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Denis Gauvreau, directeur de l’innovation et du développement des affaires

Entretien

18 février 2019 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Hiver 2019)
18 février 2019 - Source : Magazine Poly
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Denis GauvreauPolytechnique a récemment nommé M. Denis Gauvreau directeur de l’innovation et du développement des affaires pour un premier mandat de quatre ans. La mission de M. Gauvreau, qui s’inscrit dans la droite ligne du plan stratégique « Poly 2023 : créons l’avenir ! », sera de fédérer les entrepreneurs de l’innovation de Polytechnique, de les connecter avec le marché et d’accompagner leur démarche de transfert technologique.

SUR QUELS ASPECTS DE POLYTECHNIQUE CONCEVEZ-VOUS D’APPUYER LA STRATÉGIE D’INNOVATION ET DE DÉVELOPPEMENT DES AFFAIRES ?

D’après ma réflexion menée de longue date sur la dynamique d’innovation, les systèmes d’innovation les plus efficaces et les plus porteurs sont construits sur des plateformes technologiques performantes.

À Polytechnique, je constate l’existence de plateformes technologiques variées, capitalisées, gérées par un personnel qualifié et extrêmement compétent, et qui exercent une incontestable force d’attraction sur les chercheurs d’exception et les partenaires industriels. Elles représentent donc un actif remarquable, notamment par leur capacité à contribuer à la production de nouvelles connaissances, à fournir des terrains d’essai pour les nouvelles idées des chercheurs et à réaliser des transferts technologiques vers l’industrie. Nous pouvons miser sur ces espaces collaboratifs pour rassembler nos « joueurs » et accélérer le processus d’innovation.

Il y a aussi la réputation d’excellence de Polytechnique qui représente un actif très attrayant.

QUELLE PLACE DONNEZ-VOUS AU FACTEUR HUMAIN DANS LE SUCCÈS DE L’INNOVATION ET DES AFFAIRES ?

Une place centrale. L’innovation, c’est avant tout un jeu d’équipe, où les gens comptent davantage que les produits. Et à en juger par des réalisations comme IVADO ou TransMedTech, les gens de Polytechnique possèdent l’esprit d’équipe et une ouverture aux autres disciplines et aux autres univers.

Aujourd’hui, innovation et entrepreneuriat sont des termes à la mode, mais plus que des concepts, ils désignent des attitudes face aux opportunités et aux risques. C’est pourquoi je pense qu’il est judicieux de commencer par travailler avec les professeurs qui ont des projets de valorisation, voire des entreprises, ainsi qu’avec les aspirants à l’entrepreneuriat, nombreux chez les étudiants, mais aussi présents parmi les membres du personnel. Il y a un génie entrepreneurial à Polytechnique, libérons-le !

L’innovation dans une université d’ingénierie comme Polytechnique présente-t-elle, selon vous, un caractère particulier ?

Tout d’abord, je définirai l’innovation – au sens où nous l’entendons ici – par une application qui améliore les produits, services ou processus d’une entreprise, et qui a un impact commercial.

On ne se cachera pas que l’innovation technologique en milieu universitaire, c’est nettement plus compliqué qu’en entreprise ! Tout d’abord, le chercheur qui vise la commercialisation de son idée se trouve généralement très en amont dans le processus. Au départ, il est dans le vide, pour ainsi dire, car sans cadre corporatif pour l’appuyer dans le développement des affaires, sans accès facile à des financements importants, et très souvent dans un écosystème d’innovation peu développé. S’il crée une start-up, il devra ensuite faire des choix personnels et s’entourer de gestionnaires compétents. En d’autres mots, le chercheur doit suivre un parcours tortueux pour trouver toutes ces ressources, avec le risque qu’en cours de route, il soit surclassé par la compétition.

À tout le moins, je crois que la règle de base pour les chercheurs et entrepreneurs en milieu universitaire est de toujours se tenir très proches des besoins du marché. Car, en entreprise comme en milieu universitaire, la règle est la même : pour générer de l’intérêt concret des marchés et, par inférence directe, pour obtenir des financements conséquents, il faut se connecter avec ses aspirations et comprendre ses problèmes.

Cette proximité avec les marchés doit se concevoir comme un dialogue constant et concret avec les leaders commerciaux ainsi qu’avec les investisseurs. Ceci étant dit, je conçois que ce ne sont pas tous les chercheurs qui veulent, ou doivent, devenir des entrepreneurs. Ainsi, la liberté qu’ont les professeurs de faire de la recherche fondamentale ou appliquée et de choisir leurs thèmes de recherche doit demeurer un principe incontestable.

À Polytechnique, je constate que différents maillons de la chaîne d’innovation existent déjà, comme le Centre d’entrepreneuriat, l’incubateur, le Fablab ou la société Univalor, par exemple. Mon rôle est de voir comment faire passer ce système à une vitesse supérieure et d’impliquer les acteurs internes et externes nécessaires pour venir en appui aux porteurs de projets avec un potentiel d’innovation.

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