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Professeure Gunes Karabulut Kurt, femme de réseaux (sans fil)

Portrait de professeure

Par Catherine Florès
18 juin 2022 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Été 2022)
18 juin 2022 - Source : Magazine Poly
VersionPDFdisponible (Été 2022)
Professeure Gunes Karabulut Kurt

Pre Gunes Karabulut Kurt, Département de génie électrique. 

« Mon intérêt pour l’électricité a été éveillé grâce à mon grandpère, un technicien spécialisé dans les moteurs de trains qui a travaillé durant l’électrification du transport ferroviaire en turquie. Les jeux fonctionnant avec de l’électricité qu’il inventait pour moi quand j’étais petite attisaient ma curiosité. Elle ne m’a jamais quittée depuis », relate Gunes Karabulut Kurt.

Professeure au département de génie électrique depuis 2021, elle consacre ses recherches au développement des réseaux cellulaires 6g grâce aux technologies satellitaires.

UNE CARRIÈRE ENTRE LA TURQUIE ET LE CANADA

Entreprenant ses études d’ingénieure à l’Université Bogazici, à Istanbul, Gunes Karabulut Kurt choisit naturellement le génie électrique comme discipline. « La compétition était rude. Le Département de génie électrique de mon université était extrêmement sélectif », mentionne- t-elle.

Après l’obtention de son diplôme d’ingénieure en 2000, elle s’est envolée pour le Canada afin de réaliser une maîtrise à l’Université d’Ottawa. « Quand j’ai commencé à étudier en génie, je n’envisageais pas de faire une maîtrise ensuite. C’est un professeur de l’Université d’Ottawa venu enseigner dans mon département qui m’y a encouragée. Quand je faisais ma maîtrise, je ne me voyais pas du tout poursuivre au doctorat, et pourtant, j’ai enchaîné avec une thèse sur les systèmes de communication sans fil », évoque la Pre Karabulut Kurt, qui s’était classée troisième de sa promotion à la fin de ses études de maîtrise. « Et quand je faisais ma thèse, pour rien au monde, je ne souhaitais faire une carrière universitaire ! »

Son doctorat obtenu en 2006, elle a travaillé durant trois ans comme ingénieure dans des entreprises canadiennes avant de retourner à Istanbul. Engagée comme ingénieure principale dans une firme turque de télécommunications, elle y est restée deux autres années avant de retrouver le milieu universitaire en devenant professeure à l’Université technique d’Istanbul. « Je pense que mon enseignement y était perçu comme un peu atypique. Je m’appuyais sur mon expérience professionnelle au Canada pour adopter une approche basée sur la pratique dans mes cours. »

Durant les 11 années passées à l’Université technique d’Istanbul, incluant un passage de 3 ans à l’Université Carleton comme professeure auxiliaire, sa carrière scientifique s’est épanouie. Elle y a dirigé un laboratoire de télécommunications richement équipé, dont la réputation n’a fait que croître. Lauréate d’une bourse Marie Curie, elle a également reçu le prix du Jeune scientifique exceptionnel de l'Académie turque des sciences en 2019.

En 2021, recrutée par Polytechnique, elle rejoint l’équipe du Centre de recherche Poly-Grames dirigée par le Pr Ke Wu. De réputation internationale, ce centre voué à la recherche et à la formation en ingénierie radiofréquences (RF), micro-ondes, ondes millimétriques et microondes photoniques, qui accueille trois chaires de recherche du Canada, offre à la Pre Karabulut Kurt un environnement privilégié pour ses recherches sur la prochaine génération de réseaux de télécommunications.

AIDER LA  CONNECTIVITÉ À QUITTER LA TERRE

Des réseaux de télécommunications robustes et l’accès à Internet en tout lieu, même hors des centres urbains, sont les enjeux d’un monde ultra-communicant. Avec ses travaux portant sur les réseaux satellitaires, ainsi que sur le codage et la sécurité des réseaux sans fil, Gunes Karabulut Kurt participe à l’avènement des nouvelles architectures des réseaux de télécommunications fiables et économiquement viables, qui pourront se passer d’infrastructures terrestres.

« L’utilisation massive des réseaux satellitaires va permettre le passage de la 5G à la 6G. Grâce à ces réseaux notamment, les habitants des régions du monde privées d’infrastructures de télécommunications trop coûteuses, telles que les pays en voie de développement ou les régions isolées, comme les régions nordiques, vont pouvoir être connectés. Ainsi, ces réseaux pourront permettre de réduire la fracture numérique », déclare la chercheuse, par ailleurs présidente du groupe Satellite Mega-Constellations: Communications and Networking de l'Institut des ingénieurs électriciens et électroniciens (Institute of Electrical and Electronics Engineers, IEEE), rédactrice technique du magazine IEEE Communications et membre du comité directeur Wireless Communications and Networking Conference du même institut. Certains des projets de la Pre Karabulut Kurt visent à améliorer la robustesse des réseaux satellitaires, ou encore à utiliser ces derniers pour d’autres fonctions, comme le calcul et l’informatique distribuée.

« Avec mon équipe, je travaille également dans un domaine très excitant, celui des futures infrastructures de télécommunications qui faciliteront l’exploration d’autres planètes, ajoutet- elle. Nous collaborons avec une entreprise qui participe à la construction des satellites canadiens. »

VOIR AU-DELÀ DE LA SCÈNE

Bâtissant son équipe, Gunes Karabulut Kurt recherche des étudiants et des étudiantes très motivés à s’investir dans ce domaine compétitif que sont les technologies de télécommunications. « Mon équipe s’annonce très internationale, plusieurs de mes futurs étudiants sont actuellement en attente de leur visa. Je prépare également l’avenir en engageant des stagiaires du baccalauréat afin de les initier à la recherche. » La professeure s’attache à beaucoup communiquer avec ses étudiants et étudiantes.

Elle apprécie le soutien que lui offre le Bureau d’appui et d’innovation pédagogique (BAIP) dans sa pratique de l’enseignement. « Une des choses que je trouve magnifique ici, à Polytechnique, c’est le travail des conseillers pédagogiques. Ma conseillère m’a appris à voir au-delà de la scène. Avant, j’enseignais en me guidant uniquement par mon instinct; je n’avais jamais lu de littérature scientifique à ce sujet. Grâce aux outils et aux méthodes fournis par le BAIP, je peux transmettre ma matière de façon plus efficace encore, indique-t-elle. Je dois dire aussi que j’ai la chance d’avoir des étudiants et des étudiantes intéressés et stimulants. Je me sens gâtée. »

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