
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Un savoir-faire qui s'exporte
Vue d’ailleurs

Guillaume Bouilly, Po 2010, programmeur en intelligence artificielle chez Square-Enix
Résidant depuis deux ans à Tokyo, Guillaume Bouilly continue de porter avec fierté son jonc d’ingénieur canadien. Il a même profité de ses vacances à Montréal pour le faire refaire à Polytechnique parce qu’il s’était usé. À cette occasion, il s’est livré sur sa carrière d’ingénieur-développeur dans l’industrie des jeux vidéo et sur son adaptation à la culture japonaise.
La passion du jeu vidéo alliée à une expertise en intelligence artificielle
Après avoir obtenu son baccalauréat de Polytechnique en génie logiciel en 2010, Guillaume Bouilly a fait, toujours à Polytechnique, une maîtrise en génie informatique, spécialisée en intelligence artificielle. À l’issue de sa maîtrise, il a réalisé un stage au studio de jeux vidéo Eidos-Montréal, aujourd’hui filiale du grand groupe japonais Square-Enix. Eidos lui a ensuite offert un poste de programmeur en intelligence artificielle. Un début de carrière de rêve pour ce passionné de jeux vidéo qui pense que sa maîtrise lui a permis de se démarquer.
Mutation au Japon
En 2018, Guillaume Bouilly s’est vu proposer une mutation au siège japonais de Square-Enix, à Tokyo. « J’étais à la fois enthousiasmé et paniqué! », témoigne celui-ci, qui n’a cependant pas hésité longuement à tenter l’aventure. Il souligne que détenir une maîtrise a grandement facilité les démarches pour obtenir son visa.
L’initiation à la langue japonaise qu’il avait suivie avant son départ s’est révélée insuffisante quand il est arrivé sur place. « Au travail, je pouvais me débrouiller, car mon équipe multiculturelle utilise l’anglais comme langue d’échanges. Mais, dans la vie courante, beaucoup de défis m’attendaient ! Lorsqu’on ne maîtrise pas la langue d’un pays, les choses les plus simples, telles que faire son épicerie, deviennent très complexes. C’est une grande leçon d’humilité. »
Devenu assez rapidement fonctionnel en japonais grâce à de l’étude intensive, l’ingénieur a fait la découverte d’une culture de travail très différente de ce qu’il connaissait à Montréal. « Au Japon, la hiérarchie est vraiment marquée et la déférence, très forte envers l’ancienneté. Les échanges se font sur un ton extrêmement cérémonieux. Même les courriels sont rédigés comme des lettres officielles. Et de façon générale, entre collègues, on parle rarement de sa vie privée. »
Il observe également qu’on gravit plus lentement les échelons au Japon et que le prestige est davantage associé à l’entreprise qu’à la fonction. Il est d’ailleurs commun de faire toute sa carrière chez un seul employeur. « Je remarque également qu’il y a plus de parité dans l’industrie du jeu vidéo au Japon qu’au Québec, d’après mon expérience », ajoute-t-il.
Un secteur très compétitif
En tant qu’ingénieur principal de développement, Guillaume se consacre à l’aspect mécanique des jeux, avec la programmation des éléments qui améliorent l’expérience des joueurs. « Notre enjeu est de proposer de nouvelles stratégies de jeu et de répondre à la demande des joueurs en nouvelles fonctionnalités et en expériences narratives émotionnellement plus complexes. »
Dans cette industrie très compétitive, comment conserve-t-il sa créativité sous la pression? « La meilleure façon d’avoir de nouvelles idées, c’est d’échanger avec ses collègues. La formation que j’ai reçue à Polytechnique faisait une grande place au travail d’équipe et à la gestion des relations interpersonnelles. Ces compétences me sont très utiles au quotidien. »
S’il pourrait aisément obtenir un poste dans un autre pays – Square-Enix étant bien implanté à l’international –, il compte demeurer quelque temps au Japon, dont il apprécie l’art de vivre. S’adonne-t-il autant qu’avant aux jeux vidéo? « À dire vrai, je n’ai plus guère le temps. Et j’ai ouvert les horizons de mes loisirs : je suis devenu un amateur de la scène musicale underground japonaise! »