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Brain Debug

17 décembre 2021

Pourquoi agissons-nous, parfois même consciemment, de manière contraire à un intérêt plus global ? Comprendre pourquoi une personne agit ...ou pas, relève de la compréhension fine de ce qui ce passe au niveau cérébral et lors d'interactions multiples.

Par le programme Brain Debug, nous visons à fabriquer des mécanismes outillés d’accompagnement pour mieux soutenir le passage à l’action, lorsque ces dites actions sont considérées comme vertueuses, aux bénéfices retardés dans le temps et qu'elles peinent à être mises en oeuvre. Ce programme, issu d'un questionnement en génie industriel traite un enjeu plus global de lutte contre la violence organisationnelle. L'application sourde de croyances fausses, la non-écoute interpersonnelle, la prolifération de mesures et mécanismes compétitifs internes, génèrent des situations de peurs et stress intenses qui, prolongés sur plusieurs années, produisent de véritables traumatismes de vie. Ces situations, issue de défaillances dans les mécanismes de passage à l'action, fissurent durablement l'engagement et sabotent la performance. Parfois, des histoires d'horreur perlent dans les médias : omerta, cultures toxiques, inefficacité chronique, épuisement, peur au ventre, allant même pour certaines organisations à des suicides ! L'amélioration continue appliquée de manière adaptée peut alors devenir une boîte à outils de lutte contre la violence insidieuse, sournoise et honteuse face sombre de nos organisations.

Le programme Brain Debug s’appuie sur des travaux en neurosciences pour ses fondements et explore des techniques issues du domaine du traitement psychiatrique des syndromes de chocs post-traumatiques, traumas complexes et des dépressions majeures, de l’art-thérapie, de l’éthnographie de l’exploration, mais aussi de l'économie expérimentale, de la communication interpersonnelle et de groupe et sur des techniques spécifiques de design dit persuasif. De retour dans le domaine du génie, ce programme vise à favoriser la mise en oeuvre des actions d’amélioration continue, de leurs performances au seins des organisations et de la durabilité de ces démarches de paroles et mise en mouvement.

Nos actions se fondent sur la manière dont on perçoit le monde, dont on le conçoit et dont sont organisés les mécanismes de récompenses. Default Mode Network, Cartes mentales, Circuit Dopaminergétique, Système de l'attention, modèle Bayésien du cerveau, ingénierie langagière et technologies persuasives, sont donc des concepts clefs au coeur de notre quête.

Le programme comporte à son lancement 5 volets :

1) Exploration : Lors d'une exploration, même volontaire, il y a beauoup d'anxiété lié à l'inconnu qui va arriver. Cela est plutôt salutaire d'ailleurs. Mais comment maîtriser cette anxiété afin qu'elle ne submerge pas tout ? L'objectif de ce volet est de répondre à cette question. Par l'auscultation fine des exploratrices et explorateurs, on vise à mieux saisir la dynamique de leur prise de décision. Comment font-elles.ils pour s'autoriser à aller dans des endroits exposés, reculés, là où personne n'est jamais allé ? Une partie des travaux est consacrée à la compréhension ethnographique de l’exploration, à l'exploration elle même, à la réalisation de tests psychologiques pour saisir la psyché liée à l'exploration ainsi qu'à la réalisation de tests neurologiques pour comprendre les mécanismes cérébraux soustendant l'exploration. L'application directe de ces travaux est dans le transfert à l'exploration de nouvelles façons de faire dans les organisations.

2) Art : Dans nos vies, l'exploration passe parfois par s'autoriser à écrire de nouveaux scénarios pour nos propres vies. Un second volet de ce programme est de comprendre comment l’exploration artistique et l’écriture de nouveaux scénarios narratifs le permettent. Ce volet s'intéresse à la compréhension fine des mécanismes cognitifs entrant en jeu dans la démarche créative qu'elle soit littéraire ou plastique, musicale ou performative puis à leur usage pour la conception de méthodes permettant d'activer la créativité individuelle et collective. Ce volet s'intéresse également à un volet de psychiatrie clinique visant à employer l'art-thérapie dans le cadre des traitements des syndromes de chocs post-traumatiques complexes.

3) Chimie et méditation : S'autoriser à considérer d'autre voies, ou à entendre d'autres voix que celles qui jouent en nous, présente parfois une difficulté extrême. La raison se trouve là aussi dans la mécanique cérébrale. L'activation du réseau par défaut qui dans sa configuration verrait ces dites actions commes inadaptées ou néfastes, combien même elles ne le seraient effectivement pas, ces actions seraient immédiatement rejetées. Plusieurs approches très prometteuses sont employées en psychiatrie. La première, médicamentée, fait appel au micro-dosage de LSD, ou encore à l'emploi de micro-dose de psilocybine. Ces psychotropes hallucinogènes non addictifs présentent des résultats statistiquement significatifs sur la désactivation du mode cérébral par défaut, de reconnexions post-traitement et de diminution des synptômes dépressifs (stress, angoisses...). Alliées à des scéances de focalisation de l'attention et de direction sur d'autres histoires possibles, notamment par des techniques de méditation pleine conscience, un espoir est donnée à celles et ceux souffrant de chocs post-traumatiques et/ou dépressions majeures. Or dans nos organisations, la non-écoute, la soumission à des comportements absurdes, la multipliction chronique d'environnement sous performants, le machiavélisme managérial, ou encore l'atteinte aux fondements environnementaux par les actions que l'on force à faire bureaucratiquement génèrent de la violence insidieuse qui n'est pas sans rappeler celle des traumas complexes. Faire des actions d'amélioration continue dans de tels contextes étend alors clairement les travaux menés en psychiatrie, mais cette fois ci dans des organisations régulières. C'est l'objectif de ce troisième volet. 

