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Une première canadienne : Polytechnique Montréal affiche l’empreinte carbone des plats de sa cafétéria
Polytechnique peut, encore une fois, se targuer d'innover. Consciente du poids des choix pour l’avenir du climat, elle lance un projet inédit d’affichage environnemental. Les plats de la table chaude de la cafétéria présenteront, chaque jeudi, une note reflétant leur intensité carbone. Mondialement, une petite poignée seulement d'établissements - restaurants ou autres - ont expérimenté cette formule. Au Canada, notre université de génie est la première à le faire...

(Photo : Caroline Perron)
« Ce qui est formidable avec la relève en ingénierie, c’est qu’elle a soif de changements durables; elle ne limite pas son engagement à la sphère professionnelle. Nous éprouvons une grande fierté d’offrir à cette relève un milieu de vie dynamique qui stimule l’acquisition de connaissances tous azimuts pour un avenir responsable », confie Patrick Cigana, conseiller principal au Bureau du développement durable.
Enjeu mesuré
Pour les ingénieurs et ingénieures, tout est sujet à amélioration. Or, au Québec, l’alimentation représente en moyenne le quart de l’empreinte carbone d’une personne. Cet enjeu s’est avéré d’autant plus criant à la lumière des résultats de l’analyse du cycle de vie (ACV) institutionnelle de l’université, dont les résultats ont été publiés en février 2020. En attribuant aux mets carnivores servis à Polytechnique (avec bœuf ou porc) la responsabilité de 80 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) des services alimentaires, l’exercice a placé la viande parmi les points chauds.
Avec la production de ce rigoureux bilan carbone, Polytechnique faisait déjà figure de pionnière. Elle poursuit aujourd’hui cet élan de proactivité climatique, avec une action significative. « Les données ont ciblé l’alimentation comme l’un des secteurs d’opportunité pour marquer des progrès. Il y a un besoin d’information, pour éveiller les consciences et favoriser l’adoption d’habitudes moins énergivores », souligne Louise Millette, professeure agrégée au Département des génies civil, géologique et des mines et responsable du Bureau du développement durable.
Action concertée
Pour lancer le projet pilote d’affichage environnemental à la cafétéria, plusieurs talents ont été mobilisés. Le Bureau du développement durable a porté le projet en collaboration avec l’Association des services alimentaires de Polytechnique (ASaP), l’Association étudiante de Polytechnique (AEP) et l’organisme PolyCarbone. Le projet n’aurait pas pu voir le jour sans l’équipe du CIRAIG, le centre d’expertise sur le cycle de vie et les mesures de la durabilité qui est affilié à Polytechnique. Cette expertise en quantification d’empreinte carbone constitue le cœur du projet.

De gauche à droite : Antoine Doray (AEP), Valérie Ayotte-Bouchard (PolyCarbone), Patrick Cigana (Bureau du développement durable), Lysanne Blais-Gingras (CIRAIG), Catherine Houssard (CIRAIG), Kévin Gréard (ASaP). (Photo : Caroline Perron)
Approche cycle de vie
Le CIRAIG a recensé les émissions de GES des plats de la cafétéria pour chaque étape de leur cycle de vie : production, transformation, distribution, préparation et cuisson des aliments, de même que la gestion des déchets d’emballage. Cela inclut la production de semences, l’utilisation de sols, de machineries et d’intrants énergétiques et chimiques pour cultiver un champ et récolter la matière première, le transport de cette matière première jusqu’à une usine de transformation, l’énergie, l’eau, les produits chimiques et les autres ressources nécessaires pour transformer la matière première, la production et le transport des emballages jusqu’à l’usine de transformation et les ressources nécessaires à la distribution du produit fini.
Communication efficace
Pour aider la communauté à apprécier les valeurs obtenues, l’équipe a travaillé sur une communication digeste. Il fallait d’abord caractériser l’empreinte carbone des plats : un score d’impact a été calculé à partir des quantités de GES inventoriées et de leur pouvoir de réchauffement global. Question de demeurer en terrain connu, ce score – exprimé en kilogrammes équivalent de CO2 (kg éq. CO2) – a été transposé sur l’échelle de notation à neuf paliers de Polytechnique. Une note de A* à F est ainsi attribuée à chaque plat.
C’est un tableau comme celui illustré ci-dessous que l’on retrouvera chaque jeudi, à la table chaude de la cafétéria.

Quoi choisir?
Fait intéressant, les plats présentant des notes entre A* et D+ détiennent une empreinte carbone inférieure à celle d’un repas omnivore moyen au Québec. « Ces plats sont à privilégier pour réduire le poids de notre alimentation sur le réchauffement climatique. La bonne nouvelle, c’est que toutes les recettes analysées pour 2022-2023 ont obtenu la note de passage de D+ ou mieux », précise Catherine Houssard, responsable du projet pour le CIRAIG. « À titre de comparaison, la préparation d’un repas noté D+ équivaut à l’impact d’un trajet de près de 5 km en voiture. », renchérit-elle.
Au fil des semaines, les usagers de la cafétéria découvriront des notations parfois surprenantes, toujours éclairantes. Certains plats de viande blanche, par exemple, performent mieux que certains plats végétariens. De même, les plats végétariens qui contiennent du fromage (focaccia, quiche) génèrent beaucoup plus d’impact que ceux qui n’en contiennent pas.
Tous les résultats sont expliqués sur le site de l’ASaP. On y trouve une présentation vulgarisée de tout le projet ainsi que les résultats détaillés pour chaque plat (méthodologie, périmètre d’étude et données utilisées).
Suites du projet et conférence
Le projet est actuellement en phase pilote. Le souhait est de pouvoir communiquer l’empreinte carbone du menu complet élaboré par la cuisine de la cafétéria, et ce, tous les jours de la semaine.
À mettre à l’agenda : un midi-discussion, animé par le CIRAIG, est prévu le 15 novembre 2022, de 12 h à 12 h 45, au local A-522 du pavillon principal. Toute la communauté est conviée à assister à cette conférence dévoilant les faits saillants de cette démarche unique.
Pour toute question, suggestion ou commentaire, n’hésitez pas à écrire à l’équipe du Bureau du développement durable : durable@polymtl.ca.