La présentation de M. Guy couvrait les activités de Polytechnique, ses réalisations notables des dernières années, ses perspectives de développement ainsi que les principaux obstacles qui pourraient compromettre celui-ci, notamment le manque d'espaces et le sous-financement chronique des études en génie depuis une quinzaine d'années.

Le directeur général a d'abord dressé un bilan du cheminement de Polytechnique depuis ces dernières années et a souligné la contribution considérable de l'institution et de ses diplômés à l'émergence d'un Québec innovant, entreprenant et technologique.

M. Guy a souligné que Polytechnique forme près du quart des nouveaux ingénieurs du Québec chaque année, en plus d'être une université très active en recherche et dont la population étudiante est très internationale.

Avec ses 8 000 étudiants, Polytechnique est l'établissement de formation en génie le plus important au Québec. Il constitue l'un des plus fréquenté par les femmes en Amérique du Nord avec près de 25% de sa population. Par ailleurs, 23,6 % des étudiants de Polytechniques sont des étudiants internationaux provenant de 118 pays.

En regard de nombreux facteurs, Polytechnique est un leader parmi les institutions d'enseignement en génie au Canada:

• Au 2^e rang au Canada et au 1^er rang au Québec quant au nombre de professeurs,

• Au 4^e rang au Canada et au 1^er rang au Québec pour les montants obtenus en subventions de recherche en génie du CRSNG;

• Au 2^e rang au Canada et au 1^er rang au Québec quant au nombre de Chaires de recherches industrielle du CRSNG

• Ex-aequo au Canada au premier rang avec 21 Chaires de recherche du Canada.

Au printemps, Polytechnique est devenue la 4^e université du Québec à détenir un chaire d'excellence en recherche du Canada. La Chaire du professeur Andrea Lodi sur la science des données pour la prise de décision en temps réel a été inaugurée le 22 mai dernier et disposera d'un budget de 51 M$ pour les 7 prochaines années.

Objectifs des prochaines années

M. Guy, qui a débuté le 1^er juin dernier un troisième mandat à la direction de Polytechnique Montréal, a ensuite présenté les objectifs que s'est donné l'institution pour les prochaines années. Polytechnique misera sur ses acquis en se donnant les moyens de ses ambitions pour améliorer la formation, la recherche et le rayonnement de Polytechnique dans la société, tout en améliorant la notoriété de Polytechnique à l'international.

Ceci passera bien sûr par la consolidation de la position de Polytechnique Montréal dans le peloton de tête des facultés et des grandes Écoles de génie au Canada, à tous les égards. En outre, si les programmes de Polytechnique sont bien reconnus en Amérique du Nord, il est important de les arrimer avec les structures de programmes en Europe et en Asie. Ceci pourra se concrétiser au cours des prochaines années par un arrimage avec le processus de Bologne et l'obtention d'agréments internationaux.

M. Guy a cependant souligné que les perspectives de développement de Polytechnique sont limitées et ralenties en raison de nombreuses coupures récentes dans les subventions de fonctionnement provenant du gouvernement du Québec. Ce qui s'est traduit par l'amputation de la subvention de fonctionnement de Polytechnique à hauteur de près de 10 % au cours des 4 dernières années alors que le niveau des activités était en croissance. M. Guy a également fait état du déficit d'espace, reconnu par le ministère, de l'ordre de 25 000 mètres carrés, soit pratiquement la superficie des deux pavillons Lassonde actuels.

Le directeur général s'est montré préoccupé à l'égard des réponses qui se font attendre de la part du ministère quant au financement de certains projets de développement importants comme celui du système informatique de gestion académique et la construction d'un pavillon de génie sur le site Outremont.

M. Guy a exprimé aux membres de la Commission son inquiétude quant aux modalités d'une éventuelle nouvelle politique de financement des universités qui reposerait en grande partie sur les recommandations du rapport Tremblay-Roy.

La mise en place d'une nouvelle base de financement à partir des coûts moyens observés ces dernières années est très préoccupante, a expliqué M. Guy. «À cause des coupures budgétaires, nous disposons aujourd'hui de moins d'argent par étudiant qu'auparavant, a-t-il souligné. Les coûts par étudiant ont donc diminués. Ainsi, il est indispensable pour le génie de comparer les coûts observés avec ceux dans le reste du Canada.»

Les propositions du rapport Tremblay-Roy concernant le financement des étudiants étrangers aux études supérieures pourraient être très pénalisantes pour Polytechnique et toutes les universités actives en recherche. Nous ne pourrions plus maintenir le nombres d'étudiants gradués au niveau actuel, par perte de financement. Ces étudiants contribuent directement à la recherche et à l'innovation au Québec par la création de nouvelles connaissances et d'inventions.

Il n'y a pas de doute qu'une telle situation aura un impact pour une institution de premier plan comme Polytechnique Montréal. «Si Polytechnique a prouvé par le passé qu'elle a joué et qu'elle joue encore un rôle important dans le développement du Québec, a souligné M. Guy, elle ne pourra poursuivre sa mission avec conviction et succès que si on lui en donne les moyens.»

En réponse aux questions des membres de la Commission, M. Guy a conclu en souhaitant qu'une institution comme Polytechnique puisse recevoir des montants comparables, par étudiant, à ceux reçus en Ontario. «Pourquoi? Parce que notre profession a un agrément pan-canadien, et ce serait le comble que dans quelques années on nous dise qu'au Québec on ne met pas assez d'argent pour former les ingénieurs, a expliqué M. Guy. Et, donc finalement, nos ingénieurs seraient peut-être accrédités au Québec, mais ils ne pourraient pas aller travailler dans les autres provinces. Ça, c'est un danger, c'est un danger pour beaucoup de nos professions et de nos universités qui ont un programme de formation professionnelle.»

Mentionnons que le directeur général était accompagné de la principale et présidente du conseil d'administration de Polytechnique Montréal, Mme Michèle Thibodeau-DeGuire; du directeur de la recherche, de l'innovation et des affaires internationales, M. Gilles Savard; du directeur des affaires académiques et de la vie étudiante, M. Steven Chamberland, du directeur de l'administration, M. Richard Hurteau, de la directrice des communications et des relations publiques, Mme Chantal Cantin, du directeur à la planification stratégique et aux relations gouvernementales, M. Jean Choquette et du directeur des ressources informationnelles, M. Philippe Duby. Étaient également présents à l'audience M. Gabriel Brassard, président de l'Association des Étudiants de Polytechnique, et M. Bruno Belzile, président de l'Association des étudiants aux cycles supérieurs de Polytechnique.

Pour en savoir plus:

Vidéo de la présentation, diffusée sur le site de l'Assemblée nationale

Bilan et perspectives - Mémoire déposé le 7 décembre 2014 [PDF]

Présentation lors de l'audition du 19 août 2015 [PDF]