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Profil d'entrepreneurs - Arista Foods : L’écoresponsabilité alimentaire grâce aux insectes

28 octobre 2016 - Source : NOUVELLES

Soucieux de promouvoir des habitudes de consommation écoresponsables, l’entrepreneur technologique Jean-Philippe Bisson développe des pâtes alimentaires qui sont faites de farines de grillons et de blé entier.

L’apport en protéines provient souvent de la viande animale lors de la confection des repas en Amérique du Nord. Or, la chaîne de production de cette viande a des impacts importants sur l’environnement en matière d’utilisation de ressources, d’espace, d’eau et d’énergie. Pourtant, ailleurs sur la planète, des millions de gens ingèrent leurs protéines essentielles par le biais… des insectes.

De Jean-Philippe Bisson, on pourrait dire que l’idée, tout comme l’appétit, vient en mangeant. Pendant une orientation en développement durable, durant son baccalauréat en génie géologique à Polytechnique en 2015, il s’est intéressé aux sources de protéines en rechange à la viande et comme variante aux aliments tels que le tofu et les légumineuses. À la lecture d’un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, où l’on soulignait les impacts environnementaux moindres de la consommation d’insectes, il s’est donné le défi de trouver comment en faire manger aux Québécois.

« Manger des insectes ne fait pas partie de la culture ici, alors qu’on en mange couramment en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique. Le défi était de trouver un moyen d’intégrer de la farine d’insectes à un aliment transformé pour s’adapter au marché local », constate M. Bisson.

Il a porté alors son attention sur les pâtes alimentaires, puis sur le grillon, qui est susceptible d’avoir une meilleure acceptation que d’autres insectes de la part des mangeurs. Après avoir essayé de faire des pâtes uniquement avec cette farine, il a décidé d’ajouter de la farine de blé entier pour des raisons visuelles et gustatives, mais aussi pour assurer l’acceptabilité du produit par la clientèle visée.

« Le blé entier procure aux pâtes un goût et une apparence qui font en sorte que la présence de farine de grillons ne dérange pas tant qu’on ne la voit pas. Il n’est pas toujours facile de réduire son impact environnemental, c’est pourquoi je cherchais à offrir une solution simple qui permet de faire une différence importante », note Jean-Philippe Bisson.

« Je souhaitais offrir une alternative innovatrice pour diversifier les options d’alimentation sans viande qui s’avèrent écologiques, nutritives et accessibles à tous. Si plus de gens consomment des insectes plutôt que de la viande, les impacts seront positifs. »

L’inspiration qui incite à l’action                                    

Après avoir lu sur le sujet et en avoir discuté avec des amis, Jean-Philippe Bisson est allé de l’avant. Durant ses démarches, il s’est intéressé aux ressources en entrepreneuriat qui s’offrent aux étudiants de Polytechnique : auprès du Centre d’entrepreneuriat Poly-UdeM, il a obtenu une consultation et du soutien pour un premier modèle d’affaires; il a appliqué à l’un des concours de la série Innovinc. de l’organisme, mais a réalisé qu’il n’était pas encore prêt, ce qui l’a incité toutefois à poursuivre ses efforts.

Mais son véritable passage à l’action est attribuable à une conférence donnée à l’hiver 2016 par le diplômé de Polytechnique Paul Shenouda, dont l’entreprise Hexa Foods commercialise des gâteries pour chiens à base de farine d’insectes, à l’invitation du Centre d’entrepreneuriat Poly-UdeM. Réalisant que les projets de M. Shenouda et le sien sont à la fois semblables et différents, il s’est adressé à l’entrepreneur après son allocution pour lui faire part de son idée. Cet échange a été déterminant pour l’étudiant.

« Cette discussion a fait une énorme différence. Si je n’avais pas été à cette rencontre et que je n’avais pas parlé à Paul, j’en serais probablement encore au stade du " projet que j’aimerais faire ", affirme Jean-Philippe Bisson. Comme Paul l’a dit, c’est lorsqu’on parle à des gens, qui nous mettent en contact avec d’autres personnes, qu’un projet devient de plus en plus concret. »

D’ailleurs, au moment de l’entretien, Jean-Philippe réalisait un stage entrepreneurial sous la supervision de Paul Shenouda.

S’allier et foncer

Pour son projet, Jean-Philippe Bisson s’est allié à Gabriel Péloquin, un étudiant en génie aérospatial de Polytechnique qu’il a côtoyé durant ses cours d’orientation en développement durable.

Les entrepreneurs technologiques sont à poursuivre des essais maison de pâtes fraîches avec divers types de farines pour établir les dosages appropriés de leur recette, en vue de la définition d’un procédé industriel avec l’aide d’un centre de recherche de développement de produits agroalimentaires. Également, une étude de marché et des tests de goût figurent au menu des entrepreneurs technologiques.

« Le but est de produire des pâtes sèches qui procureront une valeur nutritive quasi complète, mais qui auront aussi un bon goût. Nous voulons un produit optimal », affirme Jean-Philippe Bisson.

À son avis, l’étudiant qui désire être entrepreneur ne doit pas avoir peur de parler aux gens. « Il faut être fonceur : c’est en faisant de petites choses qu’on peut aller vraiment loin. Chaque personne qu’on rencontre peut nous aider à nous rapprocher de notre objectif. Et il y a tellement de ressources à Polytechnique… »

Un nom qui en dit long

Comme il se doit, Jean-Philippe Bisson et son associé ont formé une entreprise pour formaliser leurs initiatives. Au moyen d’une carte heuristique, ils ont opté pour le nom Arista Foods, qui évoque le dieu grec Aristaeus. Un choix qui s’est avéré être des plus pertinents.

« Dans la mythologie grecque, Aristaeus était apiculteur, explique Jean-Philippe. Lorsque ses abeilles sont mortes, Aristée s’est rendu à une fontaine et a fait le sacrifice d’animaux de bétail. Il en est sorti une nuée d’abeilles – des insectes – qui ont reconstitué les ruches. »

« De plus, on qualifie " d’aristée " une partie de l’antenne d’un insecte, mais aussi une des parties d’une tige de blé! », ajoute-t-il en souriant.

C’est ce qu’on appelle avoir de la suite dans les idées…

Jean-Philippe Bisson et Gabriel Péloquin d'Arista Foods

En savoir plus
Centre d'entrepreneuriat Poly-UdeM
Page de site Soutien à l'entrepreneuriat

 

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