
Le Magazine de Polytechnique Montréal
Déclencheuse de curiosité scientifique
Impact
Vous êtes-vous déjà demandé quelle est la composition de l’air dans les cavités du poivron, pourquoi il y a autant d’air dans les sacs de croustilles, ou pourquoi votre chat ronronne? avec une rigoureuse approche scientifique, de la décontraction et pas mal d’humour, la communicatrice scientifique Viviane Lalande s’emploie à révéler au grand public les clés de ces petits et grands mystères de la vie quotidienne sur sa chaîne Youtube Scilabus.

Une vocation découverte au Québec
Française d’origine, Viviane Lalande est venue poursuivre ses études au Québec en 2010 après l’obtention d’un baccalauréat en génie mécanique et conception de l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard. Elle ignorait alors qu’elle allait à la rencontre d’une vocation.
« M’étant inscrite à la maîtrise en génie biomédical à Polytechnique, j’ai découvert la place importante de la vulgarisation scientifique dans l’univers de la recherche québécois, et dans la culture québécoise tout court, d’ailleurs. J’ai pu constater que l’intérêt du public pour les sciences est beaucoup plus nourri au Québec qu’en France. Au début de ma maîtrise, j’ai participé à de nombreux concours d’affiches et présentations. Je me suis prise au jeu. J’ai d’abord créé un blogue de vulgarisation, puis, en 2013, j’ai lancé ma chaîne Scilabus sur YouTube, où les contenus francophones grand public consacrés aux sciences dures étaient encore rares », rapporte-t-elle.
Conférencière, animatrice, chroniqueuse radio… Viviane Lalande s’est exercée avec brio aux diverses formes de son art tout au long de sa maîtrise, puis de son doctorat en génie mécanique spécialisé en biomécanique, effectué lui aussi à Polytechnique. Toutes ces expériences lui ont confirmé sa vocation. « Je me consacre à temps plein à la communication scientifique depuis la fin de mon doctorat. J’enseigne également cette matière à Polytechnique dans le cadre d’ateliers au doctorat. »
De la science sans carcan
Scilabus, qui compte aujourd’hui plus de 234 000 abonnés, est considérée comme une des meilleures chaînes francophones de vulgarisation des sciences dures. Teintées de la personnalité joyeuse de leur autrice, qui n’hésite pas à s’y mettre en scène, ses vidéos proposent des questionnements inattendus sur des phénomènes observables dans la vie quotidienne. « Je souhaite allumer la curiosité scientifique du public, lui montrer la complexité cachée des choses qu’on tient pour banales. »
Si le ton est distrayant et évite le jargon, le contenu est extrêmement clair et rigoureux. « Produire une vidéo me demande beaucoup de travail. Je dois trouver le sujet, mais aussi le bon angle qui va capter l’attention de mon public. Recherche, écriture, tournage et montage : je fais tout, seule. Je consacre en moyenne une cinquantaine d’heures à une vidéo, et souvent beaucoup plus. »
Possède-t-elle un secret pour choisir un sujet qui va « cartonner »? « Non, c’est imprévisible. Songez qu’à ce jour, ma vidéo qui a récolté le plus de vues est consacrée aux difficultés de tenir la position du squat asiatique », s’amuse-t-elle.
L’écueil principal en vulgarisation scientifique, selon elle, c’est la tentation de trop en dire. « Les scientifiques adoptent souvent une approche encyclopédique mal adaptée aux médias actuels de plus en plus friands de contenus brefs et sans nuances. Actuellement, des plateformes émergentes proposent des formats vidéos de 60 secondes. Cela ne laisse guère la possibilité de traiter les sujets en profondeur ! Pourtant, ne les boudons pas : elles permettent de rejoindre un plus large public, habituellement peu exposé à la science. Je crois qu’il est important de s’adapter si on veut contribuer à contrer la propagation des fausses sciences dans l’espace médiatique. »