
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Sur les pistes martiennes
Grand dossier
La planète rouge est la destination théorique de l’astromobile développée par une équipe de la société technique étudiante PolyOrbite.
Un jeune projet déjà populaire

PolyOrbite se consacre depuis ses débuts, en 2013, à la conception et à la réalisation de satellites, mais en 2018, elle a créé sa division des astromobiles, dirigée par Simon Micheau, finissant en génie mécanique. Ce passionné d’aérospatiale est également membre du groupe réalisant le projet de fin d’études piloté par le Pr Gosselin. Il est donc en train d’acquérir une base de connaissances remarquable sur les véhicules de type rover. « Travailler sur un rover spatial fait toucher à plusieurs génies, même ceux généralement moins représentés par les sociétés techniques, comme le génie géologique. Il faut en effet se soucier de la nature du sol, qui présente encore beaucoup d’inconnues quand on est sur une autre planète que la nôtre. Ce projet présente donc des défis captivants qui attirent les étudiants : nous étions une quinzaine de membres lors de la création de la division, aujourd’hui nous sommes au moins 43 », se réjouit-il.
Des débuts remarqués
Avec Espérance, son premier prototype, PolyOrbite a participé pour la première fois au CIRC (Canadian International Rover Challenge), en août dernier. Cette compétition de conception d’astromobiles, qui rassemble des étudiants du monde entier, avait choisi pour thème cette année une mission sur Mars à la suite d’un accident dans un complexe nucléaire. Sur un terrain de la région des Badlands, en Alberta, les véhicules en compétition devaient réaliser cinq tâches, dont une nocturne, et une autre en mode collaboratif avec d’autres robots. « Cette mise en situation ressemblait à ce que pourrait être une intervention visant à venir en aide à des astronautes sur une base martienne », indique Simon Micheau, fier de la seconde place remportée par son équipe pour ses débuts en compétition.

Pesant environ 50 kilogrammes et mesurant 1,2 mètre de long sur autant de large, pour 94 centimètres de hauteur, Espérance est équipée d’une suspension similaire à celle des rovers envoyés en reconnaissance sur la planète Mars, ainsi que de six roues entraînées par six moteurs électriques. Elle possède un bras robotisé pouvant être muni d’une pelle, d’une pince ou d’une perceuse. « Le châssis est en aluminium, mais pour le prochain prototype, nous envisagerons d’employer des matériaux composites, ce qui nous permettra de gagner en légèreté, et donc d’obtenir des points en bonus à la compétition », mentionne Simon Micheau.
Espérance est alimentée par une batterie rechargeable formée par un ensemble de piles au lithium-ion, conçue et assemblée par les étudiants, tout comme son système électrique. Trois caméras serviront à la navigation, à la manipulation du bras robotisé ainsi qu’à la présentation d’une vue d’ensemble du véhicule.
L’équipe de PolyOrbite a, en outre, muni son prototype d’un ordinateur embarqué. Pour son contrôle à distance elle l’a doté d’un système de géolocalisation et d’une antenne. Cette dernière pourrait être constituée en fibre de carbone sur les prochains prototypes.
Répercussions en enseignement

Simon Micheau, directeur de l'équipe PolyOrbite
Deux étudiants ont travaillé dans le cadre de leurs études de maîtrise sur l’ordinateur embarqué, le bras robotisé et les systèmes de contrôle. Plusieurs étudiants ont également participé à la réalisation d’Espérance à l’occasion de leur projet intégrateur de troisième année en génie mécanique et en génie aérospatial. « Cette année, la conception de notre nouveau bras robotique fait partie d’un projet intégrateur de quatrième année en génie mécanique et en génie électrique », annonce Simon Micheau.
Celui-ci souligne que le peu de données dont on dispose aujourd’hui sur le contexte si nouveau d’une mission martienne permet d’explorer beaucoup de solutions : « On se sent comme des pionniers. »