
Le Magazine de Polytechnique Montréal
L’art de saisir les occasions

Léo Lamy-Laliberté, fondateur de Local Energy.
La fin de l’année 2024 marquera la fin du parcours universitaire de Léo Lamy-Laliberté à Polytechnique Montréal, mais le parcours d’entrepreneur que celui-ci a démarré durant sa maîtrise en génie industriel va, quant à lui, passer à la vitesse supérieure. Sa jeune entreprise de gestion de rejets énergétiques du secteur industriel, qu’il a baptisée Local Energy, connaît en effet des débuts prometteurs. Sa mission est de valoriser les rejets énergétiques des entreprises du secteur industriel en leur permettant d’échanger ou de mutualiser des sources d’énergies propres. Ses solutions sont soutenues par un algorithme que Léo Lamy-Laliberté a développé et qui permet d'échanger de l'énergie sous une forme similaire à celle d'un marché boursier. Grâce à ce modèle, les entreprises participantes peuvent réaliser des économies substantielles tant sur le plan financier que sur le plan énergétique.
De la recherche à l’action
C’est un projet de recherche dans un parc industriel qui a posé le premier jalon de ce projet entrepreneurial. Léo Lamy-Laliberté avait décidé de se spécialiser en développement durable, particulièrement dans le domaine de la transition énergétique, car il avait déjà observé que ce champ d’activité demeurait relativement inexploré. « Nous avons développé un projet de recherche visant à trouver de nouvelles solutions de décarbonation du secteur industriel. L’échange énergétique s’est imposé à nous comme une solution de premier plan », mentionne-t-il. Les résultats de ce projet de recherche ont été tellement encourageants qu’il a décidé de le concrétiser sur le plan commercial.
Local Energy est donc née de ce passage de la recherche à l’action. La formation en génie de Léo Lamy-Laliberté a façonné le type d’entrepreneur que celui-ci incarne. D’abord, d’un point de vue technique, cette formation lui a donné les outils pour analyser, développer et mettre en place les solutions élaborées. « Elle donne les meilleures bases selon moi pour se lancer comme entrepreneur dans le domaine technologique, affirme Léo Lamy-Laliberté. En tant qu’ingénieurs, nous sommes capables de comprendre la problématique client, d’utiliser un éventail de techniques, dont la programmation, pour finalement développer une solution adaptée aux besoins. » En outre, la formation d’ingénieur confère la capacité de sortir des normes et d’innover dans un contexte en évolution constante.
Apporter un changement
Les grandes entreprises industrielles qui produisent les biens essentiels à notre fonctionnement comme société, au Québec comme ailleurs, produisent globalement 30 % des gaz à effet de serre. « C'est énorme, même si ce n'est le fait que d'un petit nombre d'acteurs. Si on est capable de faire en sorte que leur empreinte soit moins lourde sur l'environnement, le résultat sera significatif, soutient Léo Lamy-Laliberté. Ces entreprises font déjà d’importants efforts pour limiter leur impact négatif sur l’environnement. En outre, elles subissent également une très grande pression de la part des gouvernements pour décarboner davantage leurs activités. » Le problème est l’accès à des énergies propres, dans un contexte de sobriété énergétique, pour continuer d’aller de l’avant dans ce modèle de développement durable.
« Au Québec, une aluminerie émet assez de chaleur résiduelle pour alimenter 20 000 maisons! En mettant en commun, en valorisant et en réutilisant ces rejets, la société tout entière en profite et maximise son utilisation des ressources énergétiques disponibles dans une optique d’économie circulaire. Avec notre modèle, les entreprises industrielles peuvent valoriser leurs rejets énergétiques pour diminuer leur consommation d’énergie, mais aussi générer des revenus à long terme. L’envergure industrielle est conséquente. Implémenter un seul projet, au Québec, permettra d’éviter de produire plus de 10 millions de tonnes de CO2 sur 20 ans. L’équivalent du retrait de 2,4 millions de véhicules de nos routes! », ajoute l’entrepreneur.
Aujourd’hui, deux années après sa fondation, Local Energy, qui compte trois employés, a déjà des ententes avec certaines des plus importantes entreprises énergétiques au pays, et d’autres projets d’envergure sont en cours de développement, localement et hors de la province. Local Energy et Léo Lamy-Laliberté : des noms à retenir dans notre quête collective de durabilité et de protection des écosystèmes terrestres.