Avec une myriade de bourses et de prix d'excellence récoltés et sa maîtrise en génie civil bientôt achevée, Jad Albasha incarne la réussite étudiante. Derrière ces succès se cache une histoire de résilience et de coups de pouce philanthropiques qui lui ont ouvert la voie vers un avenir rempli de promesses.

 

Quand la vie bascule

Il y a des destins qui exigent de savoir recommencer à zéro. Celui de Jad Albasha en est l'illustration. Étudiant en génie à l'Université d'Alep, où il achevait sa quatrième année, il a dû tout abandonner en 2016 alors que la guerre ravageait la Syrie.

« Parti dans l'urgence, je n'avais pas eu le temps de préparer mon dossier pour l'équivalence de mes études », raconte-t-il. Ce qui signifiait devoir reprendre tout depuis le début, au cégep, dans une langue qu'il connaissait très mal.

« Les cours de francisation que j’avais suivis à mon arrivée m’aidaient à me débrouiller dans le quotidien, mais imaginez suivre un cours de philosophie ou de littérature française quand on ne maîtrise pas la langue ! », s’esclaffe-t-il. Pourtant, non seulement il termine ses études collégiales avec une impressionnante cote R de 34,3, mais il se voit même proposer de devenir tuteur de français. Une belle revanche sur l'adversité, servie par une patience et une persévérance qui semblent inépuisables.

L'envol à Polytechnique

En entamant son baccalauréat en génie civil, Jad découvre la richesse de la vie étudiante de Polytechnique Montréal. « Au cégep, je n'avais pas osé lever le nez de mes livres. Cette fois, j’étais décidé à vivre pleinement mon expérience étudiante. » Autant que ses excellents résultats, son implication dans divers comités contribue à son épanouissement.  

Une quinzaine de distinctions d’excellence jalonnent son parcours. « Sans elles, je n'aurais jamais pu m'impliquer autant », confie-t-il. Plus qu'un simple soutien financier, ces bourses et ces prix lui insufflent en effet la confiance nécessaire pour déployer ses ailes.

Son baccalauréat en génie civil obtenu avec une moyenne de 3,9 sur 4,0, il poursuit à Polytechnique avec une maîtrise recherche, consacrée à l’étude de la stabilité des barrages en béton. Un sujet qui fait écho à sa propre histoire : comme ces structures massives, il a su résister aux turbulences et rester debout.

Au début de sa maîtrise, la pression financière nourrit son anxiété. « Malgré l’aide financière que mon directeur de recherche, le P^r Pierre Léger, avait pu m’apporter, ma dette d’études pesait lourdement. » C’est alors que l’obtention d’une prestigieuse bourse de la Fondation Arbour vient éclaircir son horizon.

« Cette bourse m’a ôté beaucoup de stress et m’a permis de me concentrer sur mes études. Je remercie le P^r Léger et mon codirecteur de recherche, le P^r Mahdi Ben Ftima, ainsi que les employés du Service aux étudiants, qui m'ont généreusement fourni des lettres de recommandation. Sans ces lettres, je n'aurais jamais pu postuler pour des bourses », témoigne Jad avec une profonde reconnaissance.

La transmission comme philosophie

Cette bourse se double d’un autre trésor : la relation privilégiée qu'elle lui offre avec son mentor, André Monette, ingénieur principal et ancien dirigeant de grandes entreprises. Une transmission qui nourrit chez Jad une nouvelle philosophie de vie.

« Un acte philanthropique change la vie de celui qui le reçoit, mais a aussi un impact pour le donateur, en créant un lien solide entre celui-ci et la relève. » Une conviction qu'il compte bien mettre en pratique : diplômé dans peu de temps et s’apprêtant à entrer en entreprise, il projette déjà de devenir mentor à son tour.

Il rêve en effet de contribuer à créer une culture d'entraide dans la société. « Un acte philanthropique, même modeste, ce n’est jamais “peu” pour celui qui en bénéficie », conclut-il.