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Sami Ammar, enseignant par choix, pédagogue par vocation

Portrait d'enseignant

Par Catherine Florès
21 juin 2021 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Été 2021)
21 juin 2021 - Source : Magazine Poly
VersionPDFdisponible (Été 2021)
Sami Ammar

Sami Ammar, maître d’enseignement au Département de génie mécanique, lauréat 2021 du Prix d’excellence en enseignement de Polytechnique Montréal

Une vocation. C’est le terme qui vient immédiatement à l’esprit pour exprimer comment Sami Ammar vit son rôle d’enseignant. Il suffit d’échanger quelques minutes avec ce maître d’enseignement pour mesurer son engagement envers ses étudiants et ses collègues, un engagement qui lui a valu de recevoir cette année le Prix d’excellence en enseignement.

Changement de cap

Sami Ammar a découvert Polytechnique Montréal à l’occasion d’un échange dans le cadre de ses études d’ingénieur à l’École supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile (ESTACA), en région parisienne. « Ce séjour m’a donné envie de poursuivre mes études à Polytechnique. Je suis donc revenu y faire ma maîtrise en génie mécanique, ainsi que mon doctorat, achevé en 2017. » Si l’éloignement de sa famille et de ses amis lui a pesé au début, il a rapidement trouvé sa place au sein de Polytechnique.

Dès 2012, il a assumé le rôle de chargé de travaux pratiques et de chargé de cours en mathématiques, en génie mécanique et en génie aérospatial. L’expérience fut révélatrice. « C’est à ce moment-là que mes plans de carrière ont changé. Plutôt que de viser un emploi dans l’industrie aérospatiale, j’ai décidé de me dédier désormais à l’enseignement universitaire. »

Le cours, une expérience vivante

M. Ammar déploie ses talents de pédagogue en tant que maître d’enseignement au Département de génie mécanique depuis 2017. « J’instaure une forte interaction avec mes étudiantes et étudiants dans mes cours. Je les pousse à participer activement, à poser des questions et à partager leurs réflexions. Selon moi, la plus grande partie du travail pour favoriser et faciliter l’acquisition des connaissances se fait essentiellement en cours, qu’ils se déroulent en présentiel ou en ligne. » Ses cours font l’objet d’une minutieuse préparation, car « maîtriser sa matière, c’est aussi prévoir quelles questions se poseront les étudiants ».

Afin de conserver l’attention des étudiants et valider leur compréhension, il estime nécessaire d’intégrer des activités interactives dans les cours. « Par exemple pour l’enseignement à distance, j’active le micro pour que les étudiants puissent prendre la parole. Je m’efforce de reproduire au mieux ma façon d’interagir en présentiel au cours en ligne. »

Vision transversale

Peu d’années séparent Sami Ammar de la génération actuelle. Pourtant, il a été témoin d’une évolution dans les méthodes d’enseignement. « Lorsque j’étudiais, je me souviens avoir passé beaucoup de temps seul à essayer de comprendre le contenu des cours auxquels nous assistions de façon assez passive. À l’aide de différentes approches pédagogiques, j’aide aujourd’hui mes étudiants à développer une vision transversale de leurs connaissances, afin qu’ils puissent créer des passerelles entre leurs connaissances pour un apprentissage plus approfondi ». Sami Ammar profite de son expérience dans différentes spécialités (génie mécanique – aérospatial - mathématiques), pour créer des liens entre les disciplines, et ainsi stimuler et susciter la curiosité des étudiants.

L’encadrement des projets de conception supervisée en troisième année lui fournit l’occasion de favoriser cette vision transversale. « Quand l’étudiant comprend comment il pourra utiliser les concepts qu’on lui enseigne et les combiner aux connaissances qu’il a acquises dans d’autres matières pour résoudre des problèmes d’ingénierie, il les assimile mieux et est plus enclin à participer et à s’investir dans ses apprentissages. »

Par ailleurs, M. Ammar est à l’origine de la création du Centre de Consultation en MÉCanique et Aérospatiale (CCMECA), dont il pilote les activités. Les étudiants en première ou deuxième année de baccalauréat y trouvent l’aide dont ils ont besoin, que ce soit en présentiel ou en ligne.

