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Refroidir le cœur brûlant des processeurs

Par Catherine Florès
21 novembre 2024 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Automne 2024)
21 novembre 2024 - Source : Magazine Poly
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Mélanie Beauchemin, diplômée chez Google


Mélanie Beauchemin, Po 97, génie mécanique, a troqué son rêve aérospatial contre un défi tout aussi vertigineux : depuis les entrailles de Google, elle veille au refroidissement des composants électroniques qui influencent notre univers numérique.

Vers des horizons inattendus

« J'étais motivée pour travailler dans l’industrie aérospatiale, confie Mme Beauchemin. J’avais choisi à cet effet l’orientation Technologies aérospatiales au baccalauréat. Ensuite, je suis partie faire une maîtrise en sciences appliquées en aérospatiale à l’Université de Toronto. »

Sa maîtrise obtenue, elle est engagée chez Pratt & Whitney. Son chemin semble alors bien tracé, mais la vie, tel un algorithme capricieux, change radicalement sa trajectoire. « Mon conjoint s’est vu offrir un poste dans la Silicon Valley. Nous avons décidé de saisir cette occasion de découvrir un nouvel environnement. »

Une prise de risque qui, au départ, lui demande un sacrifice professionnel : faute d’avoir la citoyenneté américaine, les portes de l’industrie aérospatiale aux États-Unis lui sont fermées. « En attendant que mon horizon s’éclaircisse, je me suis inscrite à la San José State University, pour une maîtrise en génie mécanique. »

Dans cette formation, elle découvre le domaine des transferts de chaleur dans les composants électroniques. « Cela a été un match parfait! Toutes mes connaissances en transfert de chaleur et en dynamique des fluides pouvaient être appliquées dans ce domaine déterminant pour la Silicon Valley, où la gestion thermique des microprocesseurs est un enjeu capital. » Un stage dans une entreprise de logiciels spécialisés dans la gestion du refroidissement de l’électronique lui servira de tremplin. « Le patron de cette entreprise a été par la suite engagé chez Google, pour créer le service d’ingénierie des transferts de chaleur. Un an plus tard, en 2006, il a fait appel à moi. » Depuis, elle est demeurée dans cette équipe.

Au cœur de l'innovation chez Google

Cette stabilité professionnelle n’est aucunement synonyme de routine. Au quotidien, Mme Beauchemin mène un combat constant contre la chaleur générée par des processeurs toujours plus puissants. « Depuis cinq ans, l'augmentation de la puissance des composants électroniques nous demande de repousser sans cesse les limites des systèmes de refroidissement. »

Mais Mme Beauchemin s'épanouit au milieu de cette complexité croissante. « C’est passionnant. J'apprends chaque jour. Je dois aussi m’adapter à l’évolution de notre équipe et de ses objectifs. À nos débuts, nous travaillions surtout pour répondre aux besoins internes de Google. Mais depuis le développement de l’infonuagique, nous devons aussi répondre aux besoins spécifiques de clients externes. » Sans compter que travailler chez Google implique d'apprendre à communiquer avec des programmeurs. « Comprendre leur jargon était un défi! »

Naviguer dans un monde multiculturel

Chez Google, l’innovation ne connaît pas de frontières. Ses équipes sont de plus en plus multiculturelles, et celle de Mme Beauchemin ne fait pas exception. « Aujourd’hui, une seule personne de mon groupe est native des États-Unis. De plus, nos partenaires sont dispersés sur tout le globe. Cela m’a appris à adapter ma communication selon les cultures, et aussi à jongler avec les fuseaux horaires. »

Sa capacité à travailler en équipe, elle la doit en partie à sa formation d’ingénieure, souligne-t-elle. « Les travaux d’équipe m’ont initiée aux dynamiques humaines, tout aussi importantes que les compétences techniques. »

L’avenir de l’innovation passe par la durabilité

En Californie, où elle constate au quotidien les effets dévastateurs des changements climatiques, entre sécheresses et feux de forêt, Mélanie Beauchemin réfléchit à son propre impact, que ce soit dans sa vie personnelle ou professionnelle. « En arrivant ici, nous pensions que les tremblements de terre étaient la plus grande menace. Mais aujourd’hui, ce sont la sécheresse et les feux qui bouleversent nos vies. Alors, nous faisons attention à minimiser l’éclairage et à optimiser l'utilisation de ressources. »

Elle continue de scruter l’horizon, consciente des enjeux qui attendent l’industrie. « La question de la consommation énergétique et du refroidissement des équipements électroniques est cruciale. Nous devons innover, non seulement pour gérer nos défis techniques, mais aussi pour avoir un impact positif sur l’environnement. » Dans ce monde en surchauffe, elle sait que chaque degré compte.

 

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