
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Innovation : le grand pari visionnaire de Pierre Lassonde

© Thierry du Bois
« L'innovation est aujourd’hui le moyen d’améliorer la vie de plus de monde possible. » C'est avec cette conviction chevillée au corps que l’homme d’affaires et mécène Pierre Lassonde, Po 71, a fait un grand pari sur l’innovation québécoise. Un pari de 50 millions de dollars, offerts à Polytechnique Montréal. Ce don, le plus important de l'histoire de l'établissement et de la propre carrière philanthropique de M. Lassonde, marque un tournant décisif dans la campagne ÇA SE PENSE À POLY. Il s'agit d'un investissement visionnaire dans un institut pour les innovations de rupture qui pourrait redessiner le paysage technologique québécois.
Former des générations audacieuses
M. Lassonde a bâti sa fortune dans le secteur aurifère. S’il n'a rien perdu de son flair pour détecter les gisements de valeur, les filons qui l’intéressent aujourd’hui sont immatériels et infiniment plus précieux : les idées transformatrices et les avancées scientifiques qui façonneront notre avenir collectif. Le philanthrope dévoile avec enthousiasme le rêve qu'il mûrit depuis plusieurs années pour son alma mater : qu’elle devienne une génératrice des technologies transformatrices susceptibles de révolutionner des industries entières au Québec et dans le monde.
La vision du futur institut, inspirée de discussions entre M. Lassonde et Oussama Moutanabbir, professeur titulaire au Département de génie physique, s’annonce résolument ouverte : quantique, intelligence artificielle, photonique, nanotechnologies... Toutes les technologies d'avenir y seront explorées, sans œillères disciplinaires, dans un écosystème fertile où l’entrepreneuriat sera encouragé à prendre sa place.
« À Polytechnique, nous avons les talents scientifiques et l’infrastructure de recherche de pointe nécessaires. Mon don aidera à créer les conditions pour attirer les meilleures têtes, afin qu'elles réalisent leurs études doctorales, développent des innovations et les apportent sur le marché », explique Pierre Lassonde.
Retenir la propriété intellectuelle au Québec
Pour Pierre Lassonde, l'enjeu dépasse largement le cadre universitaire. Il s'agit de doter les équipes de Polytechnique de la capacité de développer et, surtout, de conserver au Québec des propriétés intellectuelles à forte valeur ajoutée.
« Lorsqu'on regarde ce qui a pu se faire dans la Silicon Valley, où des propriétés intellectuelles ont parfois généré des milliards de dollars et des milliers d'emplois, des taxes qui reviennent au pays... C'est une ambition à se fixer », soutient-il. Il cite en exemple l'institut d'entrepreneuriat qu'il a fondé à l'Université de l'Utah, devenu une véritable machine à créer des emplois grâce aux brevets développés en son sein. L’histoire d’une réussite qu'il rêve de reproduire à Montréal.
Dans un contexte économique mondial de plus en plus compétitif, ce don majeur positionne Polytechnique Montréal comme un acteur incontournable de l'innovation technologique, capable d’influencer le développement économique du Québec et même du Canada. « Après l'agriculture au 19e siècle, l'industrie manufacturière au 20e et l'ère des services au début du 21e, la nouvelle révolution économique s'appuiera sur les technologies de rupture. Soutenir le développement de ces technologies, c'est la meilleure façon de créer de la richesse pour un pays », résume Pierre Lassonde, appelant à un système fiscal qui encourage l'innovation et la rétention de la propriété intellectuelle au Québec.
Effet papillon
Le don majeur de Pierre Lassonde représente le nouveau jalon de la longue histoire qui le lie à Polytechnique. L’université de génie est pour lui plus que son alma mater, a-t-il souligné durant la cérémonie de remise du don, la voix altérée par l’émotion. Durant ses études de baccalauréat de 1967 à 1971, il y a en effet rencontré la brillante étudiante qui allait bientôt devenir son épouse, la regrettée Claudette MacKay-Lassonde. Les pavillons Pierre-Lassonde et Claudette MacKay-Lassonde, où s’est déroulée la cérémonie, ont vu eux-mêmes le jour grâce à un don substantiel de M. Lassonde en 2002.
Celui-ci n'est cependant pas de ceux qui font des dons pour voir leur nom briller sur la façade d'un bâtiment. « Je n'ai jamais une attente de retour sur investissement par rapport à mes dons », affirme-t-il. Sa motivation réside ailleurs : « Avoir un impact positif sur le plus de monde possible : nos étudiantes et étudiants vont pouvoir changer la donne pour le Québec, et possiblement le monde entier, avec leurs innovations. La vie de millions de personnes pourrait s’en trouver changée. »
Dans les laboratoires de Polytechnique, ce don insuffle un vent d'optimisme et d'audace. De nombreuses idées jusque-là en gestation vont y trouver l'oxygène nécessaire pour s'épanouir pleinement.