
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Bons baisers d’Europe
Jean Bergeron, Po 91, génie mécanique
« J’ai toujours souhaité connaître d’autres cultures, d’autres points de vue sur le monde », déclare Jean Bergeron. En 1991, à peine son baccalauréat de génie mécanique en poche, il part découvrir l’Europe, accomplissant un vieux rêve. « La riche histoire des pays européens me passionne depuis mes quinze ans. »
Du génie à la finance
À la suite de son séjour touristique, il décide de demeurer sur le Vieux Continent et s’inscrit à l’École centrale Paris, où il obtient un doctorat en génie industriel trois ans plus tard. C’est en France que démarre aussi sa carrière, d’abord en développement des affaires dans le domaine des nouveaux matériaux pour l’aéronautique, puis dans celui des fusions et acquisitions chez HSBC. Au début des années 2000, il entre dans une société de capital-investissement de la banque Lazard. Depuis une quinzaine d’années, il dirige une firme d’investissements, North Capital, basée à Neuilly-sur-Seine.
S’ouvrir à la dimension culturelle
Ses fonctions l’amènent à souvent voyager à l’étranger pour prospecter des marchés. Avec l’expérience, il a développé une forte attention aux relations interculturelles. « C’est essentiel quand on travaille avec une clientèle ou des collaborateurs de divers pays. Je recommande de s’informer sur la culture, l’histoire, la politique et, idéalement, la langue, du pays où on veut développer des affaires. Ainsi, on comprend mieux les besoins, la façon de penser des interlocuteurs. Ils ne nous en apprécient que plus et les démarches d’affaires s’en trouvent facilitées. De plus, cela peut éviter quelques faux pas… »
Selon lui, cette attitude permet de nous affranchir du prisme dans lequel notre propre culture enferme notre vision et d'aller au-delà des clichés. « Par exemple, on considère généralement la France comme un pays hédoniste, mais on ignore souvent que c’est un des plus productifs au monde. »
Il encourage fortement les futurs ingénieurs à profiter des possibilités de faire des échanges ou des stages à l’étranger. « Ça peut changer une vie ! D’autant qu’on le fait à l’intérieur du cadre solide des études ou du travail, qui nous offrent le meilleur moyen de comprendre le fonctionnement de la société d’accueil, bien mieux qu’un séjour touristique. » Car, pour que l’expérience internationale soit pleinement réussie, il faut y mettre les efforts, avertit-il.
Le génie, une école de la réalité
Il considère que sa formation polytechnicienne lui a fourni une base essentielle pour sa carrière internationale. « Le génie, c’est une recherche de la réalité. Quand on fait le calcul de résistance d’une poutre, ce sont des éléments de la réalité que l’on cherche à obtenir. Or, dans l’univers des affaires, les informations qui nous parviennent peuvent être déformées ou orientées selon les intérêts des uns ou des autres. C’est le cas aussi dans le monde médiatique. Les mêmes faits ne sont pas traités de façon identique par les médias selon le pays où on se trouve. Or, l’ingénieur est l’ennemi naturel du propagandiste ! Sa démarche scientifique le pousse à trouver la réalité objective derrière les informations. Cette rigueur intellectuelle fait également merveille dans la stratégie des affaires. »