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L'École Polytechnique et l'UQAT s'attaquent à la restauration des sites miniers

27 mars 2002 - Source : NOUVELLES
L'École Polytechnique de Montréal développera de nouvelles méthodes de gestion environnementale des sites miniers grâce à une nouvelle Chaire industrielle qui a été inaugurée le 27 mars par le ministre des Ressources naturelles du Québec, M. François Gendron et le président du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CNRSG), M. Tom Brustowski.
La Chaire CRSNG-Polytechnique-UQAT en environnement et en gestion des rejets miniers disposera d'un budget global de plus de 4,2 M $ réparti sur cinq ans. Le CRSNG y contribuera par une subvention de 1,625 M $, alors que les entreprises Agnico-Eagle, Barrick Gold, Dessau-Soprin, Golder Associés, Inmet, McWatters, Noranda, Ressources Aur et SNC-Lavalin verseront 1,75 M $ à la Chaire. Le ministère des Ressources naturelles du Québec contribuera pour 400 000 $. La Chaire bénéficiera aussi d'une participation financière de 625 000 $ du ministère des Régions du Québec et du ministère de la Recherche, de la Science et de la Technologie du Québec. Toutes ces sommes seront réparties en cinq versements annuels.

En plus du titulaire de la Chaire, M. Michel Aubertin de l'École Polytechnique et du titulaire adjoint, M. Bruno Bussière, de l'Université du Québec en Abitibi Témiscamingue, cinq autres professeurs y poursuivront des travaux, ainsi que cinq chercheurs au niveau du postdoctorat. Au-delà de 20 étudiants détenteurs d'une maîtrise ou d'un doctorat participeront aussi aux travaux de la Chaire. L'École Polytechnique travaille sur ce sujet depuis plus de 10 ans et a déjà développé des techniques en laboratoire et sur le terrain qui ont contribué à améliorer des technologies existantes.

M. Michel Aubertin, professeur au Département des génies civil, géologique et des mines, a précisé que son objectif est d'améliorer la gestion environnementale pendant l'exploitation des mines, d'améliorer les techniques de réhabilitation des sites après leur fermeture et de trouver des moyens de valoriser les rejets de cette industrie.

Une tâche gigantesque
Il existe 385 sites de rejets miniers au Québec dont près des trois quarts se trouvent en Abitibi, dans le nord du Québec et sur la Côte-Nord. « Plus de 75 % d'entre eux devraient être restaurés dans les prochaines années. La tâche est gigantesque puisque à peine 10 % des superficies en opération ont fait l'objet de travaux de restauration à ce jour », affirme M. Aubertin.

En Abitibi, les mines de cuivre, de zinc, de plomb et d'or produisent des eaux usées contenant des métaux lourds et dont l'acidité est souvent proche de celle du vinaigre. Ces effluents sont retenus dans des bassins de sédimentation dont il faut assurer l'étanchéité et la stabilité des digues. Ces eaux sont traitées avant d'être réutilisées ou encore retournées dans l'environnement.

D'autres mines, comme celles d'amiante, en Estrie, rejettent surtout de la pierre broyée entassée sous la forme de terrils qui doivent être stabilisés pour éviter la dispersion des poussières par l'eau et le vent. C'est à ces problèmes de gestion environnementale que la nouvelle Chaire devra s'attaquer.

Exploitation écologique et réhabilitation des sites
« Nous voulons rendre les rejets solides et liquides plus denses, donc moins encombrants, en réduisant la quantité d'eau qu'ils contiennent. Par ailleurs, nous voulons également rendre les résidus plus stables physiquement, par exemple en les solidifiant à l'aide de liants comme le ciment, et empêcher qu'ils interagissent avec l'environnement en empêchant leur oxydation », a précisé M. Aubertin.

Les chercheurs de la nouvelle Chaire étudieront les meilleurs moyens de retourner dans la mine certains rejets comme la roche stérile et les rejets du concentrateur, tout en s'assurant que la nappe phréatique sera protégée. Ceci imposera notamment des études des régimes hydrogéologiques des massifs rocheux dans lesquels les mines sont exploitées.

Sur le plan de l'ingénierie, la nouvelle Chaire étudiera la géométrie et la configuration des digues de retenue des rejets afin qu'ils ne se répandent pas dans l'environnement.

Les chercheurs s'intéresseront aussi à certains sites dits « orphelins », c'est-à-dire qui n'ont pas été gérés après la fin de leur exploitation, afin d'en tirer des enseignements et d'aider à leur restauration. Ils étudieront également les méthodes de réhabilitation des sites plus récents.

Nouveau laboratoire
L'École Polytechnique a construit un laboratoire spécialement destiné à l'étude de la gestion environnementale des mines. La phase I s'est terminée en novembre 2001, et la phase II commencera sous peu. Les laboratoires et certains équipements sont financés par l'École elle-même, tandis que les travaux de recherche seront financés par le CRSNG et les partenaires.

Les recherches, les tests à échelle réduite et le développement de modèles mathématiques seront réalisés dans ce nouveau laboratoire de l'École Polytechnique à Montréal ainsi que dans les installations de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). Cette dernière sera aussi responsable d'une partie des travaux de validation sur le terrain, dans la région de l'Abitibi.

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