
Le Magazine de Polytechnique Montréal
De nouveaux pôles d’excellence en recherche pour mieux servir la société
Recherche

Polytechnique aspire à répondre avec dynamisme aux grands enjeux d’avenir de notre société, par la formation de personnel hautement qualifié et par la poursuite de travaux de recherche interdisciplinaires, en synergie avec son milieu et en s’appuyant sur sa communauté comme moteur de développement. Le nouveau plan stratégique adopté par Polytechnique à l’automne 2018 concrétise cette aspiration. Polytechnique a également réaffirmé son désir d’être une source d’inspiration, une référence dans son domaine et un modèle de diversité et d’inclusion, fermement convaincue que ces valeurs favorisent l’essor de sa créativité et constituent un indéniable catalyseur d’excellence dans ses activités de formation et de recherche.
Pour ce faire, Polytechnique préconise la poursuite d’activités de recherche et développement multidisciplinaires afin de maximiser son impact intellectuel, économique, environnemental et sociétal, en favorisant une approche collaborative et synergique avec de nombreux partenaires. Ce qui inclut des chercheurs universitaires et gouvernementaux, des partenaires industriels allant de PME locales à de grandes multinationales, des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux, ou encore des centres hospitaliers.
Refléter notre capacité d’impact
Notre mission demeure celle de former des ingénieures et ingénieurs ainsi que des scientifiques de très haut niveau pour qu’ils relèvent les défis d’un monde en mutation et deviennent des acteurs-clés du changement.
Nos pôles d’excellence en recherche se devaient de mieux refléter notre vision de la recherche, d’être représentatifs de nos bassins d’expertise et des domaines dans lesquels nous souhaitions consolider notre implication et concentrer nos ressources, afin de maximiser l’impact de notre établissement sur la société.
Le travail de réflexion a été mené par un groupe de professeurs mis en place par la Direction de la formation et de la recherche (DFR). Il a consulté chacune des assemblées départementales et échangé de façon informelle avec de nombreux intervenants. Je désire d’ailleurs profiter de l’occasion pour remercier sincèrement celles et ceux qui ont contribué à notre réflexion.
Arrimage de nos forces
Nous avons d’abord dressé un inventaire en fonction d’indicateurs tels que le nombre de chercheurs travaillant dans chacun de ces domaines, les diverses unités de recherche démontrant un historique de collaboration scientifique, les infrastructures de recherche, le nombre et le type de partenariats avec l’industrie et d’autres parties prenantes.
Nous avons classifié ces domaines de recherche en utilisant comme points de référence les 17 objectifs de développement durable de l’ONU ainsi que les 14 grands défis de l’ingénierie déterminés par la National Academy of Engineering. En a découlé la définition de huit grands pôles d’excellence en recherche qui sont regroupés en trois catégories arrimées les unes aux autres :
- Polytechnique veut d’abord et avant tout mettre l’accent sur les grands enjeux de notre société, tels que déterminés par un ensemble d’acteurs socio-économiques régionaux, nationaux et internationaux. Ces enjeux s’articulent autour des quatre pôles suivants : Énergie, eau et ressources dans un monde en transition; Santé humaine; Industrie du futur et société numérique; Transports et infrastructures durables.
- En amont dans le continuum de la recherche, nous entendons également concentrer nos efforts et nos ressources autour de technologies dites « habilitantes », de nature plus fondamentale, mais essentielles. Ces technologies peuvent être appliquées à divers secteurs industriels et être utilisées par des chercheuses et chercheurs de différentes disciplines en sciences et en génie afin de développer des solutions originales et novatrices pour mieux répondre aux enjeux de société. Trois pôles-clés ont été désignés : Modélisation et intelligence artificielle; Matériaux innovants; Nouvelles frontières en technologies de l’information et des communications.
- Enfin, notre pôle Environnement, économie et société est lié à l’impact des technologies développées par nos chercheuses et chercheurs. Nous pensons pertinent d’anticiper cet impact et d’évaluer l’acceptabilité de nos travaux de recherche sur les plans environnemental, économique et sociétal. À cet effet, nous cherchons à impliquer les citoyens-utilisateurs de technologies issues de nos projets dès les premières étapes de ceux-ci. L’Institut TransMedTech le fait d’ailleurs déjà très bien. Avec une approche dite de recherche ouverte en innovation (« living lab »), l’ensemble de ses initiatives implique à la fois des chercheurs, des agences de réglementation, des entreprises biomédicales et des patients dans un écosystème visant à faciliter le transfert des avancées technologiques réalisées et leur adoption par le milieu médical, pour le bénéfice de la société. Les travaux du Pr Carl-Éric Aubin sur le développement de corsets améliorés pour corriger des problèmes de déformation du rachis illustrent cette démarche en impliquant la participation active des patients-partenaires qui apportent leur expertise expérientielle.

Ces nouveaux pôles jouent un rôle de vecteurs de promotion de nos forces et de nos programmes. Ils nous aideront à cerner des opportunités en recherche et à combler des lacunes dans certains domaines. Je mentionnerais notamment le recrutement récent de deux nouveaux professeurs-chercheurs en cybersécurité, un domaine qui fait appel à différentes technologies appartenant aux pôles habilitants « Modélisation et intelligence artificielle » et « Nouvelles frontières en technologies de l’information et des communications », et qui répond à des enjeux de société liés au pôle « Industrie du futur et société numérique ». En effet, afin de consolider son équipe de chercheuses et chercheurs en cybersécurité, Polytechnique a embauché deux sommités internationales, les Prs Nora Cuppens-Boulahia et Frédéric Cuppens. Ainsi, cette équipe sera mieux en mesure de recruter et de former davantage de personnel hautement qualifié en réponse à une forte demande en experts dans ce domaine.
