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COVID-19 : mobilisée, Polytechnique s'adapte et innove

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Par François Bertrand, directeur de la formation et de la recherche
20 avril 2020 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Printemps 2020)
François Bertrand

Lorsqu’on me demande si j’ai confiance en la capacité de Polytechnique à traverser la crise de la COVID-19, ma réponse est oui, sans la moindre hésitation. Ma conviction est confortée par la mobilisation – qui perdure au fil des semaines – de l’ensemble de notre communauté et par l’efficacité avec laquelle nos services se sont adaptés à la nouvelle situation. Mes fonctions de directeur général adjoint et de directeur de la formation et de la recherche me placent aux premières loges pour constater l’implication totale de tous les membres de nos équipes. Si je n’en suis certes pas surpris, j’en suis sincèrement touché. J’adresse donc ma plus grande gratitude à toute notre communauté dont je suis très fier.

Unis et organisés devant une crise que nous avons en partie anticipée

Une crise sert de révélateur du caractère d’une organisation. Celle de la COVID-19 a mis en lumière la proactivité et la capacité d’adaptation de Polytechnique.

Dès le mois de janvier, la Direction générale et la Direction de la formation et de la recherche ont suivi attentivement l’évolution de la situation en Chine, puis dans le monde, de façon concertée avec le Service aux étudiants de Polytechnique (SEP) et le Service de la sûreté. Nous avons, en premier lieu, communiqué avec tous les étudiants et étudiantes de Polytechnique qui étaient à l’extérieur du pays pour nous assurer que chaque personne était en sécurité.

Au début du mois de mars, nous avons commencé à passer en revue et à bonifier les plans de mesures d’urgence et de continuité des unités administratives, afin d’être le mieux préparés possible à la déferlante que nous pressentions.

À l’annonce gouvernementale de la fermeture des écoles et des universités, le 13 mars, nous avons mis en place des mesures sanitaires pour limiter la propagation de l’épidémie et nous nous sommes assurés de disposer des conditions techniques adéquates pour soutenir les mesures d’enseignement à distance et de télétravail. Notre objectif était, en effet, de permettre à nos quelque 9 000 étudiants de terminer leur trimestre dans les meilleures conditions possible et en respectant les exigences de qualité de Polytechnique et du Bureau canadien d'agrément des programmes de génie.

Nous avons constitué un comité de coordination des mesures d’urgence, dont un des mandats a été de définir les modalités de la continuité des opérations d’enseignement. Nous nous sommes engagés à rendre accessibles à distance 525 cours dès le 30 mars. Y parvenir en l’espace de deux semaines à peine nous aurait semblé un pari fou en d’autres circonstances, mais grâce à l’engagement de nos professeurs et de nos maîtres d’enseignement, et avec l’appui sans faille des services de soutien aux activités de formation universitaire, nous avons réussi. Maintenant, le mandat du comité est de déterminer les mesures proactives à mettre en place en fonction de l’évolution de la situation.

En parallèle, le comité de coordination a déployé son plan d’intervention et soutenu les services et départements dans l’exécution de leur plan de continuité opérationnel. Organiser le maintien en présentiel de certains services essentiels dans les meilleures conditions de sécurité ainsi que le fonctionnement en télétravail de tous nos autres services, faisait partie des enjeux. Avec la coopération de toutes les équipes, ils ont été globalement résolus.

En outre, plusieurs groupes de travail ont été formés pour proposer des solutions aux différents enjeux touchant les ressources humaines, l’enseignement et la recherche.

Nos étudiants et étudiantes au cœur de nos préoccupations

Conscients que les conditions de travail ainsi que le tissu social des étudiants et étudiantes de Polytechnique ont été compromis, nous avons mis en place des mesures pour limiter le plus possible l’impact de la crise sur leur scolarité tout en respectant nos règlements.

À cet effet, le conseil académique a pris des décisions exceptionnelles d’assouplissement pour le trimestre d’hiver, visant à ce que personne ne voie sa moyenne cumulative baisser ou ne commence ses études avec une moyenne cumulative inférieure au seuil de diplomation de son programme. Les cours du trimestre long et du trimestre court de l'été seront offerts à distance, évaluations comprises (avec des mesures d’accommodement des étudiants et étudiantes en situation de handicap). Certaines activités du trimestre long pourraient se dérouler en classe ou en laboratoire à Polytechnique, mais des options seront proposées en cas d'impossibilité d'y assister.

D’autre part, dès les premiers jours du confinement, nous avons mis des moyens en œuvre pour rassurer nos étudiants et étudiantes et les informer de la situation et de nos décisions. Avec l’aide du SEP, nous continuons à les encadrer et à les soutenir. Sachant que certains peuvent vivre des difficultés telles que la perte de leur emploi, l’interruption de leur stage ou l’obligation de rentrer au pays plus tôt que prévu, nous avons créé, avec la Fondation et Alumni de Polytechnique Montréal, un fonds d’urgence (soutien.polymtl.ca) afin d’aider les personnes qui se retrouvent en situation précaire à répondre à leurs besoins de première nécessité.

