Depuis avril dernier, la valorisation de la recherche publique du Québec fonctionne selon un nouveau modèle. Une nouvelle société de valorisation, Axelys, mise sur pied avec la contribution de Polytechnique Montréal, vient remplacer les trois sociétés de valorisation de la recherche universitaire (SVU), dont Univalor pour notre établissement, qui appuyaient les universités québécoises depuis 2001. Axelys bénéficie d’un budget plus élevé que ceux des précédentes SVU. Ses activités s’intègrent dans l’écosystème d’innovation que notre université est en train d’actualiser, dans la droite ligne de son plan stratégique. En effet, Polytechnique désire répondre aux défis auxquels notre société est confrontée, en intensifiant la recherche collaborative, l’échange et l’application de connaissances, de même que la commercialisation des technologies et procédés conçus par ses chercheurs et chercheures ainsi que par ses étudiants et ses étudiantes.

Valoriser la recherche pour relever les défis de la société

Dans mon billet du précédent numéro de Poly, je vous présentais les huit pôles d’excellence autour desquels sont structurées nos activités de recherche. Nos scientifiques réalisent chaque année plusieurs avancées scientifiques majeures qui contribuent à la renommée de notre établissement, en plus de mettre au point de nombreuses nouvelles technologies revêtant un intérêt dans plusieurs secteurs liés à nos pôles d’excellence. Plusieurs de ces avancées permettent en outre d’améliorer la qualité de vie de nos concitoyens en apportant, par exemple, des solutions à des problématiques environnementales. Elles impliquent des collaborations étroites avec un réseau étendu de partenaires industriels, universitaires, hospitaliers, gouvernementaux et autres, qui bénéficient de l’expertise de nos chercheuses et chercheurs, de leurs connaissances et des dites avancées technologiques réalisées en nos murs. Ces avancées sont depuis longtemps valorisées de diverses façons, allant par exemple de l’octroi de licences à des demandes de brevets, en passant par la création d’entreprises dérivées.

Nous travaillons en fait depuis longtemps à la résolution de grands défis de notre société. Mais nous voulons le faire mieux, et surtout de façon plus efficace, en anticipant les besoins de notre société et en y apportant des solutions technologiques, en collaboration avec nos partenaires et, surtout, avec les utilisateurs finaux de ces technologies. Cette collaboration trouve une de ses meilleures illustrations dans la recherche ouverte en innovation (living lab). Pour rappel, cette approche, sur laquelle est fondé l’Institut TransMedTech, implique dès les premières étapes de ses projets de recherche tous les acteurs du développement des technologies médicales, dont les patients et les utilisateurs partenaires. Nous voulons que les travaux de nos chercheuses et chercheurs permettent d’améliorer la qualité et l’espérance de vie de notre population grâce à des avancées technologiques dans le milieu médical, de réduire nos émissions de gaz à effet de serre par une meilleure optimisation des modes de transport en commun et alternatifs, ou encore de donner accès à une eau de meilleure qualité à des populations éloignées, notamment les populations autochtones. Une meilleure exploitation de cette mine d’innovations technologiques à portée sociale est essentielle puisqu’elle est source de valeur pour le Québec.

L’actualisation de nos activités de valorisation de la recherche reflète cette vision. Et pour cela, nous devons mieux accompagner nos chercheuses et chercheurs, dès les étapes initiales de leurs projets. Et c’est ici qu’entre en jeu la nouvelle société de valorisation Axelys.

Mission d’Axelys

Axelys a pour mission d’assurer un service modulable et évolutif, adapté aux besoins de nos chercheuses et chercheurs. Elle mutualise les expertises (par exemple en propriété intellectuelle ou en développement des affaires) dans tous les secteurs et toutes les régions du Québec. En outre, elle met à profit son large réseau de partenaires et travaille en synergie avec les autres organismes de soutien à la recherche et à l’innovation, ainsi qu’avec les acteurs de l’entrepreneuriat et du capital de risque, afin de favoriser une meilleure continuité de financement entre les périodes de maturation technologique, de pré-amorçage et d’amorçage.

