
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Biolift : des technologies abordables pour redonner une autonomie à des enfants
Entrepreneuriat
Jouer, dessiner, faire ses devoirs… grâce aux exosquelettes et aux prothèses articulées développés par Biolift, ces activités redeviennent accessibles à des enfants privés du plein usage de leurs membres. Créée par des étudiants aux cycles supérieurs en génie mécanique, cette jeune entreprise produit à des prix abordables des technologies portatives d’assistance et de support à la mobilité, à la force et à l’autonomie.
Technologies issues d’une collaboration avec le centre de réadaptation Marie Enfant
Dans le cadre de leurs études de génie mécanique menées conjointement au Laboratoire de conception de systèmes intelligents et mécatroniques (CoSim) dirigé par le Pr Sofiane Achiche, et à la Chaire de recherche en génie de la réadaptation pédiatrique du Pr Maxime Raison, installée au Technopole en réadaptation pédiatrique du CHU Sainte-Justine, l’étudiant au doctorat Guillaume Gaudet et les étudiants à la maîtrise Samuel Lecours et Laurent Blanchet ont pu constater le manque de solutions adéquates et accessibles pour améliorer la qualité de vie des enfants dont l’autonomie est limitée par des handicaps, des maladies neuromusculaires ou certaines conditions médicales.
« Grâce à la collaboration de nos codirecteurs avec le CHU Sainte-Justine, nous avons eu l’occasion de côtoyer des cliniciens qui ont exprimé un besoin de produits personnalisés, comme des prothèses articulées de main et des exosquelettes. Habituellement, le développement et la production de ce type d’équipements sont pris en charge dans les centres hospitaliers par des orthoprothésistes et des techniciens en mécanique. Cependant, la complexité de ces appareils nécessite l’apport technique d’ingénieurs pour la conception et la fabrication. Nous avons eu l’envie de répondre à cette demande en dispositifs spécialisés », déclare Guillaume Gaudet.
Les étudiants développent des technologies issues des projets de co-création avec des cliniciens, des orthoprothésistes, des ergothérapeutes, des techniciens et – ce qui est très important – avec des patients du Centre de réadaptation Marie Enfant et leurs familles. « Avec ce mode ‘‘laboratoire vivant’’, nous sommes assurés que nos produits répondent à des besoins précis. Grâce à la rétroaction des patients et des équipes médicales, nous pouvons améliorer nos produits en continu », poursuit Guillaume Gaudet.

Samuel Lecours, Guillaume Gaudet et Laurent Blanchet.
Dispositifs personnalisés imprimés en 3D à faible coût
Chaque dispositif produit est spécifiquement adapté à l’état particulier d’un jeune patient, afin d’assurer une utilisation et un confort optimaux. Les trois entrepreneurs ont mis au point des techniques de modélisation numérique ainsi que des algorithmes d’optimisation dans ce but. Les prothésistes du Centre de réadaptation Marie Enfant interviennent pour les mises au point et ajustements finaux.
De plus, l’équipe produit les solutions par impression 3D, ce qui lui permet de les fabriquer rapidement et à faible coût, alors que le coût habituellement élevé des prothèses articulées et des exosquelettes les rend trop souvent hors de portée de nombreuses familles de patients.
« Les produits sont, en outre, légers et faciles à utiliser. Les jeunes patients ont vite fait de les adopter et développent plus rapidement leur potentiel grâce à eux, souligne Samuel Lecours. Comme le développement est fait en collaboration avec le Centre de réadaptation Marie Enfant, leur acquisition peut être prise en charge par la Régie de l’assurance maladie du Québec. Nous espérons donc que de nombreux enfants puissent en bénéficier. »
Main mécanique et exosquelette
Actuellement, les trois étudiants mettent au point deux produits différents avec les équipes du Centre de réadaptation Marie Enfant : une prothèse de main entièrement mécanique destinée aux enfants nés avec une amputation congénitale de la main, ainsi qu’un exosquelette anti-gravité visant à soutenir les membres supérieurs des enfants ayant une condition affectant le système neuromusculaire.
« Avec la main articulée, l’enfant peut gagner une préhension et participer à des activités demandant l’usage des deux mains. Quant à lui, l’exosquelette permet à un enfant atteint de faiblesse musculaire de se servir de ses bras, sans faire de mouvements de compensation qui génèrent des déformations. Ces dispositifs permettent non seulement aux jeunes de gagner en autonomie, mais encore d’améliorer grandement leur développement social. De plus, ils réduisent la tâche d’assistance que leurs familles doivent assurer », constate Laurent Blanchet.
Par ailleurs, Biolift démarre actuellement un projet de développement d’exosquelette pour les membres supérieurs destiné à soulager les efforts des travailleurs et améliorer leur sécurité.
Une portée qui s’élargit
Plusieurs jeunes patients ont déjà été équipés de prothèses, d’orthèses ou d’exosquelettes personnalisés. Les fondateurs de Biolift estiment pouvoir établir des partenariats de production et de distribution partout dans le monde grâce au principe d’impression 3D. La production pourra être prise en charge par les partenaires, tandis que l’équipe de Biolift offrira son expertise pour la conception et la personnalisation des produits. Déjà, un partenariat de cette nature se met en place avec un établissement de santé pour enfants et adolescents et une entreprise d’orthopédie, dans la région nantaise, en France.
Biolift fait partie de la sélection de la 4e édition du concours Innovinc. RBC – Concrétisez du Centre d’entrepreneuriat Poly-Université de Montréal. Elle a également remporté le 2e prix du prestigieux concours Les Bourses Pierre-Péladeau organisé par Québecor, associé à une bourse de 50 000 $.
Avec de tels encouragements, les trois jeunes entrepreneurs envisagent l’avenir de leur projet avec confiance. « Ce qui nous réjouit le plus, c’est de pouvoir observer les enfants, lors des essais de validation, réaliser des tâches qu’ils n’avaient jamais pu faire jusqu’alors, et de voir la fierté et le bonheur sur le visage de leurs parents », conclut Guillaume.