Luc Paquet et Oussama Moutanabbir agiront respectivement comme directeur exécutif et directeur scientifique du futur Institut Lassonde pour les innovations de rupture. (Photos : Alex Tran et Caroline Perron)

En mars 2025, Polytechnique Montréal annonçait un don majeur de 50 millions de dollars de monsieur Pierre Lassonde, à la fois diplômé et président du conseil d’administration de Polytechnique. Un don destiné à créer un institut de recherche structurant non seulement pour la recherche à Polytechnique, mais aussi pour l’économie canadienne, et d’où émergeront des technologies qui feront rapidement leur chemin dans la société. 

Le projet avance d’un pas aujourd’hui avec la nomination de ses deux principaux directeurs, Luc Paquet et Oussama Moutanabbir. Le duo entre en scène avec un mandat imposant par la nature structurante du projet, tant pour Polytechnique Montréal que pour la société canadienne. Leur rôle : donner vie à un institut de recherche de calibre international ayant pour double mission de former des scientifiques de très haut niveau tout en agissant comme catalyseur d’innovation contribuant à la souveraineté technologique du Canada. 

Une feuille de route taillée sur mesure 

Luc Paquet s’amène avec une feuille de route mêlant valorisation de la recherche et direction de plusieurs organisations qui le préparent bien aux défis qui se dressent devant lui. Biochimiste de formation, il a fait ses premières armes dans le secteur des biotechnologies avant de diriger de 2007 à 2013 l’institut de pharmacologie de l’Université de Sherbrooke, puis de 2013 à 2018 l’organisme de valorisation de la recherche TransfertTech Sherbrooke. En 2019, il met le cap sur un autre organisme de valorisation, Univalor, poste qu’il occupe jusqu’à la dissolution de l’organisme en 2021. M. Paquet retourne alors à l’industrie pour prendre la direction d’Immune Biosolutions, une entreprise de biotechnologie de la région de Sherbrooke. Un poste qu’il occupait jusqu’à tout récemment.

Selon lui, ce parcours diversifié lui a notamment permis de se familiariser avec la gestion de petites équipes pluridisciplinaires ainsi qu’avec le développement de partenariats structurants, tant au niveau national qu’international. Il lui a également permis de se doter d’une expérience enviable en gestion stratégique et en développement des affaires, des atouts qui lui permettront non seulement de soutenir le démarrage de cet institut d’envergure, mais aussi d’assurer son développement structuré et son essor au sein de l’écosystème québécois et canadien des hautes technologies.

« Tout au long de ma carrière, j’ai eu à transformer des projets ambitieux en résultats concrets, explique le tout premier directeur du futur Institut Lassonde pour les innovations de rupture. J’ai confiance d'arriver à mener à bien la mission qu’on me confie en misant sur l’incroyable bassin de talents déjà en place à Polytechnique et sur les ressources importantes qui sont mises à la disposition de l’institut. »

Une vision qui prend forme 

Bien qu’il compte mener dans les prochains jours un exercice de planification stratégique, Luc Paquet a déjà une certaine idée des piliers sur lesquels il souhaite asseoir la culture de l’Institut Lassonde au jour un de sa création, tout particulièrement en ce qui a trait au moteur de l’innovation.

« L’important sera de développer des innovations qui répondent à un besoin précis d’un utilisateur, explique-t-il. On ne fera pas que "pousser" les technologies en développement vers les étapes plus avancées du parcours d’une innovation, on s’assurera de travailler avec des partenaires qui tireront la technologie vers le haut pour les rapprocher du prototypage, de l’utilisateur et de la société. »

Souhaite-t-il ainsi imposer un changement de paradigme à la façon de faire la plus courante dans les groupes de recherche académique? « Pas nécessairement, répond d’emblée le directeur exécutif de l’institut. Ça existe déjà en partie, mais je suis persuadé qu’incarner ce changement de culture par nos actions et par un accompagnement personnalisé permettra à nos talents de générer un impact aligné avec notre mission. »

