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Soutien à nos chercheurs : capital en temps de pandémie, au-delà aussi

Le mot de François Bertrand, directeur de la formation et de la recherche

22 septembre 2020 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Automne 2020)
22 septembre 2020 - Source : Magazine Poly
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François Bertrand

La formation à la recherche et par la recherche d’une main-d’œuvre hautement qualifiée est au cœur de notre mission universitaire. La situation du personnel de recherche a été l’une nos principales préoccupations depuis le début de la pandémie. La suspension temporaire de l’accès aux laboratoires au début de la crise a retardé les projets de recherche, freinant la progression des étudiants et étudiantes aux cycles supérieurs, dont le bien-être est également affecté. J’ai donc été heureux et rassuré de voir cet été nos chercheurs et chercheuses reprendre le chemin de leurs laboratoires. Un chemin dûment balisé, bien entendu, par les mesures déployées afin d’assurer une reprise sécuritaire des travaux de recherche. J’en ai éprouvé une vive reconnaissance envers tous ceux et celles qui ont été à l’œuvre pendant plusieurs semaines pour rendre ce retour aux laboratoires possible.

Reprise de la recherche en laboratoire préparée avec soin

Conscients que les limites d’espace et de configuration des laboratoires seraient incompatibles avec une reprise simultanée de toutes les activités de recherche en présentiel dans le respect les règles sanitaires en cours, nous avons constitué dès la fin mars le Comité de continuité en recherche (CCR). Son mandat : formuler des recommandations à la haute direction au sujet des préoccupations de la communauté relativement au maintien des activités de recherche et, d’autre part, proposer des outils permettant aux départements de gérer les accès aux laboratoires en vue d’une reprise graduelle de ces activités.

Piloté par la Pre Annie Ross, directrice associée à la Direction de la formation et de la recherche (DFR), ce comité réunit des représentants des départements, des principaux services de soutien à la recherche, du personnel de recherche, et des étudiants. L’équipe du CCR et les divers groupes de travail qui lui sont associés ont fourni des efforts constants et considérables tout au long du printemps et de l’été pour informer la communauté sur les conditions de réalisation des activités de recherche dans les contextes successifs de confinement et de déconfinement graduel. Ils ont émis une série de recommandations visant le soutien et l’encadrement du personnel de recherche. 

Enfin, ils ont aussi produit une trousse d’outils, dont plusieurs guides, pour aider les départements à redonner à leurs équipes de recherche l’accès à leurs infrastructures dans les meilleures conditions de santé et sécurité au travail. J’applaudis l’engagement des membres de ce comité et de leurs collaborateurs qui ont contribué à assurer la poursuite sécuritaire de la mission recherche de Polytechnique.

Grâce à ce travail collectif qui se poursuit cet automne, nos chercheurs et leurs équipes ont pu occuper de nouveau leurs laboratoires dès le mois de juillet. Aujourd’hui, nous sommes même en mesure d’assurer une prolongation des horaires d’accès aux laboratoire les soirs et la fin de semaine afin de leur offrir plus de flexibilité.

Du financement pour soutenir le personnel de recherche

La perte de revenus entraînée par la situation difficile traversée par certains partenaires industriels de Polytechnique, la fermeture de laboratoires ou d’autres contraintes liées à la COVID-19, ont été des sources de défis pour les professeurs concernant le financement de leur personnel de recherche.

Grâce aux représentations de l’organisme Universités Canada et de l’ensemble des universités canadiennes auprès du gouvernement fédéral, le programme « Fonds d’urgence pour la continuité de la recherche au Canada » (FUCRC) a été mis sur pied afin d’assurer un soutien salarial au personnel de recherche rémunéré à partir de fonds non gouvernementaux. Les demandes des professeurs de Polytechnique dans le cadre de ce programme représentent jusqu’à maintenant un montant de 1,3 M$.

Nous saluons aussi une autre mesure fédérale consistant en une augmentation équivalant à plus de 16 % des subventions annuelles des trois conseils (CRSNG, IRSC, CRSH), ce qui représente plus de 2,4 M$ pour Polytechnique Montréal. Nous sommes également satisfaits de la prolongation de six mois des subventions accordées pour la recherche menée avec certains organismes publics.