Soutenir notre communauté de chercheuses et chercheurs et valoriser ses projets
C’est dans ce contexte que la Direction de la formation et de la recherche (DFR) a entrepris de revoir et actualiser sa propre mission. Nous accentuons aujourd’hui plus explicitement le soutien à la recherche et l’innovation. Nous voulons en effet offrir un accompagnement stratégique et opérationnel à nos chercheuses et chercheurs afin de mieux les aider à augmenter leur impact et à innover.
Tout en s’appuyant sur ces pôles d’excellence, la DFR soutient et valorise de diverses façons la communauté de recherche et d’innovation de Polytechnique, notamment par de l’accompagnement lors du montage et de la gestion des dossiers de subventions et de contrats, dont plusieurs impliquent des entreprises de toutes tailles, y compris un nombre croissant d’entreprises en démarrage. Ou encore, par le soutien significatif, et que nous souhaitons bonifier, de nos grandes infrastructures de recherche telles celles du (CM)2 (Centre de caractérisation microscopique des matériaux) et du GCM (Groupe de recherche en physique et technologie des couches minces).
Nous aiderons aussi nos équipes de recherche à mettre sur pied des projets d’envergure et d’autres initiatives structurantes, afin de positionner Polytechnique comme pilote d’initiatives de recherche majeures. À cet égard, Polytechnique se classe déjà comme un acteur de classe internationale dans plusieurs domaines, notamment dans les domaines de la science des données, des technologies biomédicales ou de l’ingénierie durable avec l’établissement d’initiatives majeures comme les instituts IVADO et TransMedTech. Nos nouveaux pôles d’excellence en recherche représentent en fait le socle sur lequel nous chercherons à consolider notre expertise, accroître nos ressources humaines et matérielles dans des domaines où nous pourrions cerner des lacunes, obtenir plus de financement, trouver de nouveaux partenaires, créer des groupes et centres de recherche, et ainsi accroître notre rayonnement sur les plans national et international.
Nous désirons également, de concert avec le POINT (Polytechnique Montréal international), soutenir nos chercheuses et chercheurs souhaitant développer de nouvelles collaborations afin de saisir des opportunités dans certains secteurs de recherche, dans des régions du globe où la présence de Polytechnique aurait avantage à s’accentuer. En particulier, nous visons un accompagnement accru concernant de grands programmes de recherche internationaux comme Horizon Europe.
Nous entendons également miser sur nos liens avec notre réseau de diplômés et les différents paliers de gouvernement, puisque cela nous permet de continuer à jouer un rôle de premier plan dans l’écosystème de recherche et d’innovation. Par exemple, forte du rayonnement de ses spécialistes en photonique quantique, Polytechnique a engagé il y a quelques mois des discussions stratégiques avec le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI) qui ont abouti à la création d’une plateforme québécoise de photonique quantique réunissant des chercheuses et chercheurs de plusieurs universités au Québec et dont la direction est assurée par Polytechnique. Celle-ci a également obtenu une chaire de recherche dans ce domaine.
Enfin, nous continuerons, comme nous le faisons depuis quelques années déjà, de miser fortement sur la valorisation des projets poursuivis par nos équipes de recherche. C’est pourquoi nous procédons, avec plusieurs intervenants, dont le MEI et le Bureau de coopération interuniversitaire (BCI), à une refonte du modèle québécois de valorisation. Ces changements s’inscrivent dans une démarche plus large amorcée il y a déjà plusieurs mois pour mieux valoriser nos activités de recherche. Essentiellement, nous nous donnons une capacité opérationnelle flexible de valorisation s’adaptant aux situations et aux besoins. Parallèlement, nous intensifions notre offre de formation, de même que l’accompagnement de nos étudiants-entrepreneurs, car nous désirons participer à la création de jeunes pousses à forte valeur ajoutée, d’emplois hautement qualifiés, pour ainsi contribuer activement au dynamisme économique du Québec.
Un message fort à nos partenaires
Au cours des dernières années, l’environnement de recherche dans lequel Polytechnique évolue a beaucoup changé. Polytechnique a joué un rôle prépondérant dans le cadre de plusieurs grandes initiatives qui lui ont permis de se positionner comme un acteur de stature internationale dans plusieurs domaines. Tout récemment, Polytechnique a contribué avec agilité et énergie à répondre à plusieurs défis posés par la pandémie. À titre d’exemple, l’équipe du CRÉDEAU a joué un rôle de premier plan en analysant la présence du coronavirus dans les eaux usées du réseau d’égouts de plusieurs grandes villes québécoises, ce qui a permis aux autorités sanitaires de suivre l’évolution de la pandémie de 2 à 7 jours avant le suivi traditionnel, et ce, à des coûts nettement plus faibles que les tests cliniques. Ces accomplissements reposent sur la grande qualité et le travail de notre corps professoral, de notre personnel de recherche et de nos étudiants et étudiantes. Ils viennent renforcer ma conviction que notre communauté détient le talent et la détermination nécessaires pour relever les objectifs que nous nous sommes fixés.
Nos nouveaux pôles d’excellence envoient le signal clair à nos partenaires (universités, organismes subventionnaires, gouvernements, entreprises) que Polytechnique peut et compte apporter une contribution scientifique et technologique significative et durable à la société. Nos professeures et professeurs, ainsi que leurs étudiantes et étudiants, pourront pour cela compter sur le soutien de notre établissement à l’ensemble de leurs activités de recherche.