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Édith Ducharme, cinquième lauréate de l'Ordre de la rose blanche
C’est avec une fierté teintée d’émotion que la direction de Polytechnique Montréal décerne aujourd’hui, 30 années après le drame du 6 décembre 1989, l’Ordre de la rose blanche à Édith Ducharme, diplômée en génie physique de l’Université Laval. L’Ordre de la rose blanche a été institué par Polytechnique en 2014, en hommage aux victimes des événements du 6 décembre 1989. Assorti d’une bourse de 30 000 $, il est décerné annuellement à une étudiante canadienne en génie qui désire poursuivre ses études aux cycles supérieurs dans ce domaine, au Canada ou ailleurs dans le monde.

Édith Ducharme, cinquième lauréate de l’Ordre de la rose blanche. (Photo : Denis Bernier)
L’importance de promouvoir des modèles féminins en génie et en sciences
Cette année, la remise de l’Ordre de la rose blanche à Édith Ducharme a lieu en présence de trois lauréates des années passées : Liane Bernstein, doctorante au Massachusetts Institute of Technology, Ella Thomson, doctorante en génie électrique à l’Université Stanford et Viviane Aubin, étudiante à la maîtrise en génie énergétique à Polytechnique.
En réunissant ces boursières de l’Ordre, Polytechnique Montréal met en lumière les ambitions de ces jeunes femmes qui portent haut le flambeau du génie et les présente comme des modèles inspirants pour les jeunes filles qui rêvent d’étudier dans ce domaine. Cet objectif trouve un écho dans les propos d’Édith Ducharme, qui témoigne que son choix de faire des études en génie physique n’est pas le fruit d’un processus spontané, car elle a manqué de modèles. « Je me suis dit que la meilleure façon de redonner au suivant, c’était de veiller à devenir le modèle que j’aurais voulu avoir. L’Ordre de la rose blanche est un solide pas dans cette direction. »
Mentionnant les femmes d’exception qui ont joué ensuite un rôle déterminant dans sa formation d’ingénieure, telles que la Pre Claire Deschênes, de l’Université Laval, la Pre Eve Langelier, de l’Université de Sherbrooke, ou encore la Pre Caroline Boudoux, qui dirige désormais ses études à Polytechnique Montréal, l’étudiante souligne : « Je crois en ces modèles féminins. Je voudrais un jour leur ressembler afin de conférer à d’autres l’élan souvent nécessaire pour devenir ingénieure ».
Une lauréate guidée par la recherche du parfait équilibre
Si la curiosité d’Édith Ducharme pour les sciences a été éveillée à l’occasion de séjours annuels dans un camp scientifique, c’est sa passion pour la musique qui a paradoxalement poussé cette pianiste accomplie à comprendre et à manipuler les phénomènes physiques. « C’est un reportage télévisé sur l’orgue de la Maison symphonique qui m’a donné le coup de pouce dont j’avais besoin pour m’inscrire en génie physique », nous dit-elle.
Elle a entrepris ses études de baccalauréat en génie physique, avec une concentration en génie médical et biophotonique, à l’Université Laval en 2015. Se préoccupant de plus en plus de la représentation des femmes en sciences, elle s’est jointe à l’équipe de la Chaire de leadership en enseignement – Femmes et organisations, en tant qu’auxiliaire de recherche de premier cycle. Elle a notamment organisé de sa propre initiative plusieurs événements qui avaient pour but d’encourager la présence des femmes en génie.
Parallèlement, elle s’est engagée dans la voie de la recherche en optique, d’abord comme auxiliaire de recherche de premier cycle, au Centre d’optique, photonique et laser de l’Université Laval, en 2017. Elle a ensuite été stagiaire à Polytechnique Montréal, en 2018, dans le groupe de la Pre Caroline Boudoux, et, l’année suivante, au sein de Castor Optics, entreprise cofondée par cette même professeure. La collaboration avec Caroline Boudoux s’avère déterminante, Édith Ducharme s’étant inscrite cette année à Polytechnique pour faire une maîtrise recherche en génie physique sous sa direction. Ses travaux visent la mise au point d’un système optique qui permettrait des thérapies laser à l’efficacité d’ablation environ 2 000 fois plus élevée que celle de la silice actuellement utilisée, ce qui constituerait une avancée majeure pour la chirurgie médicale.
Bien que ses études la captivent, Édith Ducharme tient à les concilier avec son engagement social et sa passion pour la musique. « Je suis quelqu’un de multidisciplinaire. Je sens qu’on va de plus en plus vers ce type de collaboration, mais en ce moment, les critères d’excellence définis par les organismes subventionnaires ne reflètent pas ça », analyse-t-elle, admettant sans ambages avoir tardé au début de son baccalauréat à atteindre sa vitesse de croisière. « C’est important de valoriser des parcours d’étudiants et d’étudiantes qui ont développé des intérêts divers, même s’ils ont de moins bonnes notes », affirme-t-elle, fière aujourd’hui de sa réussite et de l’équilibre qu’elle a trouvé dans son cheminement universitaire.