Polytechnique a pu en outre constituer un fonds complémentaire de 500 000 $ pour soutenir les professeurs et leur personnel de recherche dans le cadre de collaborations avec le milieu municipal. Les détails de ce financement sont en cours de finalisation, tout comme ceux de volets supplémentaires du programme FUCRC.

Ces aides représentent un ballon d’oxygène pour nos chercheurs, qui pourront grâce à elles financer l’emploi de leur personnel tout au long des projets de recherche.

Retour des étudiants internationaux à Polytechnique

Une autre bonne nouvelle est arrivée le 20 octobre : la réouverture des frontières du Canada pour nos étudiants internationaux en règle avec les autorités d’immigration. Nous nous préoccupions grandement de leur situation, conscients que ces étudiants, surtout lorsqu’ils sont aux études supérieures, pouvaient difficilement mener leurs travaux de recherche à distance pour une longue période. Nous nous réjouissons de pouvoir les accueillir de nouveau à Polytechnique au cours des prochains mois. Plus de 400 étudiants et étudiantes se trouvaient jusqu’alors dans l’impossibilité de franchir les frontières.

Penser la reprise

La gestion de la crise de la COVID a certes énormément sollicité les ressources de Polytechnique, mais elle n’a pas occulté sa vision de l’avenir. La pandémie nous a fait prendre une conscience renouvelée de l’importance du soutien qui doit être accordé aux chercheurs et à leurs équipes. C’est pourquoi notre stratégie de la recherche, dont nous élaborons présentement les nouvelles orientations, accordera une place centrale aux services de soutien de nos professeures et professeurs. Cette stratégie a pour ambition d’asseoir la position de leader de Polytechnique dans des secteurs névralgiques de la recherche et de l’innovation, notamment par des initiatives locales ou internationales.

À titre d’exemple, Polytechnique s’implique déjà très activement dans la constitution de plusieurs zones d’innovation au Québec. Ce projet du gouvernement québécois vise à définir des secteurs technologiques clés reliés à des territoires géographiques et à y lancer des projets pour augmenter la commercialisation des innovations, les exportations, les investissements ainsi que la productivité des entreprises. Ces projets attireront des talents, des entrepreneurs, de grands donneurs d’ordres ainsi que des chercheurs du Québec et d’ailleurs. La santé, l’aérospatiale, les mines, la cybersécurité et les technologies propres sont des secteurs pour lesquels la contribution de Polytechnique a été sollicitée jusqu’à maintenant.

Polytechnique participe également à la création d’un organisme qui remplacera dès avril prochain les trois sociétés de valorisation de la recherche universitaire (SVU) au Québec (Univalor, Aligo Innovation et SOVAR). Plus proche des universités et bénéficiant d’un financement plus important du ministère de l’Économie et de l’Innovation, cette nouvelle SVU déploiera un modèle de valorisation tenant mieux compte des particularités des écosystèmes de recherche propres aux différents secteurs d’innovation.

Sur le plan international, le Canada et l’Union européenne voient des opportunités de coopération amenées par Horizon Europe, le futur programme-cadre européen pour la recherche et l’innovation pour la période 2021-2027. En tant qu’acteur important de l’innovation au Canada, Polytechnique participe à une réflexion sur ce sujet orchestrée par l’organisme Science|Business. J’aurai de nouveau la possibilité d’y contribuer à l’occasion d’une conférence intitulée « Priorités pour la recherche universitaire : lutter contre le changement climatique et accroître la collaboration Canada-UE en matière de recherche », réunissant des représentants d’universités européennes et canadiennes, le 23 novembre prochain.

Pour terminer, je rappelle que c’est grâce à l’engagement exceptionnel de ses professeurs, de nos étudiants et de notre personnel, au soutien et à la confiance de nos partenaires et de nos diplômés que nous pouvons regarder vers l’avenir comme nous le faisons à Polytechnique. Je les en remercie très sincèrement.

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