4) Communication et design persuasif : Les prises de décisions d'actions, sont fortement influencées par l'environnement et par nos limitations internes induisant des biais cognitifs. Ces mécanismes haut niveau, sont des manifestations de structures sous-jacentes étudiées en neurosciences et permettent l'orientation de la communication ainsi que la création d'objets intermédiaires, médiateurs de meilleurs échanges. Ce volet a pour but de considérer en détail la conception des mécanismes communicationnels adpatés pour la création d'équipe et le passage à l'action. L'écoute active, la conscience dynamique support à la création de lien, ainsi que la vulnérabilisation croissante et partagée, sont des techniques particulièrement auscultées tant sur le plan des groupes, qu'individuel et cérébral, dans le cadre de ce volet.

5) Cerveau : Au coeur du programme se trouve les travaux en neurosciences. Comprendre ce qui se passe au sein du cerveau lors de nos prises de décisions, mais également lors d'interactions en groupe, lorsque l'on se soumet à des décisions collectives sachant très bien qu'elles sont néfastes ou lorsque l'on crée en équipe ? Que se passe-t-il dans l'organe qui commande nos vies : notre cerveau ? Ce volet du programme vise à interagir avec les neuroscientifiques et leurs instrumentations, afin de tester et d'asseoir la construction d'outils, par des essais scientifiques ciblant le bon objet d'étude. L'imagerie fonctionnelle par résonnance magnétique couplée à l'étude des électroencéphalogrammes ainsi que d'autres enregistrements de pointe, permet d'accéder au cerveau sein, en fonctionnement. 

Ce programme se monte en collaboration avec Neuropoly, la Société Québécoise de Spéléologie, avec l'équipe Psychodynamic Process and Trauma Narrative Research Lab de l'université Yeshiva de NY, USA, d'autres sont à venir en neuropsychologie, neurosciences, et art ... 

Courte biblio :

(1) Raichle ME, MacLeod AM, Snyder AZ, Powers WJ, Gusnard DA, Shulman GL. A default mode of brain function. Proc Natl Acad Sci U S A. 2001 Jan 16;98(2):676-82. doi: 10.1073/pnas.98.2.676. PMID: 11209064; PMCID: PMC14647.

(2) King JL and Kaimal G (2019) Approaches to Research in Art Therapy Using Imaging Technologies. Front. Hum. Neurosci. 13:159.

(3) Carhart-Harris, R. L., et K. J. Friston. « The default-mode, ego-functions and free-energy: a neurobiological account of Freudian ideas ». Brain 133, no 4 (1 avril 2010): 1265‑83.

(4) Carhart-Harris, Robin L., Leor Roseman, Mark Bolstridge, Lysia Demetriou, J. Nienke Pannekoek, Matthew B. Wall, Mark Tanner, et al. « Psilocybin for Treatment-Resistant Depression: FMRI-Measured Brain Mechanisms ». Scientific Reports 7, no 1 (13 octobre 2017): 13187.

(5) Girn, Manesh, Leor Roseman, Boris Bernhardt, Jonathan Smallwood, Robin Carhart-Harris, et R. Nathan Spreng. « Serotonergic Psychedelic Drugs LSD and Psilocybin Reduce the Hierarchical Differentiation of Unimodal and Transmodal Cortex », 14 avril 2021.

(6) Brewer, Judson A., Patrick D. Worhunsky, Jeremy R. Gray, Yi-Yuan Tang, Jochen Weber, et Hedy Kober. « Meditation experience is associated with differences in default mode network activity and connectivity ». Proceedings of the National Academy of Sciences 108, no 50 (13 décembre 2011): 20254‑59.

(7) Dominic S Fareri, David V Smith, Mauricio R Delgado, The influence of relationship closeness on default-mode network connectivity during social interactions, Social Cognitive and Affective Neuroscience, Volume 15, Issue 3, March 2020, Pages 261–271, 

(8) Maresh, E.L., Allen, J.P. & Coan, J.A. Increased default mode network activity in socially anxious individuals during reward processing. Biol Mood Anxiety Disord 4, 7 (2014).

 

Vidéos de vulgarisation scientifiques sur ces thèmes :

(9) Présentation de Sebastien Bohler

(10) Conférence TED de Judson Brewer

(11) Conference Google de Michael Polland