De gauche à droite : Nathalie Provost, survivante du 6 décembre 1989 et marraine de l’Ordre de la rose blanche; Édith Ducharme, cinquième lauréate de l’Ordre de la rose blanche; Michèle Thibodeau-DeGuire, présidente du conseil d'administration de Polytechnique Montréal, présidente du jury de l’Ordre de la rose blanche et marraine de l’Ordre de la rose blanche; Philippe A. Tanguy, directeur général de Polytechnique Montréal. (Photo : Denis Bernier)
Encourager l’épanouissement des femmes en génie, loin des stéréotypes
L’aspiration d’Édith Ducharme à l’équilibre et à un cheminement universitaire et professionnel porteur de sens est partagée par un grand nombre de femmes. Polytechnique est consciente qu’il s’agit d’un facteur déterminant pour l’épanouissement du leadership féminin dans l’univers du génie et poursuit ses efforts en ce sens, avec des résultats encourageants. Ainsi, alors qu’en 1989, la proportion d’étudiantes à Polytechnique était de 17 %, aujourd’hui, elle s’élève à plus de 28 %. Polytechnique s’illustre à cet égard comme l’un des établissements canadiens les plus proches d’atteindre l’objectif d’Ingénieurs Canada, soit que 30 % des nouveaux ingénieurs soient des femmes en 2030.
Michèle Thibodeau-DeGuire, présidente du conseil d’administration de Polytechnique Montréal, présidente du comité de sélection et marraine de l’Ordre de la rose blanche, estime que « le parcours d’Édith Ducharme contribue à casser les stéréotypes et à valoriser la diversité dans l’ingénierie ».
« Être marraine de l’Ordre la rose blanche me permet de m’assurer que le rayonnement des femmes en génie va en grandissant, et je me réjouis de constater que c’est le cas. Cette année, devant les réalisations exemplaires d’Édith Ducharme et de ses quatre prédécesseures, j’ai encore pu mesurer la richesse que les femmes ingénieures et scientifiques sont capables d’apporter à la société », témoigne pour sa part la diplômée Nathalie Provost, qui a été blessée durant le drame du 6 décembre 1989.
Le comité de sélection de l’Ordre de la rose blanche était constitué de personnalités remarquables du monde canadien de l’enseignement supérieur, à savoir :
Kevin J. Deluzio, doyen de la Faculté de génie et de science appliquée, Université Queen’s
Patrik Doucet, doyen de la Faculté de génie, Université de Sherbrooke
John Newhook, doyen de la Faculté de génie, Université Dalhousie
Peter Wild, doyen de la Faculté de génie, Université de Victoria
Christopher Yip, doyen de la Faculté de science appliquée et de génie, Université de Toronto

De gauche à droite : Philippe A. Tanguy, directeur général de Polytechnique Montréal; Nathalie Provost, survivante du 6 décembre 1989 et marraine de l’Ordre de la rose blanche; Édith Ducharme, cinquième lauréate de l’Ordre de la rose blanche; Viviane Aubin, quatrième lauréate de l’Ordre; Liane Bernstein, deuxième lauréate de l’Ordre; Ella Thomson, troisième lauréate de l’Ordre; Michèle Thibodeau-DeGuire, présidente du conseil d'administration de Polytechnique Montréal, présidente du jury de l’Ordre de la rose blanche et marraine de l’Ordre de la rose blanche. (Photo : Denis Bernier)
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