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Efficacité énergétique: début d’une grande enquête pour coupler les émetteurs et les demandeurs de chaleur
Michaël Kummert, professeur titulaire au Département de génie mécanique de Polytechnique Montréal, entame ces jours-ci un véritable travail de prospection sur tout le territoire québécois. En partenariat avec l’équipe de Franck Scherrer, professeur à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal, ainsi que le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI) et le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), son groupe tentera de repérer les grands émetteurs de chaleur québécois afin de les jumeler à des organisations qui pourraient profiter de leurs rejets énergétiques.

(Photo : Adobe Stock)
Les centres de données, alumineries, papetières et autres grands émetteurs industriels du Québec rejettent quotidiennement une grande quantité d’énergie sous forme d’eau chaude ou de rejets gazeux. Selon la firme de consultation Innovagro, qui a publié une étude sur le sujet en 2011, ces rejets avoisineraient annuellement les 77 térawatt-heures (TWh), soit l’équivalent de la consommation énergétique annuelle que tous les ménages québécois consacrent au chauffage de leur habitation et de leur eau.
Cette énergie, Michaël Kummert voudrait bien la voir servir à d’autres fins. Son équipe et lui lancent un coup de sonde auprès des grandes entreprises du Québec afin de cartographier leurs rejets énergétiques.
« L’objectif, c’est avant tout de créer une carte dynamique des rejets de chaleur à partir d’une base de données géoréférencées », précise le professeur Kummert.
« Les données auxquelles on a accès présentement nous donnent une idée générale du bilan énergétique des entreprises, mais on ne sait pas quelle forme prend le rejet d’énergie, et où il se fait précisément dans l’espace et le temps », ajoute-t-il.
En plus de localiser les sources de chaleur, le groupe tâchera ainsi de rassembler un maximum d’information sur la nature des rejets – à savoir s’ils sont liquides ou gazeux – en plus de connaître leur température et leur disponibilité au cours d’une année.
« Si on obtient un bon taux de réponse pour chaque type d’industrie, on sera en mesure de créer une série d’archétypes qui nous donneront un bon portrait général des émissions », indique le chercheur.

Michaël Kummert, professeur titulaire au Département de génie mécanique de Polytechnique Montréal.
Coupler l’offre aux besoins énergétiques
En parallèle, l’équipe de Polytechnique Montréal cherchera à identifier les organisations susceptibles de profiter de ces rejets de chaleur. Advenant que celles-ci se trouvent en périphérie d’un émetteur, c’est-à-dire dans un rayon allant jusqu’à quelques kilomètres, un appariement pourrait être envisagé.
Quelques exemples du genre ont vu le jour ces dernières années, relate le professeur. Celui-ci pense d’emblée au cas des pavillons Lassonde de Polytechnique Montréal qui récupère la chaleur des gaz de cheminée des chaudières du pavillon principal pour combler les 2/3 de ses besoins en chauffage.
Les Serres Toundra de Saint-Félicien constituent également un bel exemple, selon lui, elles qui profitent des rejets de chaleur et de gaz carbonique de l’usine voisine de Produits forestiers Résolu. Finalement, le cas du nouveau complexe hospitalier du CHU de Québec, qui sera alimenté par la vapeur produite par l’incinérateur de la Ville de Québec, représente un autre type de partenariat susceptible de créer des économies d’énergie.
À l’heure où Hydro-Québec mène une campagne pour inciter les centres de données à s’établir au Québec afin de profiter de son énergie verte, l’occasion est belle de préparer le terrain, selon le professeur Kummert. « Chaque kilowatt-heure d’électricité qui entre dans un centre de données pour alimenter les serveurs est ensuite relâché sous forme de chaleur dans l’atmosphère », souligne-t-il. « Il y a là un potentiel de récupération qui est énorme. »
L’équipe de Polytechnique souhaite que sa grande enquête conduise à la sélection d’études de cas prometteuses et éventuellement au démarrage de projets réels.
Pour en savoir plus
Détails du projet du professeur Kummert
Fiche d’expertise du professeur Michaël Kummert
Site du Département de génie mécanique
Site du Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG)
Site du Centre de transfert technologique en écologie industrielle