Questionnements et réflexions sur nos activités de recherche

Nous devions penser à la continuité de nos activités de recherche. À cet effet, nous avons mis sur pied un comité réunissant des professeurs, des étudiants, ainsi que d’autres représentants des services concernés, afin de répondre aux enjeux de nos professeurs et de nos étudiants chercheurs.

Sans surprise, permettre l’accès aux laboratoires à nos chercheurs représente un enjeu de première importance. Mes homologues des autres universités et moi-même faisons des représentations auprès du gouvernement provincial pour obtenir l’autorisation de rouvrir graduellement les laboratoires, afin de redémarrer des activités de recherche universitaire, lesquelles seraient, bien sûr, aménagées de façon à respecter les mesures sanitaires imposées par la situation.

Nous nous questionnons aussi sur les impacts financiers qu’a la crise de la COVID-19 sur nos activités de recherche. Il est prévisible que certaines ententes avec nos partenaires industriels devront être revues, du fait des difficultés que connaissent les entreprises. La perte de revenus en recherche réduira en particulier la capacité de nos professeurs à payer les aides financières de leurs étudiants aux études supérieures, ainsi que le salaire du personnel de recherche. Nous nous efforçons de mesurer tous ces impacts, afin de sensibiliser les gouvernements provincial et fédéral à la nécessité de compenser ces pertes de revenus et de soutenir adéquatement la recherche et l’innovation en génie.

Polytechnique répond « présente » dans la lutte contre la pandémie

Nous ne manquons pas d’arguments pour faire valoir au gouvernement l’importance de soutenir la recherche en génie en cette période critique, tant l’innovation scientifique s’avère plus que jamais cruciale. Fidèle à sa mission de répondre aux grands enjeux sociétaux, la communauté de Polytechnique s’est d’ailleurs impliquée dès les premiers jours de la crise dans diverses initiatives pour soutenir le Québec dans sa lutte contre la pandémie.

Je peux ainsi citer, entre autres :

  • La collaboration du professeur en génie électrique Frédéric Lesage avec l’équipe du Dr Jean-Claude Tardif du Centre de recherche de l’Institut de Cardiologie de Montréal (ICM), à la réalisation d’une grande étude clinique menée sur un médicament destiné aux patients atteints de la COVID-19. La contribution du Pr Lesage permettra d’accélérer le développement d’une plateforme informatique pour faciliter le recrutement à distance des patients.
  • L’expertise en protection de la vie privée qu’apporte la Pre Gabriela Nicolescu, spécialiste des questions de cybersécurité au Département de génie informatique et génie logiciel, à un groupe québécois qui développe une application mobile permettant de retracer les déplacements d’une personne infectée.
  • Le « concours d’initiatives collaboratives pour répondre aux défis de la COVID-19 » lancé par l’Institut TransMedTech dirigé par le Pr Carl-Éric Aubin, du Département de génie mécanique. Plusieurs de nos professeurs font équipe avec des chercheurs du CHU Sainte-Justine pour répondre à l’appel. Ainsi, les Prs Michèle Prévost, Étienne Robert et Benoit Barbeau, du Département des génies civil, géologique et des mines, cherchent à établir un protocole basé sur la vaporisation de peroxyde d’oxygène, en vue de  la réutilisation des masques N95. Pour sa part, la Pre Caroline Boudoux, du Département de génie physique, s’intéresse à l’élaboration d’un moyen de désinfecter ces masques à grande échelle par les rayons ultraviolets.
  • Le succès de SantéLibre, une plateforme technologique visant à répondre aux besoins en matériel du système de santé québécois, et dont l’instigateur est Alexandre Ferreira Benevides, coordonnateur des ressources techniques au Laboratoire d’enseignement des systèmes intégrés en aérospatiale du Québec (LÉSIAQ) de Polytechnique. Plusieurs des membres de Polytechnique se sont joints à la plateforme, dont le Pr Samuel Bassetto, du Département de mathématiques et de génie industriel, qui implante un réseau logistique au sein de celle-ci.
  • Nos étudiants ne sont pas en reste dans la mobilisation scientifique contre la pandémie. Plusieurs d’entre eux, tels Jean-Romain Roy et Ian Gagnon, ont mis à contribution leurs talents en prototypage en participant au Défi Respirateur Code Vie, une initiative visant à recueillir les meilleures idées pour la conception de respirateurs artificiels.

Penser à demain

Nous avons collectivement beaucoup appris de la situation, notamment sur notre aptitude à travailler et à innover dans un environnement totalement différent. En outre, nous sommes amenés à réaliser le déploiement de certains pans de notre plan stratégique en un temps record, renforçant de ce fait notre capacité à faire face aux enjeux de demain.

S’il est hasardeux aujourd’hui de prédire comment sera le monde post-COVID-19, l’impact sur nos modes de vie et sur l’économie s’annonce sévère et les défis seront colossaux.
Nos futurs diplômés et nos diplômés actuels trouveront plus d’une occasion de mettre à contribution leurs talents pour relever ces défis de société, par exemple, repenser les chaînes logistiques au sein des entreprises, renforcer la sécurité des environnements de travail, accélérer une transformation numérique dans divers secteurs. Je leur fais confiance, non seulement pour surmonter la situation actuelle, mais pour assumer le rôle de créateurs de solutions que le monde de demain attendra d’eux.

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