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L’ingénieur qui se réinvente

Jean-Pascal Foucault, Po 90, génie civil

Par Catherine Florès
1 mars 2017 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Mars 2017)
1 mars 2017 - Source : Magazine Poly
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L’année 2004 représente un moment charnière dans la vie de Jean-Pascal Foucault. Jusque-là, ce titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise recherche en génie civil menait sa carrière dans le secteur public au Québec. Il s’était fait un nom dans le domaine de la gestion stratégique des parcs d’actifs depuis 1999 et avait écrit un livre sur le sujet avec le Pr Guy Leclerc (son directeur de maîtrise à Polytechnique).  

En novembre 2003, l’Association française des ingénieurs de maintenance invite M. Foucault à donner une conférence en France. C’est l’occasion d’exposer à un public français sa vision du cycle de vie des infrastructures, qui rejoint le concept d’économie circulaire. Parmi les personnes qui assistent à la conférence se trouvent une représentante de l’Université de technologie de Compiègne (UTC), Manuela Sechilariu, directrice du laboratoire AVENUES, ainsi qu’un responsable de la maintenance des Aéroports de Paris, Bernard Chamayou. La première lui propose spontanément un poste à l’UTC; le second, un mandat de consultant.

Coup d’essai transformé en installation longue durée

« Je me suis donné la chance d’essayer, pendant trois mois. J’ai été surpris par l’accueil chaleureux que l’UTC m’a réservé. Mon approche pragmatique, en partie façonnée par ma formation à Polytechnique, bien que détonnant un peu dans le milieu universitaire français, rencontrait un grand intérêt en France », témoigne M. Foucault. Le coup d’essai se transforme alors en installation de longue durée, une expérience qui aiguise sa capacité d’adaptation. « S’adapter à une autre culture, c’est tout réapprendre. Cela demande à la fois humilité et confiance. Je pense que ce sont des qualités très présentes chez les ingénieurs formés au Québec, c’est pourquoi ils sont capables de s’intégrer dans tous les marchés de la planète. »

Alors qu’il commence à enseigner à l’UTC, il se voit confier l’implantation de son modèle de gestion des parcs d’actifs à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle. « Ce projet pilote d’envergure a mis en lumière le potentiel de développement du modèle. Le président de l’UTC m’a alors encouragé à lancer une startup. » Après quelques années d’incubation à l’UTC, l’entreprise, tbmaestro, déploie ses ailes en 2011 en France. Elle produit des outils d’aide à la décision visant à générer des modèles de gestion durable des actifs immobiliers, d'infrastructures urbaines et industrielles, et intégrant une approche cycle de vie.

Enrichir son bagage en permanence

Aujourd’hui, l’entreprise, qui a aussi ouvert des bureaux au Québec, enregistre une croissance annuelle de 34 %. M. Foucault en a confié les rênes à une directrice, en France, et à un directeur, au Québec, mais conserve un rôle de conseiller scientifique et technique, tout en continuant à enseigner. Par ailleurs, il termine un doctorat en économie. « Enrichir en sciences humaines son bagage apporte une nouvelle dimension à la vision de l’ingénieur. J’ai eu envie de poursuivre la formalisation de ma pensée. Ce doctorat, dirigé par un économiste de renom, le Pr Yann Moulier-Boutang, représente une nouvelle aventure intellectuelle. »

M. Foucault attribue la réussite de son expérience internationale à une capacité de se réinventer et à maintenir intacte son aptitude au bonheur, qui lui permet de faire face aux aléas professionnels et personnels. « J’aborde la vie comme j’aborde l’innovation : pour moi, c’est comme être au milieu de l’océan sur un bateau qu’on a bricolé soi-même. Il n’y a pas de rivage visible, on doit tracer sa propre trajectoire. »

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