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20,5 M$ pour la biofabrication à Polytechnique Montréal

6 mai 2024 - Source : NOUVELLES

L’honorable Soraya Martinez Ferrada, ministre du Tourisme et ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, était de passage à Polytechnique Montréal aujourd’hui pour dévoiler l’initiative RAMP-UP en biofabrication, une initiative qui permettra à la fois d’assurer une production locale de médicaments biologiques et de vaccins tout en formant les prochaines générations de spécialistes dans ce domaine.

L'honorable Soraya Martinez Ferrada, ministre du Tourisme et ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, et Gregory De Crescenzo, professeur titulaire au Département de génie chimique. (Photo : Peter
L'honorable Soraya Martinez Ferrada, ministre du Tourisme et ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, et Gregory De Crescenzo, professeur titulaire au Département de génie chimique. (Photo : Peter McCabe, La Presse canadienne)


La pandémie de COVID-19 a révélé une multitude de failles dans la capacité du Canada à contrer rapidement l’éclosion d’une pandémie. Parmi elles, on compte la rareté des infrastructures de production de vaccins, mais aussi le faible nombre de scientifiques capables de gérer la fabrication de produits biopharmaceutiques à grande échelle.

Gregory De Crescenzo, professeur titulaire au Département de génie chimique de Polytechnique Montréal, espère contribuer à ce que l’histoire ne se répète pas en créant RAMP-UP, une initiative qui reçoit aujourd’hui un appui de 20,5 millions de dollars du Fonds de recherche biomédicale du Canada et du Fonds d’infrastructure et recherche en sciences biologiques dans le cadre d’investissements de près de 574 millions de dollars dans différents projets à l’échelle du pays.

Le projet implique des partenaires de l’Université de Montréal, de l’Université Laval, du Conseil national de recherches du Canada (CNRC) ainsi que des acteurs clés des centres collégiaux de transfert de technologie (CERASP, TransBioTech) et du secteur industriel de la biofabrication. 

Le regroupement a pour objectif de mettre en place une série de plateformes pour garantir la production de vaccins formulés rapidement après l’identification d’une protéine cible afin d’amorcer des essais cliniques. En plus d’établir des lignées cellulaires pour fabriquer des produits biologiques, le groupe développera des bioprocédés évolutifs et les protocoles analytiques qui viennent avec afin de contrôler la qualité du produit à chaque étape. À terme, sa capacité de production à grande échelle et son savoir-faire lui permettront de produire de manière fiable des produits biologiques formulés pour les Canadiens.

« Les projets que nous appuyons aujourd’hui renforceront la capacité d’approvisionnement en médicaments, vaccins et produits thérapeutiques au profit de la population canadienne », a indiqué la ministre Martinez Ferrada dans un communiqué diffusé en marge de l’événement. « Les collaborations entre les pôles de recherche, les établissements d’enseignement postsecondaire et les hôpitaux de recherche favoriseront les innovations dans tout le pays. Grâce au travail de scientifiques d’expérience mené dans des établissements à la fine pointe de l’innovation, le Canada sera prêt à répondre aux priorités futures en matière de santé. »

RAMP-UP veillera en parallèle à préparer la relève de demain dans le domaine de la biofabrication, et ce, à tous les stades de la recherche biopharmaceutique : de l’identification des cibles à la génération des lignées cellulaires, en portant une attention particulière à la mise à l’échelle des procédés de fabrication de produits biopharmaceutiques. Pour ce faire, il misera notamment sur le programme de formation en ingénierie des procédés pour les nanomédicaments émergents (Process Engineering of Emerging Nano-Medicines, ou PrEEmiuM en anglais) qui permet déjà à des stagiaires de la région de Montréal de développer des compétences de collaboration interdisciplinaire et intersectorielle, pour éviter le travail en silo qui a par le passé caractérisé le secteur biopharmaceutique.

« Tous les maillons de la chaîne sont importants, et le travail de chacun est interrelié, explique le professeur De Crescenzo. Des biochimistes et biologistes cellulaires se concentrent sur les premières étapes d’identification, puis des ingénieurs gèrent les autres étapes comme celle de la mise à l’échelle de la production et celle du contrôle de la qualité. »

RAMP-UP travaillera aussi en étroite collaboration avec ses partenaires pour optimiser le transfert de technologies vers le marché afin de raccourcir le chemin qui sépare une découverte de sa commercialisation. Le groupe appuiera notamment son travail sur des équipements spécialisés obtenus grâce à un appui de 11,7 M$ de la Fondation canadienne pour l’innovation (FCI), du gouvernement du Québec et des partenaires d’un projet consacré au développement de biomatériaux qui s’ajoute au soutien de 20,5 M$ du Fonds de recherche biomédicale du Canada et du Fonds d’infrastructure et recherche en sciences biologiques.

Un accent sur les protéines

Au cours des dernières décennies, l’industrie biopharmaceutique a accéléré le développement de nouveaux agents thérapeutiques utilisant des cellules comme usines de fabrication. Au lieu de synthétiser de petites molécules par des réactions chimiques, on laisse plutôt le soin à des cellules de fabriquer des peptides, des protéines ou des particules virales capables d’agir comme un médicament ou, dans le cas d’un vaccin, d’induire une réponse immunitaire.

Cette façon de produire des médicaments vient toutefois avec son lot de zones d’ombres. En plus de maintenir une température uniforme dans les bioréacteurs, les scientifiques doivent contrôler le pH, la vitesse d’agitation des cellules en culture et la disponibilité de l’oxygène et des nutriments parmi quantité d’autres variables. « On travaille avec du vivant et il faut identifier à chaque fois les conditions optimales de culture des cellules, explique le professeur De Crescenzo. On souhaite non seulement optimiser la productivité des cellules, mais aussi la fonctionnalité et la stabilité des protéines qu’elles fabriquent. C’est tout un casse-tête. »

À ces défis s’ajoute celui de la mise à l’échelle pour envisager une production de masse. « Bien souvent, on ne peut pas simplement procéder à une règle de trois pour ajuster chaque paramètre en fonction du volume de culture qui est plus grand, et c’est là que le travail d’un ingénieur devient particulièrement précieux, ajoute Gregory De Crescenzo. Le défi pour nous, c’est d’identifier des conditions propices et de les maintenir les plus homogènes possibles, quelle que soit l’échelle de production. »


Maud Cohen, Roseann O'Reilly Runte, Gregory De Crescenzo, l'honorable Soraya Martinez Ferrada, Valérie Laflamme, Jérôme Estaquier, Yves Joanette et Caroline Quach. (Photo : Peter McCabe, La Presse canadienne)
De gauche à droite : Maud Cohen, directrice générale de Polytechnique Montréal; Roseann O'Reilly Runte, présidente-directrice générale de la Fondation canadienne pour l'innovation; Gregory De Crescenzo, professeur titulaire au Département de génie chimique; l'honorable Soraya Martinez Ferrada, ministre du Tourisme et ministre responsable de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec; Valérie Laflamme, vice-présidente associée du Secrétariat des programmes interorganismes à l’intention des établissements (SPIIE); Jérôme Estaquier, professeur titulaire à la Faculté de médecine de l'Université Laval; Yves Joanette, vice-recteur adjoint à la recherche, à l'Université de Montréal; Caroline Quach, professeure titulaire à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal. (Photo : Peter McCabe, La Presse canadienne)


En savoir plus

Fiche d'expertise du professeur Gregory De Crescenzo
Site du Département de génie chimique

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