Des courtiers en innovation au sein de Polytechnique

Les moyens de valorisation traditionnels utilisés à Polytechnique avant la création d’Axelys demeurent valides : tout chercheur ou chercheuse souhaitant valoriser ou commercialiser une technologie issue de ses travaux pourra toujours le faire par l’entremise d’un brevet ou d’une licence, en s’associant avec un partenaire industriel avec qui il ou elle aura établi une collaboration, ou encore en créant une société dérivée. Les demandes de projets de maturation technologiques, telles celles encadrées par le Programme de soutien aux organismes de recherche et d'innovation (PSO), devront passer par Axelys. Nos chercheuses et chercheurs continueront de bénéficier de l’accompagnement des conseillers en valorisation d’Axelys dans toutes les étapes de la voie de leur choix. Dans le cas de technologies « orphelines », pour lesquelles aucun partenaire n’a encore été trouvé, la recherche d’un technopreneur pourra être prise en charge par Axelys. À noter également que les actifs auparavant gérés par Univalor le seront maintenant par cette nouvelle société de valorisation.

Un changement important s’opère dans la gestion des technologies développées par Polytechnique. Notre établissement engagera prochainement des courtiers en innovation. Cofinancés par Axelys, ils se joindront à l’équipe du Bureau de la recherche et Centre de développement technologique. Ils rencontreront les chercheurs et chercheuses et les sensibiliseront à la valorisation. Ils assureront aussi une veille pour repérer les technologies prometteuses. Ils assureront enfin la liaison avec les conseillers en valorisation d’Axelys. Leur relation privilégiée avec nos équipes de recherche, leur accompagnement de proximité, leur connaissance de l’environnement de Polytechnique, mais aussi la mise à disposition des ressources du réseau d’Axelys, leur permettront de dépister plus rapidement des technologies présentant un fort potentiel de valorisation. Plusieurs universités du Québec et centres de recherche public (comme ceux des hôpitaux, par exemple) embaucheront également des courtiers en innovation, si bien qu’un véritable réseau collaboratif se développera à travers l’ensemble de l’écosystème québécois en recherche et innovation.

Nous nous réjouissons aussi du fait que, dans la foulée de la constitution d’Axelys, le gouvernement du Québec ait prévu la création d’un fonds d’investissement pour appuyer le pré-amorçage d’entreprises, afin d’aider les chercheurs-entrepreneurs à traverser les fameuses « vallées de la mort » qui freinent souvent le transfert d’une nouvelle technologie vers le marché. Ce soutien permettra aux technologies issues de notre recherche de gagner en maturité et facilitera leur mise en marché.

L’entrepreneuriat technologique

À la restructuration de nos activités de valorisation de la recherche, viennent par ailleurs s’ajouter des investissements récents dans l’entrepreneuriat. En effet, Polytechnique est convaincue que le démarrage d’entreprises à forte valeur ajoutée est un autre puissant moyen d’action pour contribuer au dynamisme économique du Québec. En conséquent, elle déploie des ressources financières et humaines importantes pour stimuler la fibre entrepreneuriale de sa communauté étudiante, de même que celle de ses chercheuses et chercheurs. Le soutien aux chercheurs-entrepreneurs prend notamment la forme de parcours entrepreneuriaux. Ceux-ci permettent aux entrepreneurs en démarrage de bénéficier de l’expertise de nos chercheurs dans des secteurs stratégiques où Polytechnique se démarque. Ils leur donnent aussi accès à nos infrastructures et équipements de recherche, ainsi qu’au laboratoire de fabrication PolyFab. Après le trajet-m, un parcours entrepreneurial en mobilité durable, Polytechnique s’apprête à lancer deux nouveaux trajets : un en technologies propres et l’autre en cybersécurité.

Il ne fait nul doute pour moi que tous ces efforts, combinés à nos étroites collaborations avec un réseau étendu de partenaires industriels, gouvernementaux et universitaires, de même que l’actualisation de nos activités de valorisation permettront à Polytechnique, par le travail de sa communauté de recherche et de sa communauté étudiante, d’apporter des solutions originales aux enjeux auxquels est confrontée notre société.