Pour y arriver, l’institut s’entourera d’une constellation de spécialistes pour assurer que les projets se maintiennent sur une trajectoire optimale de développement et atteignent les jalons qui augmentent leur valeur intrinsèque. Des spécialistes en propriété intellectuelle, en capital de risque et en développement de produits se mêleront ainsi à d’autres partenaires pour appuyer les équipes pluridisciplinaires de Polytechnique formées d’ingénieures, d'ingénieurs et d’autres scientifiques. Une avenue centrale à l’ADN de l’Institut, souligne Luc Paquet.

« Mon objectif est que nous ramions tous dans la même direction, en mobilisant nos forces complémentaires pour bâtir un institut audacieux, ouvert et porteur d’avenir, dit-il. En ramant ensemble dans la même direction, une équipe unie ira toujours plus loin que la somme des efforts individuels des gens qui la compose. »

Former une relève scientifique d’abord 

Polytechnique Montréal a profité de la nomination de Luc Paquet pour confier à Oussama Moutanabbir le rôle de directeur scientifique du futur institut Lassonde pour les innovations de rupture.

Professeur titulaire en génie physique à Polytechnique Montréal, Oussama Moutanabbir dirige depuis 2012 un programme de recherche en ingénierie quantique de semiconducteurs basés sur des alliages de silicium, de germanium et d’étain (groupe IV).

Titulaire d’un doctorat en sciences de l’énergie et des matériaux de l’Institut national de recherche scientifique(INRS), le professeur Moutanabbir est passé par l’Institut Max Planck de physique des microstructures à Halle en Allemagne avant de se déplacer au Japon à titre de chercheur invité au RIKEN Institute of Advanced Science.

À Polytechnique Montréal, il a dirigé de 2012 à 2022 les travaux de la Chaire de recherche du Canada en semiconducteurs nanométriques et quantiques. Il a également piloté un réseau pancanadien de recherche sur la photonique compacte dans l’infrarouge moyen et le térahertz de 2018 à 2023, dans le cadre d’un projet financé par le programme Innovation pour la défense, l’excellence et la sécurité (IDEéS) de la Défense nationale du Canada. Finalement, en 2024, il démarrait les activités de la plateforme PolyAPT, une infrastructure de tomographie par sonde atomique unique au Canada dédiée à la recherche sur la science des matériaux, la microélectronique ainsi que la photonique.

À titre de directeur scientifique de l’Institut Lassonde, le professeur Moutanabbir souhaite notamment former et mobiliser des équipes interdisciplinaires autour de projets d’envergure ayant un fort potentiel d’impact pour la société canadienne. Il compte également offrir aux personnes étudiantes et aux stagiaires postdoctorat un environnement de travail de calibre mondial pour mener leurs projets jusqu’au bout ainsi que tous les leviers nécessaires au développement d’entreprises.

« La promesse de l’Institut, c’est de permettre à ses étudiantes et étudiants d’aller au bout de leurs rêves, affirme-t-il. Grâce à leur énergie et à leur imagination, couplé à nos infrastructures et notre savoir-faire, nous aurons ici un socle formidable non seulement pour former des cerveaux aux compétences qui dépassent celles de la recherche, mais aussi pour propulser les innovations de Polytechnique vers la société canadienne. »

Les champs de recherche envisagés par l’Institut ne connaîtront d’ailleurs pas de limites. L’Institut Lassonde chapeautera des projets allant de la quantique à l’intelligence artificielle en passant par la photonique et les nanotechnologies. « Toutes les technologies d’avenir seront explorées sans œillères disciplinaires, même celles qui n’ont pas encore de nom », souligne le professeur Moutanabbir.

En savoir plus 

Site de l’Institut Lassonde pour les innovations de rupture
Fiche d’expertise du professeur Oussama Moutanabbir