Carrefour de l'actualité

Équiper les femmes de terrain

Entrepreneuriat

Par Catherine Florès
10 septembre 2022 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Automne 2022)
10 septembre 2022 - Source : Magazine Poly
VersionPDFdisponible (Automne 2022)

« Il était temps que quelqu’un s’en occupe. Enfin! » Cette réaction, Maude Lagacé Charette la reçoit chaque fois qu’elle explique la mission de son entreprise, Loam Sécurité, à un distributeur d’équipements de protection individuelle. Cette diplômée en génie géologique (Po 2018) souhaite, en effet, répondre à un besoin grandissant dans le milieu industriel : fournir des vêtements de sécurité adaptés à la morphologie des femmes.

Maude Lagacé Charette
Maude Lagacé Charette, fondatrice de Loam Sécurité

 

« Depuis que j’ai commencé ma carrière dans le secteur minier, je me suis aperçue que les équipements de protection individuelle requis sur les chantiers ou dans les laboratoires ne sont jamais conçus selon des gabarits féminins, témoigne la jeune entrepreneure. Même les équipements prétendument unisexes sont basés sur des gabarits masculins. Mal adaptés à la morphologie féminine, ils sont inconfortables pour les femmes, aujourd’hui plus nombreuses dans les milieux traditionnellement perçus comme masculins, tels les mines ou les chantiers de construction. C’est pourquoi il me semblait nécessaire d’apporter une solution qui réponde aux normes strictes de santé et sécurité tout en offrant plus de confort aux femmes. »

L’idée lui a trotté dans la tête quelque temps avant qu’elle ne prenne l’initiative de la développer sérieusement. L’occasion lui en a été fournie quand un de ses mandats a impliqué de longues périodes de télétravail. « J’ai eu du temps pour rédiger un plan d’affaires et pour me renseigner sur les ressources possibles pour faire aboutir mon projet, car j’ignorais par où commencer. J’ai pris alors contact avec le Bureau de soutien à l’entrepreneuriat de Polytechnique et tout s’est enclenché. Le Bureau m’a aidée à peaufiner ma vision, à valider le marché et à comprendre les attentes des acheteurs, à définir mon modèle d’affaires, à bâtir mon argumentaire, et enfin, à réseauter. Inutile de vous dire que j’ai compris que c’est une très mauvaise idée d’établir son plan d’affaires tout seul dans son coin! J’ai dû refaire le mien au complet. »

Mme Lagacé Charette vise un référencement de ses produits chez tous les distributeurs fournissant les minières, d’abord au Québec, et dans un second temps, partout au Canada. « J’ai une collection prête, mais il me faudra attendre jusqu’en 2024 pour que mes produits soient disponibles dans les magasins. Toutefois, je serai en mesure de faire mes premières ventes en ligne dès l’an prochain, sur le site loamsafety.com. »

Si Loam Sécurité a franchi un grand pas en établissant un partenariat avec une entreprise qui se charge de la recherche de textiles, du patronage, de la gestion de la fabrication et des expéditions, il lui reste à trouver des partenaires financiers qui lui permettraient de sécuriser son activité. « C’est un défi pour moi, car les investisseurs n’ont tendance à accepter de financer un projet que si l’entrepreneur y travaille à temps plein. Or, je n’ai pas le choix de continuer à occuper un autre emploi jusqu’à ce que mon entreprise dégage suffisamment de bénéfices. Jusqu’à maintenant, j’ai tout financé par moi-même, je n’ai pas de filet de sécurité », témoigne Maude Lagacé Charette qui travaille en rotation dans une mine de fer du Nord. 

« Mon horaire de travail me laisse deux semaines par mois pour travailler à temps plein sur mon projet. C’est l’idéal. J’ai mis mon employeur au courant, en toute transparence. Il m’a encouragée, l’intrapreneuriat est en vogue », poursuit Mme Lagacé Charrette qui souligne à quel point elle trouve satisfaisant de concrétiser sa vision et de résoudre une problématique qu’elle a cernée par elle-même.

Les investisseurs ou distributeurs peuvent communiquer avec Mme Lacacé Charrette à loam.safety@gmail.com

 

À lire aussi

10 mars 2020
Magazine Poly

Caroline Boudoux : le bonheur est dans la science

1 mars 2023
Magazine Poly

Une BD vaut mille mots