
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Une vocation dédiée à un monde inclusif et équitable
Portrait de diplômée

Dans ses rêveries d’adolescente, Elyse Ruest-Archambault se voyait occuper un poste à l’ONU et défendre la cause de l’équité de genre. Un rêve qui semblait assez éloigné de l’univers du génie industriel vers lequel elle s’est d’abord dirigée avec son choix de formation. À première vue seulement, car les outils conceptuels acquis durant son baccalauréat et sa maîtrise l’ont grandement aidée à réaliser sa vocation.
Du génie industriel au développement humain
« Mes collègues s’expriment avec le langage des chiffres et ont besoin qu’on leur parle indicateurs, mesure de rentabilité des projets, certifications qualité, etc. Moi, je suis très à l’aise avec ces notions grâce à ma formation d’ingénieure! », rapporte Elyse Ruest-Archambault, Po 2002, M. Sc. 2004, génie industriel. Cette spécialiste des questions de diversité et d’inclusion travaille au Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS), à Copenhague, au Danemark.
Pourquoi avoir choisi d’étudier en génie? « À la fin du cégep, j’avais épluché méthodiquement un bottin des programmes des universités canadiennes et conclu que le programme de génie industriel de Polytechnique réunissait le mieux mes critères : l’approche scientifique et l’intégration des facteurs humains. »
Diplômée en 2002, elle entreprend une maîtrise en génie industriel, axée sur l’innovation technologique, après un séjour au Honduras pour réaliser un projet humanitaire. Engagée comme ingénieure qualité chez L’Oréal en 2005, elle prend rapidement conscience que l’univers de la production industrielle ne lui correspond pas et part en Angleterre entreprendre une nouvelle maîtrise à l’Université du Sussex, consacrées aux politiques de développement durable et d'égalité des sexes dans le domaine scientifique. « Après cette maîtrise, j’ai obtenu le mandat de rédiger comme auteure principale un rapport d’analyse comparative des mesures politiques pour l'égalité des genres en science demandé par la Commission européenne. »
Sur le terrain
En 2008, elle souhaite se confronter au terrain et se rend au Bangladesh pour participer à des projets humanitaires d’assainissement des eaux, de sécurité alimentaire et de développement durable avec des ONG. L’année suivante, elle est engagée comme spécialiste des questions de genre par la Mission intégrée des Nations unies au Timor-Leste (Timor oriental). « Je suis demeurée deux ans au Timor oriental. L’environnement était difficile mais j’ai beaucoup appris de cette expérience. »
De retour au Canada en 2011, elle se joint à Right to Play, un organisme international de protection de l’enfance, dont elle élabore la première stratégie en matière de genre et politique d'égalité des genres. « Je me suis orientée vers les politiques de genre dans le champ des ressources humaines. À cette époque, je venais de fonder ma famille et je recherchais de la stabilité dans mon environnement professionnel. Je suis donc demeurée dans cet organisme comme responsable de l'intégration du genre dans les programmes et procédures pendant sept ans, jusqu’à ce que me soit offerte une occasion rêvée : un poste de spécialiste principale, diversité et inclusion dans les ressources humaines à l’UNOPS. C’est pourquoi il y a trois ans, je suis partie m’installer avec ma famille à Copenhague, où siège l’UNOPS. » Pour cette polyglotte (elle parle couramment l’anglais, l’espagnol et le portugais), être francophone s’est avéré un atout, car l’UNOPS vise à recruter du personnel capable de travailler en français.
Parité et diversité
Organe opérationnel des Nations Unies, l’UNOPS appuie la mise en œuvre des projets humanitaires, de maintien de la paix et de développement dans le monde entier, en fournissant des services en matière de gestion de projets, d'achats et d'infrastructures à des gouvernements, des donateurs ou des organisations onusiennes. Le rôle d’Elyse Ruest-Archambault est d’instaurer des stratégies pour améliorer l’atteinte de l’équilibre entre les genres, ainsi que la représentation de la diversité, au sein des équipes employées à la réalisation des mandats de l’UNOPS.
Mme Ruest-Archambault évoque diverses solutions pour atteindre l’objectif, telles qu’encourager plus de femmes qualifiées à postuler à un emploi, promouvoir auprès des femmes ingénieures les carrières dans l’aide humanitaire et le développement international, ainsi qu’accentuer les efforts de recrutement de femmes à des postes de direction.
« Redistribuer le pouvoir ne se fait pas facilement ! Nous rencontrons beaucoup de résistance au concept d’égalité entre les genres ou à la notion de représentation plus équilibrée des femmes, notamment dans les zones de conflits. Mais nos progrès sont notables : en 2018, nous comptions moins de 40 % de femmes chez le personnel, cette année, nous avons atteint la parité globale », analyse Mme Ruest-Archambault, qui remercie Polytechnique de l’avoir adéquatement formée à la gestion du changement.
Une meilleure représentation féminine dans les équipes des projets de l’UNOPS augmente la capacité de l’organisme à répondre aux besoins de ses bénéficiaires, estime-t-elle. « De plus, ajoute-t-elle, elle contribue au développement socio-économique des communautés locales. »
Une pléthore de possibilités
Convaincue que la qualité de la formation reçue à Polytechnique l’a aidée à propulser sa carrière à l’international et à pouvoir aujourd’hui agir efficacement pour le développement mondial et le maintien de la paix, Mme Ruest-Archambault encourage la future relève en génie à oser sortir des chemins balisés. « Avec un diplôme de Polytechnique, vous avez le choix de tellement de domaines de carrière! Et surtout, vous pouvez apporter un changement positif dans le monde. »