Groupe de recherche GMT

Les vallées verdoyantes à la sortie du tunnel? Le professeur Marcelin Joanis, économiste et responsable du Groupe GMT, réagit au budget Leitão

3 avril 2017


On a souvent promis que la rigueur budgétaire nous mènerait éventuellement vers des « vallées verdoyantes », pour reprendre une image marquante de Bernard Landry. Depuis 20 ans, tant les gouvernements péquistes que libéraux ont mis l’accent sur l’importance de l’équilibre budgétaire et la réduction de la dette.

Au risque parfois d’aller trop loin, avec des conséquences déplorables dans certains services (les CPE notamment). Les surplus de l’an dernier (2,2 milliards en 2015-2016) auront révélé qu’il n’était pas nécessaire d’appuyer si lourdement sur la pédale de frein ces années-ci. L’effort aura aussi été par moments trop timide. On n’avait probablement pas suffisamment tiré profit de la décennie et demie de croissance ininterrompue qui a précédé le coup de frein donné par la grande récession en 2008.

Mais au net, le Québec aura réussi en 20 ans un retournement de situation semblable à celui qui avait permis au gouvernement fédéral, dans les années 90, de passer du statut de cancre du G7 à celui d’élève modèle.

Il est d’autant plus remarquable que le Québec ait réussi ce retournement malgré une fédération toujours marquée par le déséquilibre fiscal. Lorsque l’on compare les derniers budgets d’Ottawa et de Québec, à une semaine d’intervalle, on ne peut qu’être frappé par la solidité apparente du cadre financier de Québec.

L’économie mondiale tourne pourtant au ralenti, reflet d’un monde chargé d’incertitude géopolitique. Bien que l’on se félicite d’une croissance économique de 1,7 % en 2016 et 2017, enfin plus élevée que la moyenne de 1,2 % des années précédentes, nous demeurons dans une période de croissance résolument faible selon les standards historiques.

Source : La Presse+ , le 25 mars 2017