
Le Magazine de Polytechnique Montréal
La nouvelle ère de la gestion de projets d’ingénierie

Professeur Robert Pellerin, responsable de Chaire de recherche Jarislowsky/AtkinsRéalis en gestion de projets internationaux. (Photo : Caroline Perron)
Quel point commun existe-t-il entre la maintenance de navires et l’élaboration du portefeuille d’événements d’un centre de congrès?
La réponse réside dans les interventions de la Chaire de recherche Jarislowsky/AtkinsRéalis en gestion de projets internationaux. Cette chaire conçoit en effet des approches ainsi que des outils de planification, de contrôle et de suivi spécialement adaptés aux objectifs et à la complexité des projets d’ingénierie, destinés à des organisations dans des domaines divers. Reconnue pour son expertise unique, la chaire, qui entame son quatrième mandat depuis 2010, affiche depuis ses débuts un taux de placement de 100 % de ses étudiants et étudiantes. Son directeur, le Pr Robert Pellerin, du Département de mathématiques et de génie industriel, nous dévoile les éléments de ce succès.
Plans de projets optimisés
« Les outils conventionnels destinés à la gestion de projet disponibles sur le marché prennent difficilement en compte les contraintes spécifiques liées à la complexité des projets d’ingénierie », indique Robert Pellerin. Les modèles développés par la Chaire de recherche Jarislowsky/AtkinsRéalis remédient à ces limitations. « Certes, chaque projet est unique en ce qui concerne ses livrables, mais d’un projet à l’autre, une organisation applique plus ou moins les mêmes façons de faire, explique le Pr Pellerin. Nous exploitons cette similarité pour valoriser les données de projets antérieurs afin de concevoir des outils d’aide à la décision facilitant l’estimation de la charge de travail et la création d’un échéancier optimal. »
Ainsi, la chaire a développé pour maintes organisations des outils de calcul permettant de générer des plans de projets optimisés, minimisant les durées totales d’exécution ou maximisant la probabilité de réaliser les projets dans les délais prescrits. Contrairement à ce que le nom de la chaire laisserait supposer, les entreprises font appel à elle tout aussi bien pour leurs projets au Canada qu’à l’international.
Des interventions qui changent la donne
Le Pr Pellerin mentionne à titre d’exemple une suite de projets pour le grand groupe de hautes technologies Thales. Réalisés par l’équipe de la chaire en collaboration avec des chercheurs de l’Université Laval et de l’Université Dalhousie, ceux-ci concernent la conception d’outils de planification et d’ordonnancement de projets de maintenance et de réfection de navires. « Ce type de projets complexes présente de nombreuses contraintes : incertitudes météo, espace restreint sur les bateaux limitant les ressources, et grand nombre d’intervenants. Notre équipe développe des outils pour évaluer précisément la charge de travail et les besoins en ressources, établir des calendriers pour chaque activité, et assurer le suivi des projets. »
Un autre projet complexe représentatif du savoir-faire de la Chaire Jarislowsky/AtkinsRéalis consiste en l’optimisation du portefeuille d'événements du Palais des congrès de Montréal. « Nos méthodes aident l’équipe du Palais des congrès à choisir la meilleure combinaison d’événements, en tenant compte des contraintes liées à chaque salle, et à les planifier. Ici, il ne s’agit pas seulement de minimiser les coûts et la durée des projets, mais avant tout, de maximiser les retombées pour la ville de Montréal », déclare M. Pellerin.
Meilleure capitalisation des données historiques
Le chercheur observe que les entreprises, aujourd’hui, sont très demandeuses de solutions permettant d’exploiter pour leurs nouveaux projets d’ingénierie les données générées par leurs projets antérieurs. Cette capacité leur assurerait une plus grande efficacité opérationnelle, une minimisation des coûts et des risques, ainsi que des occasions d'innovation et d'amélioration de leurs processus. La chaire vise également à répondre à ce besoin qui n’est actuellement comblé ni par les outils de gestion de projets actuellement commercialisés, ni par les expertises internes ou les consultants spécialisés.
« Nous incluons de plus en plus de modèles d’intelligence artificielle à nos solutions. Des modèles prédictifs, mais aussi des modèles de traitement de langage naturel. Ceux-ci visent à pouvoir exploiter les données issues des messages, des courriels en particulier, échangés entre les parties prenantes dans le cadre des projets passés. Ces informations moins structurées s’avèrent extrêmement riches. »
Formation d’experts de haut vol en réingénierie des processus
Le Pr Pellerin souligne l’avantage pour la chaire de bénéficier du soutien pérenne de la Fondation Jarislowsky. « Nous avons la liberté d'échanger avec les milieux de pratique les nouvelles connaissances que nous développons. Nous pouvons garantir également des bourses à nos étudiants et étudiantes durant tout leur parcours. »
La chaire constitue un milieu très attractif pour ces derniers, dont le tiers provient de l’international, et notamment du réseau des grandes écoles d'ingénieurs françaises. « L'implication d’un partenaire industriel dans chacun de nos projets est un atout important. Tous nos étudiants et étudiantes sont intégrés aux équipes de l’entreprise pour bien comprendre le problème à résoudre. Ils sont impliqués dans les diagnostics et peuvent dans certains cas participer à l’implantation de la solution dans l’entreprise, voire à la formation du personnel. À la fin de leurs études, nos partenaires leur ouvrent tout grand leurs portes. »