
Le Magazine de Polytechnique Montréal
En équilibre entre le Québec et la Tunisie
Grand dossier - Bâtir sa vie en région quand on vient de l'international
Youssef Bouassida, Po 2018, croit au destin. Le sien lui a permis d’avoir, à 28 ans à peine, la responsabilité d’une équipe d’une soixantaine de personnes et de vivre une vie remplie d’action à la frontière du Labrador, de partir en voyage très fréquemment et, surtout, de pouvoir passer ses hivers auprès de ses proches en Tunisie, son pays d’origine.

Youssef Bouassida
Un lancement de carrière sur les chapeaux de roues
Après son baccalauréat en génie civil, alors qu’il séjourne depuis quelques mois en Tunisie, Youssef Bouassida est invité à revenir à Montréal pour passer un entretien chez Wood E&I Solutions, une firme britannique spécialisée dans l’ingénierie d’infrastructures. Quelques jours plus tard, il reçoit la confirmation de son embauche en tant que chargé de projets en hydraulique.
« Au début, je travaillais au bureau de Montréal et j’écoutais avec curiosité les récits de mes collègues de retour des chantiers du Nord, où notre entreprise était responsable des travaux d’ingénierie des ouvrages hydrauliques pour des compagnies minières, relate-t-il. J’ai poussé mon directeur à m’envoyer là-bas moi aussi. En juin 2019, je mettais les pieds pour la première fois sur un chantier minier. »
Le voilà l’été sur les chantiers pour effectuer le contrôle qualité des travaux dont l’entreprise avait réalisé l’ingénierie, et l’hiver, au bureau de Montréal, jusqu’à ce que le télétravail durant la pandémie lui permette de travailler à distance à partir de la Tunisie. De retour au Québec au printemps dernier, il est sur le point d’être promu chef dans le groupe hydrologie chez Wood, mais reçoit au moins une dizaine d’offres d’emploi, tant la demande en main-d’œuvre est élevée dans son domaine. L’une d’elles émane de Dexter Québec, une division de Municipal Group of Companies, entrepreneur en travaux civils dans les mines. L’offre de Dexter Québec est trop belle pour qu’il la refuse : outre un salaire alléchant, il peut avoir un temps de travail concentré uniquement sur une période de mai à décembre. « J’aime le Québec, mais pas le froid. Avec cette organisation du travail, je peux passer mes hivers en Tunisie, près de ma famille et de mes amis de jeunesse », mentionne M. Bouassida.
Un peu nomade mais pas bohème
Basé à Fermont où il est logé par son entreprise, Youssef Bouassida agit à titre de gestionnaire de projets sur les chantiers des mines d’ArcelorMittal et de Minerai de fer Québec. Il travaille en mode fly-in-fly-out, soit trois semaines d’affilée sans répit avant de faire une pause de trois semaines.
« Quand je suis à Fermont, je me consacre à mon travail de 12 à 13 heures par jour, témoigne-t-il. Je profite de mon temps libre pour voyager. C’est un mode de vie particulier, mais je le préfère au travail de bureau traditionnel. J’adore l’ambiance sur les chantiers! Il y a de l’action continue, des machines impressionnantes… ça génère beaucoup d’adrénaline! De plus, les échanges avec les gens sont chaleureux et intéressants. Je n’ai pas connu ce genre de rapports lorsque je vivais à Montréal, où les gens sont plus indifférents. »
Se décrivant comme ambitieux, Youssef Bouassida se réjouit d’avoir obtenu en peu de temps de grandes responsabilités, ce qui ne doit rien au hasard. « Je passe le plus clair de mon temps sur les chantiers, où je suis extrêmement vigilant quant à la sécurité de mon personnel. Et j’apprends tous les jours. Je me surprends quand même d’en être arrivé là aujourd’hui, alors qu’il y a quatre ans à peine, toutes mes connaissances étaient théoriques et je ne connaissais rien aux réalités d’un chantier. »