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Un intérêt pour les mines né au Sud, approfondi au Nord

Grand dossier

3 novembre 2018 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Automne 2018)
3 novembre 2018 - Source : Magazine Poly
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Originaire du Maroc, Laila Barfoud a étudié à Casablanca, où elle obtenu un baccalauréat en environnement, puis une maîtrise en sciences de l’environnement. « Je suis entrée au service d’une entreprise minière, le Groupe Managem, pour réaliser un stage de fin d’études et j’y suis finalement demeurée huit ans. Je travaillais dans le traitement des rejets miniers », mentionne-t-elle.

Venue s’installer au Québec avec mari et enfants, elle est retournée aux études en commençant par un DESS en gestion des eaux et sciences de l’environnement à l’Université de Montréal, suivi d’un microprogramme en vérification environnementale à l’Université de Sherbrooke. Souhaitant poursuivre ses études en rapprochant ses connaissances en environnement et son intérêt pour le secteur minier, elle a opté pour un doctorat à l’IRME, sous la direction du Pr Thomas Pabst, de Polytechnique, et la co-direction des Prs Gérald Zagury (Polytechnique) et Benoît Plante (UQAT).

Étude d’une solution pour réduire l’empreinte des parcs à résidus

« Ma thèse est consacrée à l’étude du comportement géochimique des rejets miniers après remblayage des fosses dans les mines à ciel ouvert », indique Mme Barfoud. « À l’heure actuelle, des millions de tonnes de rejets restent en surface dans les sites miniers au Québec. L’instabilité physique de ces rejets peut entraîner des ruptures de digues. Un des défis, en particulier, concerne les rejets réactifs qui contiennent des sulfures. Ceux-ci peuvent en effet s’oxyder lorsqu’ils sont exposés à l'oxygène et à l'eau et générer du DMA (drainage minier acide), avec des conséquences critiques pour le milieu environnant : pH très acides et concentrations en métaux lourds très élevées. La déposition des rejets réactifs dans les fosses pourrait permettre de limiter les réactions d’oxydation, notamment grâce à un meilleur contrôle des échanges avec l’atmosphère et l’environnement.

« J’étudie le comportement géochimique de ces rejets lorsqu’ils sont déposés dans des fosses de façon contrôlée. Je vérifie également si l’on obtient un meilleur comportement géochimique en mélangeant les stériles avec les résidus. Si cette déposition répond aux exigences de la stabilité géotechnique et géochimique, on pourrait réduire la superficie des haldes à stériles dans les parcs à résidus de surface, et donc diminuer l’empreinte environnementale de ces parcs. »

Continuer à vivre l’expérience concrète du terrain

Mme Barfoud apprécie l’expérience sur le terrain très concrète de ses études à l’IRME. Elle souhaite faire carrière en R&D dans une entreprise minière pour continuer à travailler sur le terrain. Elle ne verrait pas d’obstacle à partir dans le Nord, ni à évoluer dans un domaine où les femmes ne représentent encore que 18 % des employés. « Ça ne m’a jamais posé de problèmes d’être une femme dans un milieu traditionnellement masculin. Quand on détient les compétences, on est respecté. »

Elle souhaiterait exercer dans le domaine du recyclage et de la réutilisation des rejets. « En particulier, j’aimerais pouvoir trouver des façons rentables d’exploiter les métaux que contiennent encore les rejets. C’est un domaine où il y a beaucoup à faire au Québec, car on est peu sensibilisé à ces aspects, alors qu’en Afrique, l’utilisation des rejets est très développée, étant donné que les ressources naturelles se font rares. Autrement dit, ici, on gère l’abondance, ailleurs, on gère la rareté ! »

 

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