
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Génie ferroviaire à Polytechnique Montréal : le train quitte bientôt la gare

De gauche à droite : Pr Owen Waygood, du Département des génies civil, géologique et des mines; Pierre Langlois, directeur des affaires académiques et de l'expérience étudiante; Vincent-Pierre Giroux, directeur de la gestion des talents, Amériques, chez Alstom; Laurence Lebel, directrice de l’ingénierie de systèmes chez AtkinsRéalis. (Photo : Jorge Martinez)
Une orientation de quatre cours en génie ferroviaire devrait voir le jour à Polytechnique Montréal, dès septembre 2025, dans le cadre d’un partenariat avec les firmes Alstom et AtkinsRéalis. Cette initiative visera à répondre à un besoin urgent dans le développement du transport durable au Québec.
« Le transport ferroviaire est le type de transport collectif le plus efficace en milieu urbain. Or, on ne peut le développer adéquatement sans avoir des experts ayant reçu une formation appropriée », affirme Owen Waygood, professeur titulaire au Département des génies civil, géologique et des mines de Polytechnique Montréal.
« L’absence de formation universitaire en génie ferroviaire au pays nous prive de relève en la matière. Cette nouvelle formation initiale permettra aux nouveaux ingénieurs qui arrivent sur le marché du travail d’avoir, dès le départ, un minimum de compétences pour pouvoir œuvrer rapidement et efficacement dans le secteur. Actuellement, l’expertise existe principalement en entreprise », ajoute Laurence Lebel, directrice de l’ingénierie de systèmes chez AtkinsRéalis et diplômée de Polytechnique Montréal.
Des professionnels très demandés
Des ingénieurs ayant une formation, même sommaire, en génie ferroviaire sont actuellement très demandés. « Plusieurs projets importants de transports collectifs sont présentement en cours ou en développement au Canada, rappelle Vincent-Pierre Giroux, directeur de la gestion des talents, Amériques, chez Alstom. On pense évidemment au Réseau express métropolitain (REM) dans le Grand Montréal, au Skytrain de Vancouver et à d’autres projets à Toronto, Ottawa et Edmonton. »
« Chez Alstom, nous nous sommes rendu compte que, chaque fois que nous sommes appelés à travailler sur de tels projets, nous devons aller chercher des talents à l’extérieur, notamment en Europe. Bien que le Canada ait été fondé sur le développement de cette industrie, on a curieusement perdu ce type de formation dans nos universités, ajoute ce diplômé de Polytechnique Montréal. Dans le cadre de ce partenariat avec Polytechnique Montréal, nous comptons aller chercher les contenus ailleurs, les hiverniser et les adapter à la réalité canadienne. Nous voulons élever ces savoirs aux normes nord-américaines, dans l’objectif de former des ingénieurs outillés pour agir en fonction de nos besoins spécifiques canadiens. Présentement, nous avons chez Alstom une centaine de postes d’ingénieurs ouverts au pays, dont la moitié au Québec. Plus d’un millier d’emplois en génie ferroviaire sont également disponibles chez nous à l’international. La formation québécoise qui débutera sous peu à Polytechnique aura des débouchés partout sur la planète. Le besoin est bien réel et ces emplois ont un impact direct sur la décarbonisation et donc sur le développement durable. »
Un partenariat formateur
Pour Pierre Langlois, directeur des affaires académiques et de l'expérience étudiante à Polytechnique Montréal, c’est la volonté de répondre directement à ce besoin criant et réel de l’industrie ferroviaire qui est à l’origine du partenariat entre Polytechnique Montréal, Alstom et AtkinsRéalis. Le tout avec un objectif avoué d’agir de façon concrète face à des préoccupations liées aux enjeux de décarbonisation et au développement durable. « Nous avons donc travaillé très fort afin de mettre en place, le plus rapidement possible, une offre en partenariat avec l’industrie, et nous sommes très fiers des résultats que nous annonçons aujourd’hui. Ce fut un grand travail d’équipe avec l’industrie. En créant cette orientation, nous répondons à la demande de nos étudiants tout en posant un geste concret pour le développement durable. »
Travailler localement sur les enjeux dans nos communautés
L’orientation en génie ferroviaire est mise en place par une équipe de spécialistes très engagés de Polytechnique Montréal. Cette dernière développe les contenus des cours directement à partir de gabarits et de matériel préparés par les acteurs de l’industrie que sont Alstom et AtkinsRéalis, afin d’offrir des cours axés sur la réalité et les besoins du milieu. « On vise à intéresser des étudiants qui, au départ, ont des préoccupations en transport, donc en génie civil. Mais, d’autres disciplines, comme le génie mécanique, le génie informatique, le génie industriel et le génie électrique, seront également abordées dans ces cours. Cela entraînera peut-être la création d’un prototype multidisciplinaire nouveau, une nouvelle façon de concevoir la formation d’ingénieur », mentionne Pierre Langlois.
Cette orientation permettra à une nouvelle génération d'ingénieurs de travailler sur des projets locaux de transport collectif, contribuant directement au développement durable de nos centres urbains. Leurs réalisations auront un impact environnemental concret sur leurs propres communautés. « Travailler dans le domaine du transport ferroviaire, c’est travailler dans un secteur où nous sommes en mesure de réellement changer la donne au sein de notre propre communauté et ça, c’est très emballant », termine Laurence Lebel d’AtkinsRéalis.