
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Électronique verte et soutenable

Pre Clara Santato, titulaire de la Chaire UNESCO en électronique verte et soutenable / Photo : Sarah Latulippe
Prendre les devants dans la lutte contre la crise mondiale des déchets électroniques : tel est l’objectif de la nouvelle Chaire UNESCO en électronique verte et soutenable (ÉleVéS, ou GSE pour Green and Sustainable Electronics). Elle fédère à cet effet des expertises canadiennes et internationales dans les domaines du génie, de la chimie, de la santé, mais aussi de l’économie et de l’environnement.
La chaire s’aligne sur les objectifs de développement durable (ODD) de l’UNESCO, en particulier une éducation de qualité (ODD 4), des villes et des communautés durables (ODD 11), une consommation et une production durables (ODD 12), un travail décent et une croissance économique (ODD 8), l’égalité des sexes et l’inclusion (ODD 5). « Notre chaire adopte une approche holistique qui intègre la science et l’innovation technologique, sociale et de l’éducation, afin de transformer la production, la consommation et la gestion des appareils électroniques », explique sa titulaire, la Pre Clara Santato, du Département de génie physique.
ENJEUX DU CYCLE DE VIE DE L’ÉLECTRONIQUE
L’obsolescence programmée et ressentie pousse d’une part à une consommation massive de ressources et à une surcharge des décharges. La majorité des appareils mis au rebut finissent par contaminer les sols, l’eau et l’air, mettant ainsi en danger les écosystèmes. Par exemple, l’équivalent de 54 millions de tonnes de déchets électroniques a été généré en 2019, selon le Global E-waste Statistics Partnership. Seuls 18 % de ces déchets ont été traités dans des installations formelles de gestion ou de recyclage. « Notre dépendance à l’égard des appareils électroniques a des conséquences pour l’environnement et pour les communautés à travers le monde », fait valoir Clara Santato, soulignant que des problèmes apparaissent tout au long du cycle de vie de ces appareils.
L’extraction des matières premières pour les dispositifs électroniques, leur production, leur utilisation et leur élimination sont réalisées dans différentes régions du monde. En fin de vie, une grande partie de ces dispositifs est transportée dans des décharges à ciel ouvert principalement en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud-Est. « Des solutions locales aux e-déchets doivent être "glocales" en nature, commente la Pre Santato, c’est-à-dire à la fois adaptées aux réalités locales et prenant en compte les enjeux globaux liés au problème. »
CRÉER UN ÉCOSYSTÈME D’INNOVATION DURABLE ET INCLUSIF
La Chaire UNESCO ÉleVés vise à promouvoir des solutions innovantes et pragmatiques aux défis que représentent les déchets d’équipements électroniques (e-déchets), en particulier en région subsaharienne. « D’un point de vue technologique, il s’agit de domaines tels que la conversion et le stockage d’énergie, les matériaux issus de la biomasse, les processus miniers urbains, les supercondensateurs issus de piles au lithium usagées, le dépôt de couches minces et les dispositifs semi-conducteurs. Du point de vue sociétal, cela comprend l’optimisation de l’écosystème d’innovation, le capitalisme inclusif et la durabilité post-COVID », indique la Pre Santato.
La démarche prônée par la chaire encouragera donc la création d’opportunités économiques soutenables, l’inclusion des communautés locales dans les processus de recyclage et de gestion des déchets électroniques, et la promotion d’une économie circulaire qui minimise les impacts négatifs sur l’environnement.
AMENER LE CHANGEMENT PARTOUT
La Pre Santato espère que la chaire pourra influencer partout les pratiques des décideurs et des consommateurs, ainsi que la gestion des appareils électroniques durant l’ensemble de leur cycle de vie. « Avec toutes ses expertises, Polytechnique peut d’ailleurs agir comme un leader mondial dans ce domaine », conclut-elle.