiert qu’on sélectionne d’abord une seule cellule productrice de l’antigène viral, puis qu’on la clone un nombre incalculable de fois afin de produire suffisamment de vaccins.
L’équipe montréalaise propose plutôt de travailler avec des groupes de cellules en culture, c’est-à-dire une population de cellules génétiquement modifiées, mais non clonées individuellement. Grâce à cette approche plus rapide, le groupe prévoit amener ses vaccins vers les essais précliniques en une fraction du temps requis pour les autres approches. « À partir du moment où on aura identifié le pathogène, il ne faudra que 100 jours pour produire les premiers vaccins précliniques », avance même Gregory De Crescenzo.
La vitesse de production n’est pas le seul avantage qui viendra avec la création de la plateforme. Le groupe compte également mettre en place un protocole de lyophilisation des vaccins afin qu’ils n’aient pas à être réfrigérés durant les étapes de transport et de manutention. En plus, la formulation lyophilisée permet aussi d’envisager une administration intranasale du vaccin, une approche généralement préférée par la population, notamment chez les plus petits. « On évite d’une part les piqûres, et en plus, on élimine tous les coûts et les tracas associés au maintien de la chaîne de froid pour préserver les vaccins », souligne le professeur De Crescenzo.
Une pareille plateforme pourra également s’avérer utile advenant l’éclosion d’une pandémie de grippe aviaire H5N1, selon le chercheur. Advenant une pandémie, les vaccins produits par la méthode traditionnelle risqueraient de ne pas suffire à répondre à une demande mondiale massive, tandis que les vaccins à ARN messager, eux, s’avèrent coûteux et dépendent d’une chaîne du froid fragile.
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Fiche d'expertise du professeur Gregory De Crescenzo
Fiche d’expertise du professeur Olivier Henry
Fiche d’expertise du professeur Jing Guo
Site web du Département de génie chimique