Impliqué auprès de ses collègues

Cherchant à améliorer et faciliter les procédures au sein de son département, M. Ammar a une nouvelle fois fait preuve d’innovation. « Fini les copies qui passent d’une main d’un correcteur à un autre! ». Un collègue et lui ont développé un outil numérique de gestion automatisée des corrections qui permet de segmenter les questions et les annotations. « Les correcteurs travaillent désormais simultanément sur une même copie sans avoir à attendre que leurs collègues aient terminé leur partie. C’est plus efficace », explique-t-il. Bientôt, il ajoutera à cet outil une fonctionnalité de reconnaissance d’écriture manuscrite permettant d’automatiser la saisie et l’exportation des notes.

À l’aide de présentations et de publications d’articles, Sami Ammar fait part avec enthousiasme de ses expériences sur l’accompagnement des étudiants dans leurs apprentissages au corps professoral de Polytechnique et d’ailleurs. Il siège régulièrement à des comités scientifiques de conférences internationales de renom en éducation, en pédagogie ou en technologies d’apprentissage. Par ailleurs, ses ouvrages sur le transfert de chaleur sont utilisés dans plusieurs universités francophones au Québec et à l’international.

Naturellement, la période COVID lui a fourni de nouvelles occasions de mobiliser ses compétences d’innovateur pédagogique pour accompagner ses collègues professeurs et les étudiants dans le nouvel environnement d’enseignement à distance. « La COVID a marqué un tournant. Jusqu’alors, la majorité des professeurs était peu favorable à développer des cours en ligne, mais par la force des choses, tout le monde a dû se lancer en un temps record. »

Lui-même a été particulièrement productif durant cette période, créant ou adaptant de nombreux outils tels que des capsules vidéo asynchrones avec activités interactives à rétroaction immédiate et des tests éclair interactifs.

« Je suis persuadé que l’expérience COVID aura des effets durables sur notre façon d’enseigner, souligne-t-il. Les diverses technologies d’apprentissage ont révélé tout leur intérêt pour la formation à distance, et en même temps, la valeur du présentiel s’est affirmée plus que jamais. Je crois que nous sommes bien préparés à concilier le meilleur des deux approches, pour le plus grand bénéfice de nos étudiants. »  

Reconnaissance

Nul n’est surpris par les évaluations excellentes que reçoit Sami Ammar de la part de ses étudiantes et ses étudiants. L’Association étudiante de Polytechnique lui a d’ailleurs décerné à six reprises le prix Méritas. Cette reconnaissance est partagée par ses pairs, qui lui ont remis en 2016 le Prix d’excellence en enseignement en mathématiques et en génie industriel, dans la catégorie « Chargé de cours », ainsi que le Prix d’excellence en enseignement cette année. Récompense dont il est le plus fier, qui n’aurait pas été possible sans le soutien de sa conjointe et de sa famille malgré la distance, et qui couronne des années de travail et de sacrifices.

« Ma plus grande fierté, c’est de contribuer à l’amélioration de la société en aidant à préparer sa future génération de bâtisseurs », témoigne-t-il.

M. Ammar est tellement investi dans son rôle d’enseignant qu’il lui est difficile d’imaginer ce qu’il aurait pu faire d’autre dans la vie. « Peut-être que j’aurais fait de la politique. C’est une autre façon d’apporter des changements dans la société. Un politicien doit trouver la bonne démarche pour expliquer ses idées et ses décisions, afin d’obtenir l’adhésion de la population. Dans le contexte que l’on vient de vivre, on constate combien c’est important. Finalement, c’est encore de la pédagogie... »

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