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Kathy Baig, femme d’influence positive

Par Catherine Florès
5 mars 2024 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Printemps 2024)

Que fait un ingénieur dans la vie? Au moment de s’inscrire à Polytechnique, Kathy Baig, ing., MBA, ASC, DHC, Po 2004, génie chimique, n’en avait pas d’idée précise. « Je ne connaissais aucun ingénieur et personne ne m’avait jamais parlé de l’ingénierie. J’avais fait sciences pures au cégep sans vision claire de ma future carrière, cependant, je voulais que celle-ci soit épanouissante, pleine de défis et d’opportunités. Et j’avais la perception qu’une formation en génie pouvait me l’apporter », se remémore-t-elle. Des débuts surprenants pour celle qui allait porter les couleurs du génie québécois et canadien, à titre de présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec de 2018 à 2022, puis d’Ingénieurs Canada de 2022 à 2023.

Kathy Baig, vice-présidente et directrice principale, Stantec
Kathy Baig, ing., MBA, ASC, DHC, et vice-présidente et directrice principale chez Stantec.

 

On ne nait pas ingénieure, on le devient

« Mon immersion dans l'industrie lors de mon premier emploi chez IBM à Bromont a été le moment où je me suis véritablement sentie devenir ingénieure, réalisant l'étendue de mon rôle et des nombreuses options qui s'offraient à moi », poursuit Mme Baig. Pour ce poste, elle a même modifié ses projets personnels : « À l’époque, mon compagnon et moi projetions d’acheter une maison à Montréal. Afin d’épargner pour notre mise de fonds, nous avions décidé d’habiter encore quelque temps chez nos parents. Mais l'opportunité chez IBM était trop belle pour être ignorée! J’ai déménagé sur la Rive-Sud. Cette décision a façonné mon parcours; il a été influencée par la culture d'excellence et de sécurité chez IBM, ainsi que par la modernité des installations à Bromont, qui a radicalement transformé ma perception des usines. »

Elle a concrétisé son désir de changement et d'apprentissage constant en se forgeant une carrière dynamique. Après un passage chez IBM, elle a évolué chez Johnson & Johnson, Pyrogenesis Canada et Aéroports de Montréal, assumant des rôles variés de gestion de projets. Actuellement, en tant que vice-présidente et directrice principale chez Stantec, elle se consacre au positionnement et au développement de l’entreprise et à la direction d’un service de la ligne d’affaire Transports. « Mes transitions professionnelles furent toutes guidées par mes choix. Elles témoignent de la flexibilité qu'offre le titre d'ingénieur, permettant de naviguer aisément entre divers secteurs et domaines de responsabilités. »

Détenant également un diplôme en administration des affaires de HEC Montréal, elle s’implique au sein de conseils d’administration d’organisations œuvrant dans les domainesdes arts, des technologies et du transport.

Investie à 100 % dans sa profession

En 2016, à tout juste 35 ans, Mme Baig est nommée à la présidence de l’OIQ. De son propre aveu, c’est l’un des mandats les plus tumultueux qu’elle a eu à assumer. À cette époque, l’organisme vivait une crise importante et s’est retrouvé placé sous tutelle par décision du gouvernement provincial. « La confiance était à rebâtir. Avec mon équipe, je me suis entièrement investie pour changer la culture organisationnelle de l’Ordre, assainir ses relations avec le gouvernement et restaurer l’image de la profession. » Mission accomplie pour la combative et méthodique ingénieure, qui s’est, de plus, activement engagée dans la promotion de la diversité en génie.

Elle a ensuite poursuivi cet engagement, cette fois au niveau national, en acceptant la présidence d’Ingénieurs Canada. « Je suis fière, notamment, d’avoir pu contribuer à augmenter la représentation des femmes en génie au pays. »

Préparer la relève à un monde en accélération

En observatrice attentive des attentes de la société envers les ingénieurs, elle souligne l'importance croissante des compétences sociales et relationnelles chez les étudiants en génie, en raison de la complexité croissante des projets multidisciplinaires intégrant des innovations technologiques majeures, ainsi que de la pression des enjeux climatiques et sociétaux. « La vision stratégique et les compétences en gestion du changement, résolution de conflits et communication deviennent aussi cruciales que les connaissances scientifiques. Les universités doivent poursuivre leurs efforts pour rapprocher leurs programmes de l'industrie, afin que les jeunes diplômés n'aient pas à tout réapprendre en arrivant dans les entreprises. »

Assurer une relève représente un défi majeur pour le génie, surtout dans un contexte où toutes les professions rivalisent pour attirer les meilleurs talents, note-t-elle. « Promouvoir le génie auprès des jeunes et leur montrer divers modèles d’ingénieurs sont cruciaux. Les entreprises devraient aussi être ouvertes à immerger les jeunes dans leur univers. Incitons également les ingénieurs à s’exprimer davantage dans l’espace public sur leur rôle et sur leurs enjeux. Je rêve de voir un jour une série télévisée dont les héros seraient des ingénieurs! »

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