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Une trajectoire libre et sans frontières

Par Catherine Florès
7 novembre 2024 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Automne 2024)
7 novembre 2024 - Source : Magazine Poly
VersionPDFdisponible (Automne 2024)

À 23 ans, Anouar Boumeftah refuse les cases toutes faites. Entre ses études d'ingénieur électrique à Polytechnique Montréal, sa passion pour l'aérospatiale, son goût pour l’informatique, ses engagements humanitaires et son amour pour la musique classique, il trace sa propre trajectoire, avec pour boussole ses passions et ses convictions.
 

Anouar Boumeftah
Anouar Boumeftah.


« Dès que je vais au-delà de ma zone de confort, j'ai davantage d'idées », confie celui qui, à 18 ans, quittait sa Tunisie natale pour le Québec. S’il n’a pas suivi les traces de ses parents médecins urgentistes, il s’est néanmoins engagé dans le secourisme d'urgence en marge de ses études, jusqu'à se former aux interventions en zone de conflits avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).

Formation sans frontières

En deuxième année à Polytechnique Montréal, l'envie d'élargir ses horizons le taraude. « Je voulais me confronter à d'autres méthodes d'enseignement, d'autres cultures », explique-t-il. Il saisit l’occasion offerte par le programme d'échanges internationaux de Polytechnique.

Il réalise un premier échange en 2022 à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). C’est dans un amphithéâtre de ce prestigieux établissement suisse que sa trajectoire prend un tournant décisif. Il découvre que son professeur de mécanique orbitale n'est autre que Claude Nicollier, un ancien astronaute de l'ESA. Cette rencontre l’amènera désormais à diriger ses ambitions vers les étoiles.

Un second échange le mène ensuite dans un autre lieu de l’ingénierie européenne, CentraleSupélec, à Paris. Pour financer son séjour parisien, il travaille comme consultant en sciences des données, jonglant entre les cours et les missions professionnelles. « À Centrale, je me suis retrouvé avec les meilleurs étudiants sortis des classes préparatoires. Leur bagage en mathématiques était impressionnant », raconte-t-il. Cette immersion ponctuée d'interventions de professionnels de l'industrie renforce sa rigueur analytique.

Dans les pas des astronautes

Point d'orgue de son parcours européen : un stage au Centre européen des astronautes (EAC) de l'Agence spatiale européenne (ESA) à Cologne, en Allemagne. Dans ce temple de l'exploration spatiale, il côtoie les grands noms de l'astronautique européenne, notamment Thomas Pesquet, Matthias Maurer, Samantha Christoforetti, et surtout, leurs formateurs et leur personnel technique, dont il admire l’impressionnant bagage. Il côtoiera d’ailleurs ces formateurs lors de simulations auxquelles certains stagiaires de l’EAC sont invités pour servir de sujets dans le cadre des entraînements destinés aux astronautes. Durant ce stage, il développe NATALIA, une intelligence artificielle destinée à assister le personnel de mission de l’ESA.

D’un monde à l’autre

Aujourd’hui, tout en achevant son baccalauréat, il collabore à un projet de recherche sur la sécurité des télécommunications satellitaires avec la professeure Gunes Karabulut Kurt. Il travaille également à temps partiel pour NorthStar Earth & Space, une entreprise spécialisée dans la surveillance et la sécurité des vols spatiaux.

Bientôt diplômé, il hésite encore entre plusieurs voies pour la suite : poursuivre aux études supérieures ou lancer sa carrière dès maintenant. Chose certaine, il aspire à travailler à l’international, « pour mettre à profit tout ce que j'ai appris en matière d'adaptabilité et d'ouverture aux autres cultures ».

L'inspiration pour son choix postdiplôme lui viendra peut-être à l’écoute d’une fugue musicale. Car Anouar a un autre violon d’Ingres : bénévole au Festival Bach de Montréal, il a même lancé son propre magazine de musique classique, Opus Tribune. Une façon de cultiver ce qui fait sa force : sa capacité à naviguer entre les univers.

Dans un monde où l'expertise technique ne suffit plus, Anouar Boumeftah incarne cette nouvelle génération d'ingénieurs : polyglotte, multiculturelle, multidisciplinaire et profondément humaniste.

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