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Du génie dans nos poubelles

Grand dossier

Par Catherine Florès
3 juin 2017 - Source : Magazine Poly  | VersionPDFdisponible (Printemps 2017)
Bacs de recyclage et poubelles

L’image de l’île Henderson, dans le Pacifique, recouverte de 38 millions de débris plastiques a récemment fait le tour des médias. Elle nous rappelle tristement que plus de 300 millions de tonnes de plastique produites chaque année dans le monde ne sont pas recyclées et que huit millions d’entre elles sont déversées dans les océans. Or les déchets représentent un gisement de ressources précieuses ! La situation appelle un nouveau mode de gestion de nos matières résiduelles dans une perspective de développement durable et d’économie circulaire. Comment la recherche en génie contribue-t-elle à réaliser cet objectif ?

Enjeux de l’enfouissement au Québec

Les bacs de recyclage, d’ordures ménagères et, tout récemment, de matières organiques, qui s’alignent sagement devant nos maisons les jours de collecte pourraient nous faire croire que, chez nous, la gestion des déchets domestiques est complètement résolue. Une apparence trompeuse, puisqu’au Québec, en moyenne, près de 40 % de déchets recyclables échappent au recyclage et que plus de 700 kilos de déchets par habitant, ni recyclés ni compostés, aboutissent chaque année dans des sites d’enfouissement.

L’enfouissement a été, jusqu’à ce jour, la solution favorisée au Québec. Cachés à notre vue, les déchets posent néanmoins des problèmes : les sites d’enfouissement n’ont pas une capacité illimitée, or certains déchets mettent beaucoup de temps à se décomposer. Cela prend entre 100 et 1000 ans pour les matières plastiques. Les matières organiques présentes dans les déchets enfouis disparaissent plus rapidement, plus rapidement, mais la décomposition de cette matière organique génère des gaz à effet de serre comme le méthane et le CO2. Malgré le fait que les sites d’enfouissement au Québec soient équipés de systèmes de collecte des gaz et des liquides (lixiviat) générés, il existe tout de même des émissions fugitives de ces effluents.

Plus d’une dizaine de millions de tonnes de matières résiduelles sont produites chaque année au Québec. Ces matières recèlent aussi un réel potentiel industriel, notamment en termes de ressources matérielles et de production d’énergie et le gouvernement tient compte de ces enjeux dans ses orientations environnementales. C’est ici qu’entre en scène la recherche en génie, qui vise à développer, en collaboration avec les décideurs publics, des solutions viables permettant une meilleure gestion des matières résiduelles afin d’éviter le gaspillage, les problèmes environnementaux et sanitaires, ainsi que des pertes économiques.

Incinération : solution sous conditions

Pour se débarrasser des ordures ménagères, certaines villes, en particulier en Europe, ont opté pour l’incinération, qui permet de produire de l’énergie et de l’électricité. Tandis qu’au Québec, cette pratique considérée comme polluante pour l’atmosphère voit son usage assez restreint. Cependant, les technologies actuelles permettent de mieux contrôler les émissions nocives des déchets incinérés et d’augmenter les performances des incinérateurs. De plus, dans la plupart des villes occidentales où l’incinération des déchets a été choisie, des politiques de réduction, de recyclage et de compostage de déchets sont appliquées parallèlement à l’incinération.

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