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Pr Jean-Jacques Laurin, l'ouverture et la rigueur

Portrait de professeur

Par Catherine Florès
7 octobre 2019 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Automne 2019)
7 octobre 2019 - Source : Magazine Poly
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Professeur Jean-Jacques Laurin

Qu’est-ce qu’une bonne pédagogie? Cette question, le Pr Jean-Jacques Laurin, qui enseigne au Département de génie électrique, ne cesse de l’examiner. Ce spécialiste de l’élec­­tro­magnétisme et des systèmes de télécommunications pour l’aérospatiale s’est toujours montré très ­attentif aux progrès de ses étudiants.

Le grand privilège d’enseigner

« Enseigner est un grand privilège », estime le Pr Jean-Jacques Laurin. « Les étudiants nous font confiance et s’attendent à ce que nous leur livrions la matière et les moyens de la maîtriser. Être digne de cette confiance demande, entre autres, de régulièrement remettre en question notre façon d’enseigner. Par exemple, si durant un cours les étudiants demeurent passifs et ne posent pas de questions, je me demande toujours si je n’ai pas manqué mon coup. »

Le Pr Laurin observe certaines différences entre les générations d’étudiants qui se succèdent au niveau du baccalauréat. « Aujourd’hui, les étudiants sont plus enclins à échanger en classe avec leurs professeurs et n’hésitent pas à faire part de leurs idées. Étant pratiquement nés avec un écran, ils s’attendent à des réponses rapides, avec du contenu concret et autant que possible des exemples pratiques de la vie de tous les jours. Les concepts d’électromagnétisme, traditionnellement transmis avec des développements mathématiques représentant des champs invisibles et répartis en quatre dimensions (espace et temps!) demandent un certain effort d’abstraction. Enseigner cette matière représente un plus grand défi maintenant. »

Une vocation révélée peu à peu

« Certains savent très jeunes à quoi ils se destinent, mais ce n’était pas mon cas. À la sortie du cégep, je me suis inscrit en médecine. Au bout d’un an et demi, j’ai pris une pause pour explorer les études en génie à Polytechnique..l et cette exploration dure toujours! Le cours d’électromagnétisme m’a aussitôt happé. J’ai aimé le défi que représentait l’aspect théorique, qui demande beaucoup de rigueur et un esprit d’abstraction, et j’étais fasciné par toutes les applications possibles », rapporte le Pr Laurin, qui souhaite transmettre cette même passion à ses étudiants.

Après l’obtention de son baccalauréat en génie physique en 1983, il est parti poursuivre ses études dans son domaine de prédilection à l’Université de Toronto. Revenu  à Polytechnique en 1991, c’est au Département de génie électrique qu’il mène sa carrière d’enseignant et de chercheur. Il a notamment participé à la fondation du Centre de recherche avancée en micro-ondes et en électronique spatiale, Poly-Grames, un des fleurons canadiens de la recherche et de la formation en ingénierie radiofréquences, micro-ondes, ondes millimétriques et micro-ondes photoniques. Il codirige le Centre pour les systèmes, technologies et applications en radiofréquence et communications (STARaCom), un regroupement stratégique québécois soutenu par le Fonds de recherche du Québec – Nature et Technologies (FRQNT).

Le Pr Laurin effectue l’essentiel de ses travaux dans le domaine de la conception d’antennes pour l’aérospatiale, dont certains en collaboration avec des partenaires industriels et institutionnels tels que MDA, Bombardier, Thales et l’Agence spatiale canadienne. « Un de mes projets actuels consiste à développer une antenne de radar de type réseau réflecteur destinée à un nanosatellite. Ce radar vise à faire la télédétection de la masse de neige dans les régions polaires afin de mieux suivre les effets des changements climatiques. D’autres projets visent la réduction du nombre de grandes antennes sur les satellites de télécommunication, en combinant sur la même surface des polarisations et des fréquences différentes. D’autres encore concernent la conception, la modélisation et la caractérisation d’antennes à traînée aérodynamique réduite pour les avions », indique-t-il.

Le dialogue avant la technologie

Réputé également pour la qualité de son enseignement, qui lui a valu d’obtenir une Bourse d’enseignement en génie du MELS, de 2012 à 2015, et un prix Méritas du meilleur professeur de génie électrique décerné par les étudiants, le Pr Laurin reste fidèle au tableau et la craie dans son approche pédagogique. « Peut-être suis-je un peu traditionnel? Je crois que l’important, c’est de capter et conserver l’attention pendant les cours et de savoir susciter la réflexion des étudiants. Je fournis beaucoup de détails et d’exemples dans mon cours d’électromagnétisme au premier cycle. »

Il considère que sa mission de professeur se réalise lorsque ses étudiants démontrent leur capacité à relier ce qu’ils apprennent dans son cours et ce qu’ils ont vu dans d’autres matières. « Au début, ils ont tendance à compartimenter leurs apprentissages mais je les encourage à acquérir une vision plus synthétique. Je veux les amener à penser en ingénieurs. »

À cet égard, il souligne l’apport irremplaçable de l’expérience pratique dans l’enseignement  : « Les étudiants qui ont déjà réalisé un stage en entreprise ont généralement gagné en autonomie. Ils abordent les cours avec une plus grande maturité et une conception plus globale de la matière enseignée, et ils identifient de façon plus naturelle ce qui est pertinent. Les projets intégrateurs ont un effet semblable, en préparant les étudiants avec réalisme aux cas que leur soumettront leurs clients. »

Il se dit toujours stupéfait de l’évolution des étudiants lorsqu’il les revoit pour leur évaluation en fin de quatrième année. « Ils m’impressionnent par les ressources qu’ils sont capables de mettre en œuvre pour réaliser des projets. Je peux alors voir que notre travail comme professeurs a été utile. »

Le Pr Laurin se montre toujours disposé à donner un coup de pouce aux projets de la communauté de Polytechnique. C’est pourquoi il participe volontiers aux activités de recrutement de son département, que ce soit lors de la compétition annuelle de conception de mini-éoliennes ou lors des Portes ouvertes de Polytechnique. Récemment, il a participé à l’organisation de l’exposition consacrée au centenaire de la radiodiffusion publique au Canada. Grâce à son appui, l’exposition a été accueillie dans les locaux de Poly-Grames à la mi-novembre 2019.

Aussi impliqué dans ses recherches qu’engagé auprès de ses étudiants, le Pr Laurin a un secret pour se ressourcer : la pratique du vélo – il parcourt une vingtaine de kilomètres par jour sur deux roues – et la flûte traversière. « Mon père, qui était professeur de musique, m’a légué sa flûte. J’en joue tous les jours. Pour déconnecter et se recentrer, c’est magique. »

 

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