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Le bonheur à Val-d’Or

Grand dossier - Bâtir sa vie en région quand on vient de l'international

Par Catherine Florès
2 novembre 2022 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Automne 2022)
2 novembre 2022 - Source : Magazine Poly
VersionPDFdisponible (Automne 2022)

Quand Papa Saliou Tall est arrivé à Montréal en 2012 pour entreprendre ses études en génie civil à Polytechnique, il ne se doutait pas qu’une carrière artistique lui tendrait les bras. Et encore moins qu’il la quitterait sans regrets pour s’épanouir bien loin de la grande ville.

Papa Saliou Tall, diplômé de Polytechnique
Papa Saliou Tall


Le futur ingénieur dévoile un artiste

« En tant qu’étudiant étranger, ce n’est pas évident de s’intégrer dans les groupes d’étudiants où les cercles d’amis sont constitués depuis le cégep. Mais mes années à Polytechnique n’ont pas été solitaires, car j’ai une certaine facilité à approcher les gens. Et surtout, je me suis joint à Poly-Jam en tant que bassiste. Je suis devenu v.-p. communications, puis v.-p. de la section jazz du comité. J’ai ainsi développé rapidement mon cercle d’amis à Polytechnique », rapporte ce Sénégalais d’origine.

Sa passion pour la musique l’a également entraîné sur les routes et fait connaître du milieu artistique canadien. « Ce n’était pas du tout mon but au départ de devenir musicien professionnel. Cela tient quasiment du hasard : on m’a invité un soir à participer à une jam-session. Un groupe qui m’a entendu jouer m’a proposé de remplacer de temps à autre son bassiste. Ensuite, par le bouche à oreille, je me suis fait connaître par d’autres musiciens. Comme je suis capable de jouer des répertoires très variés, j’ai fait partie de plusieurs groupes. J’ai accompagné aussi des artistes en tournée au Québec et au Canada, dont de grands noms de la musique d’Afrique de l’Ouest. Grâce aux concerts, j’ai pu découvrir beaucoup de coins de pays. C’est d’ailleurs en participant à un festival à Rouyn-Noranda l’année avant d’obtenir mon diplôme que j’ai eu l’occasion de séjourner en Abitibi, où je vis aujourd’hui. »

Un autre changement de vie

Après son diplôme, Papa Saliou Tall est demeuré quelque temps à Montréal, retenu par des démarches administratives pour ses papiers. Il en a profité pour honorer ses derniers contrats musicaux. Puis, l’idée de tenter sa chance en région, qui avait commencé à germer l’année précédente, s’est imposée à lui et il a répondu avec succès à une annonce de SNC-Lavalin pour un poste d’ingénieur junior à Val-d’Or. 

« Avant, je pensais préférer la vie urbaine à Montréal, mais la tranquillité et la qualité de vie que j’avais entraperçues en Abitibi m’avaient séduit. J’ai quitté Montréal et mis ma carrière musicale sur pause sans grandes hésitations », déclare-t-il. Aujourd’hui, s’il ne se produit plus sur scène de façon professionnelle, il joue régulièrement avec des collègues. Ils ont même un local de pratique au sous-sol de leur bureau. 

M. Tall a démarré sa carrière d’ingénieur sur des chantiers la première année. Ensuite, il a été affecté à des mandats de conception et de gestion de projet. Il est maintenant chargé de projets en infrastructures municipales. « La quasi-totalité des projets se font en collaboration avec des communautés cries et inuits. Cela a été pour moi, qui ignorais tout de ces communautés, une découverte culturelle très importante », témoigne le diplômé. Il ajoute que la perception que les Montréalais ont parfois des régions, selon laquelle les gens y vivraient dans des milieux très homogènes et repliés sur eux-mêmes, est inexacte. « En quatre ans, je n’ai pas rencontré de fermeture à la diversité, bien au contraire. Je trouve même que les gens sont plus chaleureux ici. »

Son plus gros défi, selon lui, serait plutôt d’ordre culinaire. « À Montréal, je trouvais des restaurants sénégalais. Ici, j’ai dû me mettre à la cuisine, mais je peine parfois à trouver des ingrédients. Par contre, la chance me sourit, car une épicerie africaine s’est ouverte en bas de chez moi! »

L’enracinement de M. Tall se fait sereinement. Il compte maintenant acheter une maison. « Juste le fait d’avoir la nature toute proche et en abondance fait partie de mon bonheur personnel », conclut-il.

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