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Marilyn Phung apprend aux jeunes à coder des jeux vidéo

Personnes inspirantes

Par Catherine Florès
16 décembre 2025 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Printemps 2025)
16 décembre 2025 - Source : Magazine Poly
VersionPDFdisponible (Printemps 2025)

Pour son engagement exceptionnel auprès de jeunes du primaire dans Saint-Michel, l'étudiante en génie logiciel a reçu la Distinction Poly-Savoir.

Marilyn Phung, lauréate de la bourse Distinction Poly-Savoir
Marilyn Phung, étudiante en génie logiciel, lauréate de la bourse Distinction Poly-Savoir
 

Une heureuse nouvelle

La salle de classe est silencieuse. Marilyn révise pour un examen quand son téléphone vibre. La nouvelle tombe, qui fait battre son cœur de fierté : elle vient de remporter la Distinction Poly-Savoir, une bourse annuelle récompensant l'excellence académique et l'engagement social d'étudiants qui partagent leur expertise avec de jeunes élèves du primaire par le biais d’activités parascolaires. 

Depuis un peu plus de six mois, grâce à la Distinction Poly-Savoir, cette brillante étudiante en génie logiciel anime des activités hebdomadaires auprès d'élèves de 6e année dans Saint-Michel, les initiant aux principes du codage de jeux vidéo. Parallèlement, elle travaille depuis environ deux ans et demi comme pigiste pour l'organisation Écoles eSTIMe, enseignant l'informatique à des jeunes de la maternelle jusqu'à la 6e année du primaire.

« J’ai commencé à donner des ateliers à l’école Alphonse-Pesant, et maintenant j’interviens à l’école Saint-Noël-Chabanel, auprès d’un groupe de huit élèves », indique Marilyn. La plupart de ces jeunes n'ont pas d'ordinateur à la maison. Pour eux, ses ateliers parascolaires représentent bien plus qu'une activité : c'est une porte d'entrée vers un monde numérique qui leur serait autrement difficilement accessible.  

« À quoi sert ce bloc jaune ? »

Dès le premier atelier, elle a évalué la pensée critique des participants avec des défis de programmation liés à Minecraft. Les résultats étaient mitigés, alors elle a adapté son approche. Au deuxième atelier, elle leur a proposé un jeu prolongé sur plusieurs semaines : les enfants dessinent leur personnage avec la souris, dans un environnement de lasers qui clignotent, et personnalisent leur propre quête.

 « Les parents craignent souvent que leurs enfants développent une addiction aux jeux vidéo. Je pense qu'il faut leur expliquer que le jeu vidéo peut être employé à des fins éducatives. » 
Sa méthode pédagogique repose sur le questionnement. « Ce qui fonctionne le mieux avec les jeunes de l’atelier, c'est de leur poser beaucoup de questions, par exemple : "À quoi sert ce bloc jaune ?", comme si j'ignorais la réponse. Ils aiment être mis au défi. »

Le résultat l'épate. « Même s'ils se montrent parfois distraits dans l'atelier, ils répondent de façon très pertinente. » Leurs dessins en pixel art dépassent ses attentes. « Évaluer les compétences de ces jeunes m'est impossible : ils sont tous trop bons ! »

Elle préfère plutôt récompenser leur bon comportement : « Quand ils se montrent attentifs et participent bien, je leur donne des minutes de temps libre sur l'ordinateur à la fin de l'atelier. Ils en profitent souvent pour aller écouter de la musique sur YouTube. J'aime bien, je découvre ainsi leurs goûts musicaux. Ils m'ouvrent de nouveaux horizons ! »

Jeunes participants aux ateliers de Marilyn Phung
De jeunes participants assidus aux ateliers de codage animés par Marilyn Phung
 

Une fille qui aime l’informatique, et alors ? 

Issue d'une famille d'informaticiens, Marilyn avait pour modèle une cousine, première femme de sa famille dans ce domaine. « Dès le cégep, j'ai choisi l'informatique plutôt que sciences de la nature. Mais j'appréhendais d'être une des rares filles. Je craignais qu'en cas de mauvaises notes, on me dise que c'était normal, puisque j'étais une fille. Alors j'ai travaillé encore plus dur. »

Aujourd'hui, elle a gagné en confiance. « Je connais la valeur de mon travail. Si quelqu'un obtient de meilleurs résultats que moi, cela ne m'insécurise pas. » Transmettre sa passion l'a aidée à s'affirmer. « Je suis capable aujourd'hui de performer en présentation orale devant une classe complète. » Parmi les huit élèves de son atelier, trois sont des filles, et Marilyn est fière de représenter pour elles un modèle féminin en informatique.

Une vocation bien ancrée

Marilyn avait déjà fait du tutorat au cégep. Son implication auprès de la communauté PolyHacks, commencée avant même de venir étudier à Polytechnique, témoigne de sa volonté de créer des passerelles entre l’université et les plus jeunes. Cette année, elle a également rejoint AquaPoly, la société étudiante d'aquaponie.

Si elle souhaite acquérir une expérience en industrie après ses études, elle vise ultimement à devenir enseignante en informatique au cégep. En attendant, enseigner aux jeunes lui apporte autant qu'elle leur donne. « Mon but, c'est qu’ils aient le sentiment que l'informatique est à leur portée. Mais j’ajoute que cela me fait aussi du bien de pouvoir décompresser auprès d’eux en approchant l'informatique de façon ludique. »

La bourse Distinction Poly-Savoir reconnaît ce que Marilyn Phung fait de mieux : transmettre sa passion, un bloc de code à la fois.

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