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Polytechnique Montréal dévoile les résultats d'une analyse du cycle de vie sur la vaisselle

30 mars 2017 - Source : NOUVELLES

Les résultats d’une analyse du cycle de vie (ACV) portant sur des pièces de vaisselle et leur utilisation à Polytechnique Montréal étaient dévoilés le 30 mars 2017, à l’occasion d’une présentation publique. Commandée par le Bureau du développement durable de Polytechnique, cette analyse a été réalisée par le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG).

Les résultats démontrent que, dans un contexte d’utilisation à Polytechnique pendant une année, la vaisselle réutilisable est le meilleur choix environnemental et que, parmi les options jetables, la vaisselle non-biodégradable est préférable à la vaisselle compostable.

Validée par des experts indépendants, l’analyse menée par le CIRAIG s’appuie sur les données de fonctionnement 2013-2014 de la cafétéria de Polytechnique. Celle-ci a permis de quantifier les impacts environnementaux potentiels des différents produits, en tenant compte de toutes les étapes du cycle de vie, du prélèvement des ressources jusqu’à la fin de vie, en passant par la fabrication, le transport et l’utilisation. Les résultats sont regroupés en quatre catégories de dommages : la santé humaine, la qualité des écosystèmes, l’utilisation des ressources et les changements climatiques.

La vaisselle réutilisable : grande gagnante

Sans grande surprise, les chiffres ont révélé que la vaisselle réutilisable était l’option à privilégier. En effet, les impacts de sa production sont amortis par l’utilisation récurrente qui en est faite.

L’assiette en céramique, par exemple, devient le choix numéro un lorsqu’elle est utilisée plus de 300 fois, et ce, en dépit de l’eau et du savon utilisés lors du lavage au lave-vaisselle.

Parmi les options à usage unique, la vaisselle non-biodégradable est préférable

Contrairement à ce que l’on pourrait penser instinctivement, les conclusions du CIRAIG indiquent que la vaisselle non-biodégradable, notamment l’assiette en styromousse, présente une meilleure performance environnementale globale que celle pouvant être compostée.

Deux facteurs principaux expliquent ce résultat : le poids et le lieu de production. Une assiette en styromousse est environ trois fois moins lourde qu’une assiette en bagasse compostable. Elle requiert donc moins de matériaux et moins d’énergie pour sa fabrication. De plus, les pièces de vaisselle compostables en bagasse qui ont été soumises à l’examen du CIRAIG sont produites en Chine. L’énergie utilisée dans ce pays étant principalement issue de sources non-renouvelables, dont le charbon, la fabrication des assiettes génère une pollution importante.

Somme toute, quand on évalue les impacts totaux de toutes les étapes du cycle de vie d’une assiette, on observe que la majeure partie de ces impacts sont générés à l’étape de production.

Et maintenant?

Polytechnique prend acte des résultats et passe à l’action :

Réaménager la cafétéria

Pour offrir de la vaisselle réutilisable à la communauté de Polytechnique, il faut d’abord trouver une solution aux problèmes techniques liés à l’installation d’un lave-vaisselle industriel.

Pour ce faire, l’établissement s’engage à relancer une étude sur le réaménagement de la cafétéria, dès l’automne prochain. En s’appuyant sur les travaux réalisés dans le passé, cette démarche collaborative aura pour objectif de cerner un scénario de réaménagement viable qui rencontrera les contraintes spécifiques de Polytechnique tout en considérant les besoins divers de la communauté, lesquels seront identifiés lors d’un processus de consultation.

Les recommandations qui s’en dégageront seront inscrites aux demandes pour le budget d’immobilisation 2019-2020, dans l’objectif de démarrer des travaux en 2020.

Transformer la vaisselle jetable en ressources plutôt que l’enfouir

À la lumière des résultats de l’ACV, Polytechnique fait le choix logique de continuer à offrir de la vaisselle non-biodégradable, durant la phase de transition vers le réutilisable.

Or, comme l’ACV a montré que le bilan environnemental de la vaisselle non-biodégradable a le potentiel d’être amélioré si l’enfouissement est remplacé par la pyrolyse par micro-ondes, Polytechnique poursuit des démarches avec Pyrowave pour évaluer la faisabilité technico-économique de ce procédé. Une recherche de financement est en cours pour réaliser un projet pilote au site de traitement de Pyrowave à Valleyfield. Le projet consisterait à y envoyer les matières collectées dans les bacs noirs de la cafétéria afin d’évaluer si ces déchets peuvent y être traités sur une base régulière et à quelles conditions, le cas échéant.

D’autres procédés de traitement du polystyrène, qui n’ont pas été évalués dans l’ACV, sont aussi en cours de développement, par exemple celui de l’entreprise montréalaise Polystyvert. Polytechnique reste à l’affût de l’évolution de ces technologies.

Première rangée : Louise Millette, directrice du département des génies civil, géologiques et des mines et responsable du Bureau du développement durable (BDD); Shirley Fagnen, conseillère en développement durable, BDD; Jean-François Desgroseilliers, conseiller en développement durable, BDD; Martine Proulx, directrice, services alimentaires de Polytechnique, Aramark

Deuxième rangée: Valérie Patreau, directrice des opérations du CIRAIG; François Saunier, associé de recherche au CIRAIG; Samuel Tremblay, vice-président services de l’AEP; Mario Gauthier, directeur des opérations Aramark Québec; Nicolas Séguier, vice-président régional Aramark Canada-Est.

En savoir plus

Rapport et publications de l'analyse de cycle de vie de la vaisselle à Polytechnique Montréal
Bureau du développement durable de Polytechnique Montréal
Page du Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG)

 

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