
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Prêts à transformer l'Afrique avec la science des données
International

Arrière-plan : Junior Momo Ziazet et Ola Badr; Avant-plan : Janet Mutuku, Patricia Talotsing et Nneka Okolo
Dans le cadre du partenariat entre l’Institut de valorisation des données (IVADO) et l’Institut panafricain des sciences mathématiques (AIMS), une cohorte d’étudiants à la maîtrise originaires de différents pays du continent africain sont venus réaliser un stage de recherche de trois mois assorti d’une bourse au sein d’IVADO, afin de développer leurs connaissances en apprentissage automatique et en apprentissage profond.
Junior Momo Ziazet, Nneka Okolo, Ola Badr, Janet Mutuku et Patricia Talotsing, étudiants à la maîtrise en mathématiques industrielles, font partie de cette relève africaine en science des données. Supervisés par des experts de Polytechnique, dont les Prs Sébastien Ledigabel et Ismaïl El Hallaoui, chercheurs au GERAD, et Mehdi Taobane, chef de projet à la Chaire de recherche du Canada en analytique et logistique des soins de santé, ils ont acquis de précieuses connaissances qu’ils souhaitent mettre à profit pour relever les défis économiques, technologiques et scientifiques de leurs pays.
« En Afrique, les jeunes ont énormément d’idées d’innovations et j’aimerais les aider à les concrétiser »
Junior Momo Ziazet cherche à résoudre un problème crucial rencontré par les opérateurs de réseaux de télécommunications : l’optimisation du routage des signaux dans la fibre optique. « Mon stage m’a permis d’utiliser des algorithmes d’apprentissage par renforcement pour entraîner un agent intelligent à prendre des décisions afin de gérer les activités de routage et d’affectation de spectre dans les réseaux optiques. Grâce aux échanges avec mes superviseurs et mes collègues au laboratoire, j’ai beaucoup plus appris que je ne l’avais envisagé au départ. J’ai pu également accéder à de puissants serveurs pour les calculs à distance. Les résultats obtenus sont encourageants », rapporte cet étudiant d’AIMS Cameroun.
L’expérience a également motivé le stagiaire à poursuivre un autre de ses grands rêves : « En Afrique, les jeunes ont énormément d’idées d’innovations et j’aimerais les aider à les concrétiser par la mise en place d’une plateforme de développement de projets technologiques liés à l’intelligence artificielle. »
« De nouvelles idées pour l'avenir »
Nneka Okolo, qui étudie à AIMS Sénégal, se spécialise dans le domaine de la science des données. Grâce à son stage, cette étudiante originaire du Nigeria a approfondi sa compréhension de l’utilisation des techniques d’apprentissage par renforcement pour résoudre un problème fréquemment rencontré dans les chaînes d’approvisionnement. La recherche était axée sur l’utilisation de l’apprentissage automatique pour optimiser conjointement les décisions de production et de distribution dans un envionnement à demande stochastique.
« Ce stage m’a apporté une expérience de recherche internationale. Sous la direction de mes superviseurs et de mes collègues, je me suis familiarisée avec les défis complexes rencontrés dans les chaînes d'approvisionnement des entreprises et j'ai compris la capacité de l’apprentissage automatique à fournir des solutions fiables C’est un grand pas vers mon objectif de carrière. »
« Je voudrais maintenant faire bénéficier mon pays de mes nouvelles connaissances »
« J’ai beaucoup appris de la façon de travailler de l’équipe d’IVADO, à la fois créative et flexible », déclare Ola Badr, étudiante soudanaise à AIMS Rwanda.
Auprès des experts d’IVADO, celle-ci a pris conscience de l’immense potentiel des outils de décisions intégrés aux solutions de soins à domicile, une découverte décisive pour son choix d’orientation. « Je voudrais faire bénéficier mon pays de mes nouvelles connaissances et contribuer ainsi à améliorer la performance des soins de santé », mentionne-t-elle.
« Je souhaite inspirer les femmes de mon pays »
« Je suis impressionnée par la qualité de l’encadrement que j’ai reçu et par l’ouverture que m’a témoignée l’équipe », souligne Patricia Talotsing, d’AIMS Cameroun. « J’ai été encouragée dans le développement de mon autonomie et dans l’exploration d’idées. »
Son objectif scientifique est consacré à la compression des modèles de neurones profonds pour les équipements de pointe à faible puissance de calcul. Toutefois, l’étudiante se donne également une mission sociale : « Je suis moi-même le fruit du soutien des institutions et j’aimerais redonner à mon tour à la société grâce à mes connaissances. En particulier, je souhaite inspirer les femmes de mon pays pour qu’elles se tournent vers les carrières scientifiques. »
« Permettre aux institutions bancaires en Afrique d’être moins vulnérables face aux tentatives de manipulations financières »
« Andrea Lodi, Mehdi Taobane et Didier Chetelat, de Polytechnique, ainsi que Manuel Morales, de l’Université de Montréal, m’ont encouragée à donner le meilleur de moi-même. J’étais la seule femme de l’équipe, mais à aucun moment je ne me suis sentie isolée », déclare la Kenyane Janet Mutuku, étudiante à AIMS Sénégal.
Son projet, mené à IVADO avec la collaboration de la Division de la réglementation de la Bourse de Montréal, lui a permis de comprendre comment les outils d’intelligence artificielle pouvaient permettre de détecter automatiquement les anomalies sur les marchés financiers.
« Cette approche pourrait permettre aux institutions bancaires en Afrique d’être moins vulnérables face aux tentatives de manipulations financières, avec pour résultat une plus grande stabilité des marchés financiers, essentielle au développement économique en Afrique », confie-t-elle.
Innovation sans frontières
Ce partage et ce transfert de connaissances entre les équipes d’IVADO et la relève africaine vise à réduire les disparités entre les pays concernant le développement technologique propulsé par la science des données.