Nouvelles
Le canoë de béton de Polytechnique prêt pour la compétition
Le prototype, d'une vingtaine de pieds de long, pèse cette année 350 livres, soit le double de celui de l'an dernier. « Nous avons opté pour un béton plus résistant, armé d'un treillis en fibre de verre, explique Jonathan Rozon, directeur de l'équipe. Certes, il est plus pesant, mais le risque de fissures est diminué et l'inertie du canoë est plus grande. Avec nos pagayeurs bien entraînés, dont plusieurs sont des sportifs accomplis, nous partons confiants à la compétition, même si nous savons que le niveau de nos concurrents sera élevé. » Les étudiants de Polytechnique affronteront neuf équipes provenant de tout le Canada, dont certaines ayant une longue expérience en matière de conception de canoë de béton. « Le projet n'existe que depuis trois ans à Polytechnique, mais nous avons appris très vite et d'une année sur l'autre, nous avons considérablement amélioré nos prototypes », affirme Jonathan.
La compétition comporte des épreuves de slaloms et de sprints sur le lac Banook, ainsi qu'une présentation orale du projet et la remise du rapport technique. Chacun de ces volets compte pour 25 % de la note finale, le dernier 25 % étant attribué à l'esthétisme du canoë. « Nous sommes plutôt satisfaits de l'allure de notre canoë, mentionne Jonathan, mais cela nous a demandé pas loin de 400 heures de ponçage pour obtenir une surface intérieure bien lisse et régulière! » Un tel projet tient, en effet, autant du génie que de l'artisanat : la conception et la modélisation sont informatisées avec le logiciel CATIA, mais la mise au point du mélange de béton se fait dans un malaxeur de cuisine et si un moule est utilisé pour la coque, la finition de cette dernière, dont l'épaisseur n'est que de 12 mm, est faite à la main. Mais cet aspect artisanal est riche en enseignement et ne nuit en rien à la qualité du produit fini. Comme le souligne Jonathan, « l'expérience vaut plus que tous les calculs! »
Le projet est donc très formateur, tant pour les connaissances techniques qu'il permet d'acquérir que pour l'expérience de travail en équipe qu'il fait vivre aux étudiants, provenant de divers domaines du génie. Il génère beaucoup de plaisir aussi. « Nous sommes une équipe très soudée, et nos membres sont des passionnés, dont plusieurs s'impliquent chaque année dans le projet. Un atout de plus pour la compétition! »
Les pagayeurs de Blitz : de g. à d., Émilie Asselin-Mercier, Nicolas Telmosse,
Catherine Larivière-Gauthier, Mathieu Dépelteau, Maléna Bastien-Masse,
Marc Kirmoyan, Katherine Castonguay, Jean-François Cassegrain,
Marie-Christine Jean, Jean-Sébastien Fecteau.
Le saviez-vous?
La construction d'embarcations de béton n'est pas toute récente : au XIe siècle déjà, quelques
amateurs de canot ont conçu des prototypes. Puis, à la fin de la 1ère guerre mondiale, la pénurie de matériaux a stimulé la
construction de coques de bateaux en béton armé, en substitut aux coques en acier dans de nombreux pays. Aux États-Unis, on a
été jusqu'à construire des pétroliers à coque de béton armé de 135m de long et de plus de 7500 tonnes de capacité. En
France, une centaine de péniches et de chalands de haute mer jaugeant jusqu'à 1000 tonnes seront lancés. L'invention du
ferrociment en 1942, par l'ingénieur-architecte Pier Luigi Nervi trouvera parmi ses premières applications des coques de
bateaux.
(Sources : Le Génie Civil, Tome LXXVII, n°8, 1920, 347 ; Revolution or Evolution ? Historic Concrete. Catalogue of an
exhibition held at the Institution of Civil Engineers (Londres), 1996, 8.)
Liens :
Projet Canoë de béton de Polytechnique