
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Quand l’innovation technopédagogique ouvre la voie à de nouveaux apprentissages
Formation
L’expérience de la pandémie de COVID-19 a profondément bouleversé les pratiques d’enseignement connues jusqu’alors. La communauté enseignante universitaire de Polytechnique Montréal, avec l’aide du Bureau d’appui et d’innovation pédagogique (BAIP), a su faire preuve de résilience et de créativité pour changer durablement ses pratiques d’enseignement et améliorer ainsi l’apprentissage étudiant.

Catherine Carré, conseillère pédagogique au Bureau d’appui et d’innovation pédagogique (BAIP)
La mission du BAIP consiste à accompagner les professeurs, chargés de cours et maîtres d’enseignement dans la conception et le développement de leurs cours, et à les former non seulement à la pédagogie universitaire, mais aussi aux particularités de l’établissement. « À Polytechnique, nous enseignons des STIM - science, technologie, ingénierie et mathématiques - donc c’est une culture différente de celle d’autres facultés. Former les ingénieurs de demain, c’est allier la pratique et la théorie, c’est une méthode d’apprentissage particulière. De ce fait, la pédagogie est dans nos murs », souligne Catherine Carré, conseillère pédagogique au BAIP.
Consultation et accompagnement pédagogiques, ateliers thématiques, soutien technopédagogique sont autant de services offerts par le BAIP au personnel enseignant de Polytechnique. Des services qui se sont montrés plus que jamais nécessaires lorsque la pandémie a frappé en 2020. « À ce moment-là, l’équipe du BAIP venait d’achever un rapport stratégique sur l’importance de varier les modes de formation, en présentiel, à distance ou en hybride. Tous nos arguments pour instaurer des formations à distance tombaient à point nommé. Notre équipe était déjà formée aux outils technopédagogiques, nous avons donc pu concrétiser nos recommandations et proposer rapidement des solutions pour accompagner les membres du personnel enseignant à adopter de nouvelles méthodes d’enseignement, et assurer ainsi un meilleur encadrement des étudiants à distance », ajoute Mme Carré.
S’initier à la technopédagogie
Considérant qu’un des objectifs de l’intégration de la technopédagogie est de soutenir les apprentissages des étudiants, les enseignants universitaires de Polytechnique ont donc dû eux-mêmes s’outiller et se former à différentes innovations. L’énergie et les efforts déployés par les membres du corps enseignant ont changé la donne.
« Nous avons été impressionnés par le dévouement de nos enseignants à transformer l’expérience d’apprentissage en classe. Ils ont su s’adapter, maîtriser et s’approprier les innovations technopédagogiques. La technologie était déjà là, mais il fallait réfléchir à des solutions pour rendre l’expérience à distance attractive et favoriser un apprentissage actif », rapporte Mme Carré.
Plusieurs enseignants ont mis au point des méthodes d’apprentissage novatrices afin de favoriser la réussite de leurs étudiantes et étudiants dans ce contexte si particulier.
Citons Pierre Langlois, professeur titulaire et directeur du Département de génie informatique et génie logiciel de Polytechnique Montréal qui, en combinant différentes plateformes numériques telles que Moodle, Discord ou encore Webex, et l’utilisation d’un tableau lumineux, a su proposer un modèle de formation à distance original et inclusif. Ou encore Sami Ammar, maître d’enseignement au Département de génie mécanique, qui a développé des capsules vidéo asynchrones pour la présentation de son cours théorique, combinées à des activités interactives à réaliser par l’étudiant qui ont été intégrées aux contenus vidéos.
D’autres encore se sont découvert des talents de créateurs de contenu en réalisant des capsules vidéos sur leur chaîne Youtube, comme Frédérik Gosselin, professeur titulaire au Département de génie mécanique, qui cumule à ce jour plus de 2 300 abonnés et des centaines de milliers de vues, ou encore Pierre Bédard, géologue et chargé de cours, qui s’est également distingué par ses capsules vidéos réalisées en captation d'écran avec un logiciel gratuit et un fond vert.
« Quand on utilise les technologies, il faut savoir comment expliquer clairement et de manière synthétique. Il s’agit de capter l’essentiel. C’est tout un art à découvrir et plusieurs de nos enseignants y ont particulièrement excellé! », s’enthousiasme Mme Carré.
Réinventer l’apprentissage en présentiel
Alors que l’expérience de la pandémie a permis de mettre en exergue l’importance de diversifier les activités d’enseignement et l’impact positif de cette diversification, le retour en classe interroge sur l’avenir de ces nouvelles pratiques d’enseignement et un retour à des méthodes plus « traditionnelles ».
Que nenni! « Au retour en classe, certains étudiants et professeurs se sont demandé quelle pouvait être la valeur de se trouver en présentiel, puisque assimiler du contenu pouvait se faire à distance », rapporte Catherine Carré. Il est essentiel dorénavant de redécouvrir la richesse de la présence, et de la rendre non seulement plus attractive, mais aussi plus interactive. »
De nouvelles approches pédagogiques, telles que les classes inversées sont ainsi privilégiées par de nombreux enseignants. D’autres ont choisi d’offrir la co-modalité à leurs étudiantes et étudiants afin de mieux répondre à leurs besoins, comme c’est le cas pour Philippe Doyon-Poulin, professeur adjoint au Département de mathématiques et de génie industriel. « J’ai dû changer ma méthode d’enseignement durant la pandémie et j’ai gardé certaines pratiques encore aujourd’hui. J’enseigne aux cycles supérieurs et ma classe est donc un mélange d’étudiants à temps plein et de professionnels à temps partiel. Pour plusieurs de ces derniers, pouvoir participer aux cours à distance est non négociable », explique-t-il. Les questionnaires en ligne, l’organisation du site de cours, des communications fréquentes sur les forums font encore partie des moyens utilisés pour favoriser la participation en classe, que ce soit à distance ou en présentiel. « L’important est de donner une valeur ajoutée aux étudiants de participer en direct, que ce soit en personne ou en ligne, poursuit le professeur Doyon-Poulin. Cela m’a permis de changer ma méthode d’enseignement et d’introduire, par exemple, des séances d’ateliers en petits groupes pour aider mes étudiantes et étudiants à réaliser des exercices, que ce soit en ligne ou en classe. Cela les met en confiance au moment du devoir qu’ils devront rendre. Au final, la valeur ajoutée pour les étudiants est d’avoir accès à l’expérience du professeur. »
La preuve que les membres du corps enseignant de Polytechnique n’ont pas fini d’apprendre et d’innover, tant par les recherches qu’ils mènent, que par la transmission de connaissances!