Nouvelles
Quand le risque zéro n'existe pas : lancement du livre Stratégies logistiques et matières dangereuses.
Un ouvrage collectif qui met en lumière diverses problématiques et des recommandations dans le domaine des chaînes logistiques de matières dangereuses pour une approche globale de la gestion des risques.
Polytechnique Montréal, le Département de mathématiques et de génie industriel, les Presses internationales Polytechnique et le CIRANO lancent ce soir à Polytechnique l'ouvrage Stratégies logistiques et matières
dangereuses écrit sous la direction de Nathalie de Marcellis-Warin, professeure agrégée, Département de
mathématiques et de génie industriel, Polytechnique Montréal, et vice-présidente des groupes RISQUES et DÉVELOPPEMENT DURABLE,
CIRANO, Martin Trépanier, professeur titulaire, Département de mathématiques et de génie industriel, Polytechnique Montréal, et
Ingrid Peignier, directrice de projet groupe RISQUES, CIRANO.
Fruit de projets de recherche depuis plus de cinq ans avec de nombreux chercheurs et praticiens possédant des expertises
complémentaires, l'ouvrage Stratégies logistiques et matières dangereuses dresse un portrait des
industries fabriquant, utilisant, stockant ou transportant des matières dangereuses (MD) au Québec et de
l'environnement qui les entoure. Il propose des recommandations quant à différentes problématiques reliées aux MD concernant la
réglementation des activités reliées aux MD, les bases de données d'accidents impliquant des MD, les pratiques des entreprises
fabriquant, utilisant ou transportant des MD, et l'aménagement du territoire.
Alors que les entreprises cherchent à maximiser l'efficacité de leurs chaînes logistiques pour améliorer leur rentabilité,
celles qui œuvrent avec des matières dangereuses ont un défi supplémentaire : elles doivent prendre en compte les risques
potentiels de ces substances pour les travailleurs, la population et l'environnement, et ce, à chacun des maillons de leur
chaîne. Elles doivent donc intégrer la gestion des risques à leur processus de décisions logistiques et d'opération dans un
contexte réglementaire souvent complexe. Le livre propose donc une mise en contexte de la thématique des MD en présentant les
différents types de MD et leurs dangers respectifs.
Pour de meilleures pratiques dans
l'industrie
L'ensemble des pratiques que les différents acteurs de la chaîne logistique doivent adopter
afin de réaliser leurs opérations est mis en lumière par les auteurs. Au travers de l'analyse des résultats de deux enquêtes
réalisées au Québec par le CIRANO (la première en 2008, auprès des sites fixes des entreprises stockant, utilisant ou
produisant des MD et la deuxième, fin 2009, auprès des transporteurs de MD), le lecteur pourra ainsi mieux cerner les facteurs
qui déterminent les choix logistiques des entreprises et identifier les pratiques organisationnelles de sécurité les plus
utilisées au Québec.
« Bien que certaines entreprises se montrent particulièrement soucieuses de la sécurité et adoptent des pratiques qui vont même au-delà des réglementations en vigueur pour la formation ou la sous-traitance par exemple, un travail de sensibilisation reste à faire », souligne Ingrid Peignier. « Les enquêtes montrent que les transporteurs semblent sous-estimer le risque associé aux différentes phases du transport. Près de 80 % des transporteurs considèrent que la phase la plus à risque est celle du transport lui-même, alors que les statistiques d'accidents au Canada montrent qu'il y a deux fois plus d'accidents pendant le chargement ou le déchargement que pendant le transport ».
Des études pour faciliter l'implantation de mesures de réduction de
risque
Le risque zéro n'existe pas lorsque l'on traite de MD et une analyse des bases de données
nord-américaines d'accidents impliquant des MD rapporte effectivement qu'en 2009, il y a eu au Canada 78 accidents reliés au
transport routier de MD (représentant 24 % du total des accidents de MD à déclaration obligatoire), 5 reliés au transport
ferroviaire (2 % du total des accidents) et 242 accidents (74 % du total des accidents) survenus aux installations (terminaux,
ports, entrepôts, etc.) au moment des activités de manutention, chargement et déchargement des MD.
« L'analyse des données d'accidents permet de mieux comprendre les causes et les conséquences de tels événements, mais soulève également l'importance de la problématique de la localisation des sites fixes et de l'entreposage. Le choix d'emplacement d'un site doit être étudié avec soin, puisque les répercussions d'un accident industriel peuvent être catastrophiques », affirme Martin Trépanier. « En tenant uniquement compte du risque, on tendrait à éloigner l'usine des zones urbaines, mais cela augmenterait peu à peu la distance à parcourir pour l'approvisionnement ou la distribution des marchandises. Il faut donc faire un arbitrage entre ces deux éléments et chercher à la fois à minimiser le niveau global de risque et assurer l'équité sur le territoire pour ramener le risque à un niveau acceptable. »
De gauche à droite : Christophe Guy, directeur général, Polytechnique Montréal, Ingrid Peignier, directrice de projet groupe RISQUES, CIRANO, Martin Trépanier, professeur titulaire, Département de mathématiques et de génie industriel, Polytechnique Montréal, Nathalie de Marcellis-Warin, professeure agrégée, Département de mathématiques et de génie industriel, Polytechnique Montréal, et vice-présidente des groupes RISQUES et DÉVELOPPEMENT DURABLE, CIRANO, Claude Montmarquette, président-directeur général, CIRANO, Virginie Vendange, directrice des Presses Internationales Polytechnique et Gilles Savard, directeur de la recherche et de l'innovation, Polytechnique Montréal.
Une prise en compte globale de la chaîne logistique
«
Actuellement, le transport et le stockage de matières dangereuses font l'objet d'évaluations des risques de façon séparée
basées sur des méthodes propres et sont soumises à des réglementations en silos. Il en ressort des mesures de maîtrise du
risque indépendantes alors que les deux activités sont liées tout le long de la chaîne logistique. Nos constats montrent
clairement l'importance de prendre en compte globalement les risques liés non seulement au stockage, mais aussi au
transport », rappelle Nathalie de Marcellis-Warin.
Dans le cadre des projets de recherche sur les stratégies logistiques des MD, de nombreux étudiants de maîtrise, doctorat et postdoctorat ont été formés (11 étudiants aux études supérieures) et un grand nombre d'étudiants ont suivi les cours à Polytechnique Montréal ou à l'Université de Montréal. Plus d'une vingtaine de conférences ont été données sur le sujet.
L'ouvrage est disponible sur le site des Presses Internationales Polytechnique.
Voir aussi :
Fiche d'expertise de Nathalie de Marcellis-Warin
Fiche d'expertise de Martin Trépanier