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Parler d’IA, c’est son dada

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Par Catherine Florès
3 mars 2023 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Hiver 2023)
3 mars 2023 - Source : Magazine Poly
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Louis-François Bouchard

 

De ChatGPT, qui répond à toutes les questions, à VALL-E, qui clone les voix, des outils d’IA (intelligence artificielle) révolutionnaires font leur percée publique à un rythme accéléré, affolant au passage les chroniques technologiques et venant perturber notre sens de la réalité. Explorateur passionné de cet univers vertigineux, l’étudiant au doctorat Louis-François Bouchard s’est donné la mission de démystifier ces fascinantes innovations et de sensibiliser le public à leurs bienfaits comme à leurs risques, par l’intermédiaire de sa chaîne Youtube What’s AI et de son blogue louisbouchard.ca.

Fédérateur d’une communauté autour de l’IA

« Savoir vulgariser représente une compétence essentielle pour un chercheur. Mon but premier étant d’être le meilleur chercheur possible, je m’efforce d’améliorer sans cesse mes habiletés en vulgarisation. Et puis, j’ai grand plaisir à partager mon intérêt pour l’innovation », déclare Louis-François Bouchard, qui étudie la vision artificielle pour les applications biomédicales au laboratoire Neuropoly sous la direction du Pr Cohen-Adad.

Le doctorant a découvert son talent de communicateur durant sa dernière année de baccalauréat en génie de la production automatisée à l’ÉTS, à l’occasion d’un cours en IA où les étudiants étaient amenés à présenter en classe leur approche pour résoudre un problème. Ce grand timide allergique aux présentations orales a, contre toute attente, apprécié l’expérience. « L’année suivante, comme j’avais besoin d’améliorer mon anglais pour ma maîtrise, je me suis lancé le défi de faire des vidéos de vulgarisation sur l’IA. Ainsi est née ma chaîne YouTube. »

Louis-François anime également la plateforme Learn AI Together qu’il a créée sur Discord pendant la pandémie. Forte aujourd’hui de plus de 35 000 membres, cette communauté d’entraide jouit d’une belle notoriété.

Se préparer au bouleversement du monde connu

Aucune sphère ne résistera à la révolution de l’IA, estime l’étudiant, et celle de l’enseignement n’est pas la dernière à voir ses fondements trembler. « Depuis que ChatGPT est devenu accessible au public, il est à craindre que les étudiants ne prennent l’habitude de se décharger sur lui de leurs travaux. Cet outil est déjà capable de produire en quelques secondes des essais de qualité très acceptable et il ne cesse d’être amélioré. Quant aux " détecteurs automatiques " censés déterminer si un texte a été écrit par une IA ou un humain, ils ne fonctionnent pas vraiment, sans compter qu’on peut demander à ChatGPT de glisser un peu plus de fautes ou de petites incohérences pour que le résultat semble provenir d’un travail humain! », observe-t-il.

Le travail personnel et authentique, valeur essentielle de l’apprentissage, serait-il donc voué à disparaître? « C’est difficile à dire. En revanche, on peut prévoir une formidable créativité chez les étudiants qui l’emploieront à bon escient. ChatGPT est, par exemple, un remarquable support pour les exercices de remue-méninges. »

Louis-François prévoit aussi que les compétences des autodidactes en IA pourraient avoir autant de valeur aux yeux des organisations que celles des diplômés. Hors du domaine de la recherche, les frontières pourraient se brouiller entre la formation universitaire et l’apprentissage individuel, relève-t-il. En parallèle à ses études de baccalauréat, lui-même a acquis en ligne une grande partie de ses connaissances sur les algorithmes.

Nourrit-il des inquiétudes envers l’IA? « On est en face de grandes inconnues. Elle détruira des emplois, c’est certain. Peut-être est-ce l’occasion de revoir notre rapport au travail, en instaurant, par exemple, un revenu universel et en laissant les machines travailler pour nous? De toute façon, il reste encore beaucoup de place pour le travail humain exigeant des efforts intellectuels. » Conscient des enjeux de l’IA, il porte malgré tout sur celle-ci un regard optimiste. « Je pense que les nouvelles technologies ont toujours fini par apporter des bienfaits à l’humanité. L’important est de veiller à ce que l’accès à l’IA soit réellement démocratisé. » Et il compte bien continuer à y contribuer!

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