
Le Magazine de Polytechnique Montréal
À la conquête du ciel dans son laboratoire
Portraits de professeurs

Pr Daniel Therriault, Département de génie mécanique, Prix d’excellence en recherche et innovation 2020
Suivre sa bonne étoile
À huit ans, Daniel Therriault rêvait de la conquête spatiale. Il se voyait devenir astronaute et remplissait ses cahiers de dessins de navettes. Un intérêt qu’il a conservé en grandissant, tandis que son don pour les sciences s’affirmait. À l’heure d’entrer à l’université, en 1994, il quitte sa ville natale de Rimouski pour étudier au programme de baccalauréat en génie mécanique à Polytechnique, avec une spécialisation en technologies aérospatiales. Il ne le sait pas encore, mais il s’apprête à vivre une période déterminante pour sa future carrière.
« Je me suis fortement impliqué dans la vie étudiante, se souvient-il, et pas seulement en tant que fervent amateur des 5 à 7 étudiants! J’ai, par exemple, fait partie de l’équipe de Polyrad, la radio étudiante de Polytechnique, et surtout, j’ai été un membre fondateur de la société technique Avion-cargo. Je m’y suis énormément investi. À l’époque, Polytechnique était quasiment devenue ma maison, j’y passais le plus clair de mon temps. Grâce à ce que j’ai expérimenté dans ma formation et au sein d’Avion-cargo, j’ai découvert que j’aimais fabriquer des choses et j’ai développé un vif intérêt pour les matériaux et les structures. »
Après son bac puis une maîtrise à Polytechnique, il part aux États-Unis, direction le Midwest, pour entreprendre un doctorat. « Au baccalauréat, j’étais parti en échange à Austin, au Texas, afin d’améliorer mon anglais. Une belle expérience que j’avais envie de renouveler, cette fois dans un environnement de recherche. » Il est admis à l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, où il fait deux rencontres significatives : la première avec le Pr Scott White, chercheur en génie aérospatial mondialement connu comme un pionnier des matériaux autocicatrisants, qui devient son mentor; la seconde avec sa future épouse. À l’issue de son doctorat en 2003, l’industrie aérospatiale n’est pas en grande forme aux États-Unis, ce qui l’encourage à revenir au Québec, où un poste de professeur à Polytechnique l’intéresse. Succès de recherche
C’est donc dans le milieu de la recherche universitaire que Daniel Therriault va réaliser son rêve. Les travaux qu’il mène à Polytechnique sur des méthodes de fabrication avancées et les structures composites haute performance visent à fournir à l’industrie aéronautique des matériaux innovants, plus légers et plus résistants qui lui permettront de réaliser des gains importants sur les plans économique et environnemental. Les innovations technologiques développées par son équipe se font remarquer par l’industrie mais aussi par les médias. Ainsi, en 2010, son procédé d'impression 3D de nanostructures assistée par rayonnement UV figure au palmarès des dix découvertes scientifiques de Québec Science, tout comme ses capteurs de mouvement imprimés en 3D en 2018.
En 2019, la Chaire industrielle en fabrication additive des composites à matrice organique du Pr Therriault est lancée avec le partenariat du groupe Safran. « Le soutien de l’industrie me permet de rêver plus grand pour mes recherches, déclare le Pr Therriault. Mon équipe peut réaliser des projets ambitieux de développement de structures complexes et intelligentes. »
Un professeur très à l’écoute
Daniel Therriault est le genre de professeur qui sait transmettre la passion de sa discipline à ses étudiants, au baccalauréat comme aux cycles supérieurs. Ce qui le motive le plus, souligne-t-il, c’est l’interaction qu’il a avec eux. Cette année, pandémie oblige, il fait pour la première fois de l’enseignement à distance. « C’est un défi de donner un cours à des étudiants sans les voir. Mais je m’adapte et je tente de rendre malgré tout mon cours dynamique. » Avec son équipe, il a retrouvé avec bonheur l’accès à son laboratoire depuis cet été. Malgré les contraintes dues aux mesures sanitaires, les travaux se déroulent bien. Pour préserver l’esprit d’équipe, il a remplacé les séances de discussions spontanées qu’il avait instaurées dans son laboratoire par une permanence sur la plateforme Webex chaque vendredi midi. « C’est comme si je laissais la porte de mon bureau ouverte virtuellement. Les étudiants peuvent s’inviter à venir discuter avec moi. »
Lui arrive-t-il de s’imaginer avoir suivi une autre carrière? « Difficilement. Mais j’aurais sans doute pu choisir le domaine des jeux vidéos. J’adore y jouer! Avec mes enfants, nous faisons des parties épiques. »