Polytechnique Montréal s’applique à créer un environnement toujours plus inclusif et durable. Reconnue pour cultiver l’égalité des genres, l’université d’ingénierie est très convoitée par les étudiantes. En 2020, elle honorait d’ailleurs avec 10 ans d’avance l’objectif fixé par Ingénieurs Canada d’atteindre 30 % d’ingénieures en 2030.

L’engagement de l’institution en faveur de l’équité implique de reconnaître les barrières spécifiques à la réussite et au bien-être qui pèsent sur les membres de sa communauté. La gestion des menstruations figure au nombre de ces barrières. « Longtemps occultée, l’expérience menstruelle est un aspect normal, mais néanmoins important de la vie étudiante. Cela peut nuire à la performance académique, notamment en compromettant la présence en classe, ou en perturbant la concentration et la participation », précise Joséanne Bélanger-Gravel, conseillère en développement durable.

Agir à cet égard permet de réduire les préoccupations et l’inconfort subis chaque mois par environ 3 900 polytechniciennes (étudiantes et membres du personnel et du corps enseignant). « Le projet s’inscrit naturellement dans la dynamique d’amélioration continue qu’entretient Polytechnique Montréal pour soutenir le talent féminin. L’accès aux produits hygiéniques est bien sûr un enjeu, mais nous jugeons nécessaire de développer des solutions surpassant la seule distribution de produits jetables. C’est pourquoi nous déployons des mesures complémentaires, en priorisant les options à plus faible impact écologique et en adaptant nos infrastructures pour en favoriser l’adoption. Nous espérons également faire évoluer l’initiative progressivement, de façon à ce que personne ne soit désavantagé ou marginalisé en raison de leur menstruation », poursuit-elle.

De la reconnaissance à l’action

En 2021, un groupe étudiant avait pris les devants en matière de sensibilisation, en orchestrant une campagne pour déstigmatiser les menstruations sur le campus. Depuis, des discussions ouvertes ont émané d’une série d’événements, soutenus par le Fonds pour des initiatives durables et organisés par les étudiantes Viviane Ung-In et Alice Le Moël. En soulevant le sujet sous différents angles (déconstruction des tabous, analyse du cycle de vie des produits, équité, options réutilisables, etc.), les échanges issus de ces conférences, tables rondes et kiosques d’information ont contribué à jeter les bases du projet actuel.

Distribution de produits menstruels réutilisables

Alors que les options réutilisables détenaient moins de 5 % des parts de marché canadien en 2020¹, Polytechnique vise un taux d’adoption de 8 % dès la première phase de son initiative. Déjà, un peu plus de 300 articles réutilisables, incluant disques, coupes et culottes menstruelles, ont été rendus disponibles gratuitement. Le coup d’envoi de la distribution a été donné avec la tenue d’un kiosque, animé par les détaillants des produits; une occasion de s’enquérir de conseils et d’informations utiles.

Le souhait d’encourager la pensée environnementale dans le choix des protections hygiéniques a d’ailleurs conduit le Bureau du développement durable et sociétal à soumettre un cas d’étude en classe. L’exercice : examiner les impacts d'une coupe réutilisable par rapport à ceux d'une serviette jetable. Un groupe d’étudiants et d’étudiantes s’y sont penché dans le cadre du cours Analyse du cycle de vie (DDI8003), à l’hiver 2024. Selon les résultats préliminaires de leur travail de session, la coupe présenterait plusieurs avantages environnementaux par rapport à la serviette, notamment en matière d’empreinte carbone, de consommation d’énergie, et de dommages causés aux écosystèmes. Remerciements à l’équipe derrière l’analyse : Bilal Eido, Eutyche Makobo, Bich-Lien Phan et Rafaela Spillebeen.

Installations sanitaires privées et adaptées

Sachant que l’équité menstruelle concerne aussi l’accès à des installations adéquates, le deuxième volet de l’initiative s’y attarde.

À l’automne 2023, 96 % des répondantes à un sondage de Polytechnique ont exprimé leur accord avec l’affirmation « pouvoir rincer sa coupe menstruelle de manière privée est une condition essentielle à son utilisation ». Ce sondage visait à recueillir les commentaires quant au premier lavabo-prototype intégré directement dans une cabine de toilette (C-244). Le succès de cette solution est tel que l’université d’ingénierie s’est engagée à la répliquer. Ainsi, dans les prochaines années, un total de 10 dispositifs privés de nettoyage offriront à toute la communauté un cadre propice à l’utilisation régulière et sécuritaire de la coupe ou du disque. Ces améliorations aux infrastructures consolideront progressivement un environnement qui normalise les soins menstruels en toute dignité.

Offre en libre accès de produits menstruels de dépannage

Alors que la précarité menstruelle touche jusqu’à 34 % des personnes qui ont leurs règles au Québec2, le troisième volet de l’initiative assure un accès équitable aux produits hygiéniques sur le campus polytechnicien. Grâce à un projet pilote, tampons, protèges-dessous et serviettes à usage unique sont désormais disponibles gratuitement sur tous les étages des pavillons Lassonde et principal. Au total, 13 salles de bains sont munies d’une distributrice. Inspiré par la communauté étudiante, ce projet est rendu possible grâce à la coordination du Bureau du développement durable et sociétal et la collaboration du Service des ressources humaines, de la Direction de la recherche et de l'innovation, du Service des immeubles, de la Direction du développement du campus, du Service aux étudiants de Polytechnique et de Coopoly.

¹ Selon une étude de marché internationale sur les produits menstruels, réalisée par Markets and Markets. Faciliter l’accès aux produits menstruels: mesures possibles, Conseil du statut de la femme, 2021
² Selon différentes études, les personnes affectées se voient contraintes de choisir entre l’achat de produits menstruels et celui d’autres produits essentiels, ou de sacrifier d’autres dépenses pour être en mesure de se procurer ces produits. Faciliter l’accès aux produits menstruels: mesures possibles, Conseil du statut de la femme, 2021