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Trouver sa voie à Séoul

Par Catherine Florès
10 novembre 2024 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Automne 2024)
10 novembre 2024 - Source : Magazine Poly
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De la K-pop aux transports collectifs, il pourrait n’y avoir qu'un pas. C’est le cas du moins pour Bérénice Dubois, étudiante à la maîtrise en génie informatique, dont un échange à Séoul en 2022 a redessiné la vocation professionnelle.

Bérénice Dubois

 

L'appel du large

Née dans une famille ayant des racines au Congo et en France, elle n’avait pour expériences hors du Québec que des séjours dans ces deux pays. Cependant, depuis plusieurs années, elle nourrissait, comme beaucoup de jeunes de sa génération, une forte attirance pour la culture coréenne. Au point d’avoir commencé à apprendre la langue dès 2017, avant que l'idée d'un échange se concrétise.

« Au sortir du confinement, j'avais très envie d'élargir mes horizons », confie celle qui, à l'époque, terminait son baccalauréat en génie aérospatial. Apprenant l’existence de l’entente d’échange entre Polytechnique Montréal et l’Université nationale de Séoul, elle a saisi l’occasion de réaliser son rêve. La réputation de la Corée en matière de haute technologie a fini de la convaincre.

Une autre façon de penser l'ingénierie

La densité urbaine, l'exiguïté des espaces, la culture communautaire, mais surtout l'efficacité remarquable des transports en commun : la réalité coréenne a bousculé ses certitudes. « Là-bas, les transports publics desservent extrêmement bien tout le territoire. En les empruntant, on peut s'évader facilement et rapidement de la ville pour se retrouver en pleine nature. Cela donne beaucoup de liberté de déplacement aux jeunes et aux personnes âgées. »

À l'Université nationale de Séoul, elle s’initie à une autre approche de l'ingénierie. « L’attention portée au bien-être collectif, très présente dans la culture coréenne, transparaît dans les solutions d'ingénierie. » Un projet en particulier lui a fait réaliser cette différence : les étudiants devaient réfléchir à des moyens de diminuer la consommation énergétique du campus. « Les solutions proposées différaient de ce à quoi on se serait attendu en Amérique du Nord. Elles amenaient à repenser l'utilisation même des lieux. »

Ces expériences ont eu chez elle l’effet d’une révélation, qui l'a poussée à inclure le large domaine des transports collectifs dans ses visées de carrière et d’y mettre à l’avant-plan l’innovation sociale.

Gain de confiance

Revenue au Québec avec une confiance renouvelée, Bérénice ne craint plus de s'exprimer en anglais et se sent plus fonceuse dans la vie. Son expérience a aussi aiguisé sa sensibilité aux défis des étudiants internationaux à Polytechnique, avec qui elle cherche plus fréquemment à dialoguer. Elle s’implique aussi auprès du Service aux étudiants, motivée par son envie d’entraide.

Son horizon professionnel s'est également élargi. Elle envisage de travailler quelques années à l'étranger, en précisant : « Les projets et les équipes primeront pour moi sur le reste et la richesse des relations humaines comptera pour moi tout autant que la nature des projets. »

Sortir de sa zone de confort

« Lorsqu’on est habitué au système académique québécois, on peut avoir une vision linéaire du cursus et craindre d’allonger son parcours en partant en échange », observe Bérénice. Le stress financier peut aussi être un frein. Mais, selon elle, l’expérience internationale est un investissement qui en vaut largement la peine et le système des échanges est pensé pour ne pas nuire à la réussite.

Affronter la solitude en retient plus d'un aussi, constate-t-elle. « Mais partir seul ne signifie pas vivre son échange seul. On se fait aussi des amis sur place. »
Pour que plus d’étudiants et d’étudiantes osent à leur tour franchir les frontières de leur zone de confort, elle témoigne : « On peut faire tout ce qu'on veut à Polytechnique, il suffit d’oser faire les démarches. »

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